Six députés écologistes ont décidé de rejoindre le Parti Socialiste. Un groupe, à l'Assemblée nationale, doit compter 15 députés. Il ne sont plus que neuf après ces départs. Daniel Boy, directeur de recherche à SciencesPo, décrypte cette crise.
RT France : Comment expliquez vous la disparition du groupe écologiste à l’Assemblée nationale ?
Daniel Boy (D.B.) : Cela s’explique par un désaccord de fond sur un problème majeur qui est la stratégie politique à adopter. Il y a avait une tradition, depuis la gauche plurielle et la période Jospin, de privilégier une alliance avec le parti socialiste, ce qui permettait d’obtenir des sièges, et d’avoir un contrat de gouvernement. C’est cela qui est remis en question aujourd’hui. Le désaccord est trop fort entre ceux qui sont partisans de cette alliance - et qui rejoignent le PS aujourd'hui - et ceux qui sont partisans d’une alliance avec ce qu’on appelle la gauche de la gauche.
L’affaire Baupin a rendu les choses encore plus compliquées
Il est certain que l’affaire Baupin a rendu les choses encore plus compliquées, car c’est très délicat, émotionnelle. Cela n’arrange rien dans un moment où les écologistes ont des difficultés d’ordre politique, idéologique.
RT France : Quel avenir pour le parti écologiste selon vous ?
D.B. : Une nouvelle majorité devra se dessiner au congrès qui aura lieu bientôt. Cette majorité devrait intégrer l’idée d’une alliance avec la gauche de la gauche. D'ailleurs, Cécile Duflot se trouvera tout à fait à l’aise avec ce type de majorité.
Il y a, dans la société française, des électeurs qui ont l’envie de résoudre les problèmes écologistes avec un parti
L'existence d'un parti ou d'un mouvement écologiste me paraît quelque chose de durable, car il y a un enjeu monumental que les partis dits traditionnels s’obstinent à ne pas prendre véritablement en compte. Ces enjeux écologiques sont en réalité délaissés. L'électoral écologiste est variable selon le type d’élection, de 2% pour les présidentielles à 8-10% aux élections locales ou européennes. L'outil pour faire fonctionner tout cela peut être variable, et pour le moment il a un gros problème d’identité.
La pérennité d’un mouvement écologiste s'explique d'une part car les vrais enjeux écologiques ne sont pas pris en compte par les autres, et d'autre part parce qu'il y a dans la société française des électeurs qui ont l’envie de résoudre les problèmes écologistes avec un parti.
RT France : L'écologie peut-elle réellement être d'une couleur politique ?
D.B. : L’écologie politique commence en 1974, avec la candidature de René Dumont. Au moment des élections, et notamment des élections locales ou européennes, beaucoup de partis dits traditionnels font un peu leur programme autour de l’écologie et du développement durable mais cela n’aboutit pas. Tant que les grands partis ne prendront pas en compte les enjeux écologiques il y aura un créneau pour une écologie politique.
Certes cette écologie politique a du mal à émerger dans un système politique français compliqué. Le système majoritaire à deux tours oblige à avoir des alliés politiques, et là est toute la difficulté rencontrée aujourd’hui par les Verts. Pendant très longtemps l’écologie française n’a été ni à gauche, ni à droite, du temps d’Antoine Waechter dans les années 80-90. L’idée était : aucune alliance possible, et cela n’a pas n’ont plus menée à la réussite.
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