«Le principe même de l’Union européenne est d’éliminer la démocratie»

«Le principe même de l’Union européenne est d’éliminer la démocratie»© Yves Herman Source: Reuters
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Si les Britanniques souhaitent sortir de l’UE, différentes manœuvres pourraient être organisées par les classes dirigeantes, pour remettre en cause le choix du peuple, selon le candidat à la présidentielle française Jacques Nikonoff.

RT France : Pourquoi votre parti PARDEM (Parti de la démondialisation) milite-t-il pour le Brexit ?

Jacques Nikonoff (J. N.) : Parce que nous sommes pour le démantèlement de l’Union européenne d’un point de vue général et donc pour que tous les pays qui font partie de l’Union européenne la quittent, pour deux raisons. La première c’est que l’Union européenne est un système politique de Guerre froide qui a pour objectif l’élimination de la démocratie dans les pays de l’Union européenne. Le système de l’Union européenne dans sa nature même vise à interdire la souveraineté des pays qui en font partie dans le but d’obliger les politiques économiques néolibérales. D’ailleurs les traités européens sont tous conçus selon les principes du néolibéralisme. Autrement dit, les peuples qui voudraient mener des politiques différentes ne le peuvent pas. Et donc il faut sortir de ce système, le démanteler. C’est la première raison. La deuxième raison c’est que pour construire une Europe de la paix, une Europe de coopération des peuples, il faut commencer par démanteler l’Union européenne. C’est la condition pour bâtir un tout autre système fondé sur la souveraineté, le respect des peuples, la liberté, l’indépendance des nations. C’est la condition pour progresser vers un monde de paix et de coopération.

L’Union européenne est un système fait pour préserver les intérêts des plus riches de la société

RT France : Quelles chances, d’après vous, ont les militants du Brexit d'arriver à leurs fins lors de ce référendum ?

J. N. : En Grande-Bretagne les sondages donnent pour l’instant un résultat très serré. Tout ce que l’on peut dire c’est que le peuple au Royaume-Uni est très majoritairement favorable à la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne et les classes dirigeantes, la City, les financiers, les dirigeants de grands multinationales anglaises sont pour rester dans l’Union européenne. Evidemment, puisque le système de l’Union européenne est un système qui est fait pour préserver les intérêts des plus riches de la société.

RT France : Pensez-vous que les autorités britanniques vont prendre en considération le vote du référendum ? Il y a eu déjà des précédents lors du vote sur le traité de Lisbonne où le vote des populations avaient été négligé.

J. N. : Oui, vous avez parfaitement raison. Je le disais : le principe même de l’Union européenne c’est d’éliminer la démocratie. Et vous avez cité en effet plusieurs cas, le cas de la France en particulier. En 2005, les Français très majoritairement avaient voté contre la Constitution européenne, et en 2008 il y a eu un coup d’Etat parlementaire dont personne ne parle en France, parce que les parlementaires ont adopté le traité de Lisbonne, qui n’est qu’un résumé de la Constitution européenne. Donc en Grande-Bretagne il est à craindre que si les Britanniques souhaitent sortir de l’Union européenne, différentes manœuvres soient organisées par les classes dirigeantes, pour d'une façon ou d'une autre remettre en cause le choix du peuple.

La sortie éventuelle du Royaume-Uni ne sera qu’un élément de plus dans une déliquescence de l’Union européenne qui est en cours et qui ne peut que s’aggraver

RT France : En cas de Brexit, pensez-vous que l’Europe va tenir ou ça va être le début de la fin ?

J. N. : Nous sommes déjà au début de la fin. Ce système de l’Union européenne est en train de craquer de tous les côtés. La sortie éventuelle du Royaume-Uni ne sera qu’un élément de plus dans une déliquescence de l’Union européenne qui est en cours et qui ne peut que s’aggraver.

RT France : En France, il y a aussi le Front national qui soutient l’idée du Franxit – que la France sorte de l’UE. L’idéologie du PARDEM serait-elle proche de celle du Front National à ce sujet ?

J. N. : Non. D’abord le Front national n’est pas le seul, il y a quelques partis, dont le PARDEM, qui parlent de la sortie de la France de l’Union européenne, mais moi je ne crois pas à la volonté du Front national de sortir de l’Union européenne. C’est un comportement électoraliste qui consiste à appeler à sortir de l’Union européenne, en ajoutant que cette sortie doit être groupée.

Il n’y a pas aujourd’hui de pays qui souhaite sortir de l’Union européenne

Evidemment, les gens ne font peut-être pas attention à tous les mots qui sont utilisés et ils ne retiennent que «sortie de l’Union européenne». Mais quand Marine Le Pen ajoute qu’il faut une sortie groupée, pour elle, la France ne peut pas sortir toute seule de l’Union européenne, elle doit sortir avec d’autres pays. Or, c’est absolument impossible parce qu’il n’y a pas aujourd’hui de pays qui souhaite sortir de l’Union européenne, aucun gouvernement ne le souhaite. Aucune force politique dans les pays membres de l’Union européenne présentant une certaine importance n’est prête à sortir de l’Union européenne. Cela veut dire dans la réalité que quand il n’y a pas plusieurs pays d’accord pour sortir avec la France, le Front national ne veut pas sortir de l’Union européenne.

Le Pen et Mélenchon en réalité ne veulent pas rompre avec l’ordre néo-libéral mondial

RT France : Pensez-vous qu’à un an des élections présidentielles en France votre parti a le temps de s’imposer dans les sondages et votre candidature la possibilité d'obtenir un soutien populaire ?

J. N. : Le soutien populaire existe déjà potentiellement, parce qu’on peut dire que nos idées sont majoritaires dans la société française. La moitié des électeurs qui s’abstiennent aux élections, des millions d’autres qui votent blanc ou nul ont ce comportement électoral, ce retrait électoral, précisément parce qu’ils remettent en cause la direction du pays par la gauche et la droite ces 30 dernières années, même plus que cela. Il y a donc une majorité des citoyens qui sont favorables à ces idées de contestation de la mondialisation néo-libérale, de contestation de l’Union Européenne, de l’euro, des politiques menées depuis plusieurs décennies. La question c’est évidemment de créer les conditions pour que se rencontre cette population et le Parti de la démondialisation, dont le but est précisément de rassembler ces citoyens. C’est l’enjeu de la bataille qui a commencé pour l’élection présidentielle et les élections législatives.

Le Parti socialiste et la droite sont les mêmes, ont les mêmes politiques

Bien entendu, tout va reposer sur les médias audiovisuels, surtout la télévision et un peu la radio. Si nous arrivons à passer à la télévision, dans des émissions, sur une grande chaîne après-demain, les choses vont se développer. Moi, je me positionne comme un candidat contre le système, hors système, pour balayer le Parti socialiste et la droite qui sont les mêmes, qui ont les mêmes politiques, mais également comme un candidat anti-Le Pen et anti-Mélenchon, parce que les deux candidats qui se présentent comme des alternatives  aux socialistes et à la droite classique, Le Pen et Mélenchon, en réalité ne veulent pas rompre avec l’ordre néo-libéral mondial. Tel est l’enjeu de ces élections : ou on sort de l’ordre néo-libéral mondial, ou on reste englué dans ce système, dans l’OTAN, dans l’Union européenne, dans le Fond Monétaire International, dans l’Organisation Mondiale de Commerce. Il faut sortir de toutes ces institutions qui organisent le blocage démocratique et la dépression économique et sociale.

RT France : Pensez-vous que la population soit prête à accepter des idées aussi révolutionnaires ?

J. N. : Non, pas majoritairement. Il y a une majorité de ceux qui contestent le système, qui veulent en sortir, mais qui ne sont pas encore prêts à aller jusque-là. L’intérêt de cette campagne électorale c’est précisément de mener le débat pour faire évaluer la conscience d’électeurs. On verra jusqu’où iront les choses.

Lire aussi :Effet domino : en cas de Brexit, d’autres pays européens pourraient suivre

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