Les européistes diabolisent les euroscéptiques et misent sur la peur en prédisant l'apocalypse en cas de Brexit, une tactique que l'on retrouve chez les totalitaires, selon rédacteur en chef de Valeurs actuelles, Laurent Dandrieu.
RT France : Pourquoi le camp du «Remain» a-t-il décidé de jouer sur les peurs des Britanniques pour les persuader de rester dans l’Union ?
L’électorat français a été soumis au même chantage à l’apocalypse
Laurent Dandrieu (L. D.) : C’est un classique qu’on retrouve à chaque référendum sur la construction européenne : l’électorat français a été soumis au même chantage à l’apocalypse au moment du référendum sur le traité de Maastricht, en 1992, ou sur la constitution européenne, en 2005. C’est dans la logique de l’Union européenne, qui est un totalitarisme de type orwellien, une religion séculière convaincue de s’identifier avec l’avenir de l’humanité et qui ne supporte pas les hérétiques et les dissidents.
Comme tous les totalitaires, les bureaucrates européens veulent convaincre les peuples qui leurs sont soumis qu’il n’y a pas d’alternative possible
Comme dans Orwell, l’UE pratique l’inversion du discours en reprochant à ses adversaires précisément ce qu’elle pratique : les partisans du Brexit, qui veulent reprendre le contrôle de leur destin, sont accusés d’attiser la peur, alors que ce sont les bureaucrates de l’UE qui ne cessent de prédire le déluge si le Brexit l’emporte. La une de ce matin du Daily Mirror, quotidien qui soutient le Remain, est significative, comparant le Brexit à un gigantesque trou noir, avec ce titre : «Ne faites pas un saut dans l’obscurité…».
Comme tous les totalitaires, les bureaucrates européens veulent convaincre les peuples qui leurs sont soumis qu’il n’y a pas d’alternative possible et que la poursuite de l’intégration européenne à marche forcée est le seul avenir. S’il n’y pas d’autre avenir possible, il faut forcément que les opposants à l’UE soient des fous et des forcenés, et que ce qu’ils présentent comme une alternative conduise obligatoirement à la barbarie et au chaos.
Si vous choisissez le Brexit, vous aurez la peste, le choléra et des invasions de sauterelles
Dans le contexte particulier de la campagne électorale du Brexit, l’opinion britannique est apparue fortement tentée par un retour à la souveraineté nationale : or les européistes ne pouvaient rien rétorquer sur ce plan-là, puisque leur projet est précisément d’aller vers davantage d’abandon de souveraineté. Il leur fallait donc se situer sur le terrain de la réussite économique et matérielle, où le bilan de l’UE n’est pas très probant. La seule solution restante est donc d’agiter la menace du chaos, sur le thème : vous n’êtes peut-être pas satisfaits de la situation actuelle, mais si vous choisissez le Brexit, vous aurez la peste, le choléra et des invasions de sauterelles.
Les eurocrates martèlent depuis des années l’idée que s’opposer à la construction européenne est un délire, qui ne peut être soutenu que par des marginaux, des extrémistes et des fous
RT France : Dans les médias, les partisans du Brexit sont souvent décrits comme des gens d’extrême droite. Y a-t-il une raison à cela ?
L. D. : C’est un processus classique de diabolisation de l’adversaire, qu’on voit appliquer en France depuis 40 ans à tous ceux qui s’écartent de la pensée officielle. Si la poursuite de l’Union européenne est le seul avenir possible, si son rejet ne peut conduire qu’au chaos, comme le prétendent les européistes, alors ceux qui prônent une alternative ne peuvent être que des fous, des extrémistes, des fauteurs de haine…
Cela ne peut que donner des idées à d’autres pays européens pour obtenir de l’UE des concessions
RT France : Le référendum sur le Brexit peut-il provoquer d’autres référendums au sein de l’Union ?
L. D. : Les eurocrates martèlent depuis des années l’idée que s’opposer à la construction européenne est un délire, qui ne peut être soutenu que par des marginaux, des extrémistes et des fous. La campagne du Brexit leur apporte un cinglant démenti, dans la mesure où l’on aura vu, quel que soit le résultat, la moitié non pas d’un petit pays marginal, mais d’une grande nation européenne, s’enflammer à la perspective de quitter l’UE. Et que cette perspective aura été soutenue, non pas seulement par des extrémistes ou des populistes, mais par une moitié de ce que tout le pays compte d’élites, y compris la deuxième grande figure du parti de gouvernement, mais aussi nombre d’intellectuels et de figures du monde du spectacle. Cela ne peut que donner des idées à d’autres pays européens et à d’autres leaders eurosceptiques, soit pour organiser leur propre référendum, soit pour obtenir de l’UE des concessions pour leur pays en menaçant de la quitter. Cela étant dit, il est évident qu’une telle contagion serait considérablement renforcée par une victoire du Brexit, et amoindrie par sa défaite.
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