La Russie et les Etats-Unis ont coopéré sur la question des armes chimiques en Syrie. Pour l’ex-président israélien Shimon Peres, aujourd’hui, ils pourraient négocier pour résoudre le conflit syrien dans son ensemble.
RT : Vous avez reçu le prix Nobel de la paix pour vos efforts en vue d’un règlement des conflits au Moyen-Orient. Aujourd'hui, les pourparlers de paix entre Israël et les Palestiniens sont dans l'impasse. Tous ces efforts ont-ils été inutiles ?
Shimon Peres (Sh. P.): Non. Nous avons pu réaliser deux choses qui demeurent inchangées. Il s’agit, d'une part, de la paix avec l'Egypte – le plus grand Etat arabe. Et, d'autre part, de la paix avec la Jordanie, notre voisin le plus proche. Vous pouvez imaginer à quoi ressemblerait aujourd'hui le Moyen-Orient, si nous ne l'avions pas fait ? La paix atteinte grâce à nous est toujours en vigueur. Nous avons essayé de conclure la paix avec les Palestiniens aussi. Nous ne pouvions pas faire aboutir le processus car il n'y avait pas d'unité parmi eux. Par conséquent, la paix n'a pas été conclue. En fin de compte, Abou Mazen [le président palestinien Mahmoud Abbas] représente un gouvernement qui est à la recherche d’un règlement pacifique.
Même si vous n’arrivez pas à établir la paix immédiatement, la tentative d'y parvenir fait déjà partie de la paix
RT : Beaucoup de gens craignent que la paix avec l'actuel Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu soit impossible. Etes-vous d'accord ?
Sh. P. : Non. Je ne crois pas qu'une seule personne soit en mesure d'empêcher que la paix soit établie. Mais je ne suis pas sûr qu’elle puisse être établie grâce aux efforts d'une seule personne. En outre, Netanyahu reste sur la position «deux Etats pour deux peuples». Il affirme qu'il veut parvenir à un règlement pacifique. Peut-être n’emploie-t-il pas la bonne méthode. Beaucoup de gens pensent ainsi. Mais cela ne signifie pas que vous devez cesser d'essayer de parvenir à un règlement pacifique. Même si vous n’arrivez pas à établir la paix immédiatement, la tentative d'y parvenir fait déjà partie de la paix. La perfection est inaccesible. Mais la tentative d'y parvenir fait partie de la perfection.
Nous devons nous éloigner de la politique et opter pour une combinaison de science et de morale
RT : Vous avez discuté avec le président Poutine à plusieurs reprises. Selon vous, Vladimir Poutine et Barack Obama peuvent-ils coopérer, en particulier concernant la Syrie ?
Sh.P.: Oui. Ils ont déjà coopéré dans le cadre de la question des armes chimiques en Syrie. Et je pense que, maintenant, ils négocient la manière de régler le conflit syrien dans son ensemble. Malgré les diverses attaques et accusations de lâcheté et d'indécision, les Etats-Unis et la Russie ne seront pas en mesure de résoudre leurs propres problèmes sans se réconcilier l’un avec l’autre. La situation actuelle en Russie coûte très cher au pays, et, aux Etats-Unis, tout n’est pas parfait non plus – comme nous montre l’exemple de la campagne électorale américaine. En fait, ce n'est pas une élection mais une protestation. La protestation contre cette approche qui consiste à tout considérer de façon politisée. Nous devons nous éloigner de la politique et opter pour une combinaison de science et de morale.
Voir l'interview intégrale avec Shimon Peres (en anglais)
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