John Kerry à la Russie : La patience des Etats-Unis sur la Syrie est «très limitée»
Après que Washington a demandé à Moscou de ne pas bombarder l'organisation terroriste Front al-Nosra en Syrie, par peur de toucher les rebelles «modérés», le secrétaire d’Etat américain s’est adressé sur un ton menaçant à la Russie.
En visite à Oslo, où il rencontrait son homologue iranien Mohammad Javad Zarif, le chef de la diplomatie américaine a indiqué qu’il était «crucial d'instaurer une vraie trêve» en Syrie, où «la cessation des hostilités est fragile et menacée».
Kerry and Iran's Zarif discuss ways to renew Syrian truce, deliver aid https://t.co/qtl17hOeHVpic.twitter.com/MKvalEfj0h
— Reuters Top News (@Reuters) 15 juin 2016
«La Russie doit comprendre que notre patience n'est pas infinie. En fait, elle est même très limitée quant au fait de savoir si Assad va ou non être mis devant ses responsabilités», a ainsi mis en garde John Kerry, assurant que les États-Unis sont «prêts à demander des comptes aux (groupes armés) membres de l'opposition (...) qui continuent les combats en violation du cessez-le-feu».
Si Russes et Américains sont tous deux engagés dans des négociations de paix, la principale pomme de discorde reste le statut du président syrien Bachar el-Assad, sur qui Moscou s’appuie pour combattre Daesh sur le terrain, alors que les Etats-Unis, qui le considèrent comme illégitime, n’ont de cesse de réclamer son départ.
Par ailleurs, divers groupes d’opposition à l'idéologie djihadiste, comme Ahrar Al-Sham et Jaysh al-Islam, continuent d’être qualifiés de «modérés» par les Etats-Unis, alors que la Russie veut les exclure des négociations de paix.
Début juin, le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov avait rapporté que Washington avait demandé à Moscou de ne pas viser les membres du Front al-Nosra, branche syrienne d’Al-Qaïda, «parce qu’il y a une opposition "normale" à côté».
Cette demande faisait suite à la proposition de Moscou, fin mai, de former une coalition avec les Etats-Unis pour frapper les groupes terroristes, comme Daesh ou le Front al-Nosra, qui ne respectent pas le cessez-le-feu. Le ministre russe de la Défense Sergueï Choïgou avait à cet égard insisté sur l’importance pour les rebelles considérés par Washington comme «modérés» d’évacuer les zones contrôlées par les organisations djihadistes pour permettre le bombardement.
Malgré son entrée en vigueur le 27 février 2016, le cessez-le-feu négocié entre les Etats-Unis et la Russie peine à être respecté en Syrie, où les combats se poursuivent. En effet, des attaques terroristes visant les forces gouvernementales et des groupes rebelles observant la trêve surviennent régulièrement, provoquant parfois de violentes ripostes.