La Cour constitutionnelle autrichienne ayant annulé les résultats de l'élection présidentielle, le Parti de la liberté (FPÖ) a une deuxième chance d'accéder au pouvoir. Le leader du parti, Norbert Hofer, partage sa vision avec RT.
RT : Quelle a été votre réaction quand vous avez appris les résultats du référendum au Royaume-Uni ?
Norbert Hofer (N. H.) : J’étais certainement préoccupé par l’avenir de l’UE. J’ai beaucoup de respect envers la décision des Britanniques, les décisions démocratiques doivent être reconnues. Mais l’UE ferait bien d’en tirer une leçon : il nous faut créer l’Europe pour le peuple et pas l’Europe pour les bureaucrates. Cela veut dire qu’il nous faut de meilleurs traités, une meilleure répartition des pouvoirs entre l’UE d’un côté et les Etats-membres de l’autre, il est nécessaire de faire de sorte que les citoyens participent à ces projets importants.
Je suis convaincu que les Autrichiens n’accepteront pas l’adhésion de la Turquie à l’UE
RT : Croyez-vous que l’Autriche devrait tenir son propre référendum et si oui, pourquoi ?
N. H. : Non, si l’UE prend le bon chemin, la nécessité du référendum en Autriche ne s’imposera pas. Je suis optimiste et je crois que les gens sont capables d’apprendre, que les structures politiques peuvent se développer et que l’Autriche contribuera largement à ce que l’Europe soit meilleure. Pourtant, il y a une exception : si l’UE décide d’accepter l’entrée de la Turquie ou s’il y a plus de centralisation qui priverait les Etats-membres de pouvoir, il faudra demander aux Autrichiens s’ils le veulent vraiment.
RT : Quelle est la chance que l’Autriche tienne un tel vote en fin de compte et quel choix pourrait-elle faire ?
N. H. : Je souligne encore une fois : j’espère que le vote en Autriche ne sera pas nécessaire puisque l’Union européenne connaîtra une évolution positive. Je suis seulement convaincu que les Autrichiens n’accepteront pas l’adhésion de la Turquie à l’UE et qu’ils ne toléreront pas de voir l’Autriche privée de pouvoir au profit de l’administration centrale à Bruxelles. C’est pourquoi la première chose à faire, c’est de prêter une attention extrême à la communication avec les gens.
RT : Etes-vous d’accord avec ceux qui disent que le Brexit aura un effet domino sur le reste de l’Europe ? Jusqu’où cela peut aller ?
N. H. : Cela aura lieu, notamment «l’effet domino», si l’UE n’apprend rien du vote des Britanniques. Si l’Union prend le bon chemin en devenant une vraie union, subsidiaire, qui réfléchit à la répartition des pouvoirs entre l’UE et les Etats-membres, il n’aura pas lieu. Maintenant tout dépend du chemin que choisira l’Union dans l’avenir.
Il est assez étrange que celui qui arrive dans le pays obtient tout de suite les mêmes droits que celui qui y a travaillé pendant toute sa vie
RT : Le projet européen original promettait énormément d’avantages pour ses membres, y compris la liberté de circulation, la coopération, des frontières ouvertes. Pourquoi tout cela est-il en crise maintenant ?
N. H. : J’ai l’impression que la décision des Britanniques a été largement influencée par la question migratoire, puisque les Etats-membres ne peuvent plus décider par eux-mêmes qui résidera dans quel pays et qui touchera l’assistance sociale ou pas. Ces questions-là exigent des réponses. Il est assez étrange parfois (y compris pour ceux qui reçoivent une retraite modeste) que celui qui arrive dans le pays obtienne tout de suite les mêmes droits que celui qui y a travaillé pendant toute sa vie. A mon avis, c’est seulement après avoir travaillé pendant un certain temps que l’immigré devrait pouvoir accéder à la sécurité sociale.
RT : Votre parti devient de plus en plus fort, pourquoi à votre avis le nombre croissant des gens choisissent de vous soutenir ?
N. H. : C’est peut-être grâce au fait que nous avons fait beaucoup d’efforts pour développer nos idées. Notre programme politique est censé résoudre les problèmes de l’époque. Nous avons également des personnalités fortes, ce qui nous donne une grande chance de remporter la prochaine élection présidentielle.
RT : Les partis populistes à travers l’Europe obtiennent également un soutien grandissant. Comment cette tendance changera le paysage politique en Europe ? Pourquoi les partis populistes gagnent du terrain ?
N. H. : Je ne qualifierais pas le FPÖ de parti populiste, nous sommes plutôt un parti populaire. La différence, c’est que les partis populistes ne font qu’écouter la population et former leur propre opinion d’après cela. Nous venons justement d’élaborer des idées politiques très fortes et essayons de présenter à la population la vraie valeur de ces idées.
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