Alors que des petits pays comme l’Autriche croulent sous l’arrivée en masse des réfugiés, l’Europe souhaite une politique migratoire plus stricte, explique Laszlo Maracz, professeur auxiliaire à l’Université d’Amsterdam dans une interview à RT.
La tension monte au col du Brenner, entre l’Autriche et l’Italie. L’Autriche a annoncé qu’elle posait des barrières sur l’une de ses routes, parmi les plus empruntées entre les deux pays, pour anticiper une vague de migrants. L’Italie et l’Allemagne se sont prononcées contre le projet autrichien.
RT : Pensez-vous que d’autres pays vont construire des murs le long de leurs frontières ?
Laszlo Maracz (L.M.) : Un certain nombre de pays ont déjà rétabli le contrôle à leurs frontières. Je pense que cette mesure peut être renforcée. Mais le plus important est la protection des frontières externes de l’Europe. Après l’échec de la Grèce, on observe maintenant l’échec de l’Italie. L’Italie est visiblement le maillon faible de la chaîne. Par conséquent je pense que l’Italie devrait quitter Schengen car elle n’est pas prête ou pas capable de protéger ses frontières.
Certains pays ont profité de ce trafic humain –des pays comme la Grèce, la Turquie – en recevant des sommes astronomiques de Berlin et de Bruxelles
RT : Schengen est une zone dans laquelle les gens sont libres de circuler sans être contrôlés aux frontières des Etats membres. Cela fait longtemps que cette zone est en place. Pourquoi d’après vous ne s’est-on pas préparé à une telle crise ?
L.M. : Je ne sais pas. Certains pays ont profité de ce trafic humain –des pays comme la Grèce, la Turquie – en recevant des sommes astronomiques de Berlin et de Bruxelles. L’Italie en a elle aussi profité cette année. En fermant le col du Brenner, ils pourraient y perdre et les réfugiés pourraient être bloqués en Italie.
RT : Ce n’est pas comme si ces pays attiraient ces gens qui arrivent en Europe. L’Italie, la Grèce et un certain nombre d’autres pays ont souffert de l’arrivée des migrants, ils ont du se débrouiller tout seuls jusqu’à aujourd’hui.
L.M. : Ils auraient bien sûr pu demander de l’aide, mais ils n’étaient pas prêts à le faire. Les gardes-frontières italiens ont plus un rôle d’équipe de sauvetage, ce qui est compréhensible vu les tragédies qui ont lieu dans la mer Méditerranée. Mais d’un autre côté, leur devoir est de protéger les frontières de l’Europe. Par conséquent, si certains pays ne veulent ou ne peuvent pas remplir leur devoir, il faut alors se demander si l’Europe doit intervenir ou si d’autres pays comme l’Autriche ont le droit par exemple de fermer le col du Brenner et d’ériger un mur au cœur de l’Europe.
On veut des actions concrètes, on veut une politique plus stricte, on veut que nos dirigeants montrent qu’ils contrôlent la situation
RT : Ils sont plutôt coincés maintenant: l’Autriche ferme sa frontière, ce que Bruxelles et les autres pays européens ne peuvent pas approuver sinon cela créerait un précédent et d’autres pays suivraient.
L.M. : Je ne pense pas que l’Autriche soit sans soutien. Le groupe Visegrad forme un bloc très important et décidé à protéger ses frontières. La coopération des pays du groupe Visegrad – la Hongrie, la Pologne, la République Tchèque, la Slovaquie et l’Autriche – a permis la fermeture de la route des Balkans. Par conséquent, je pense que si l’Autriche a besoin de soutien, les pays du groupe Visegrad ne la laisseront pas tomber car l’Autriche les a soutenus pour la fermeture de la route des Balkans.
Si certains pays ont besoin de main d’œuvre, comme l’Allemagne n’a pas arrêté de le clamer, qu’ils aillent dans les camps de réfugiés et qu’ils emmènent ces gens avec Lufthansa !
RT : Où cela va-t-il mener l’Europe ?
L.M. : Je pense que les Européens veulent une politique plus stricte, parce qu’il est évident que des petits pays comme l’Autriche et les Pays-Bas n’ont pas la capacité de recevoir un nombre illimité de réfugiés ou de migrants. C’est impossible. On demande une politique moins contraignante et plus de restrictions. Si certains pays ont besoin de main d’œuvre, comme l’Allemagne n’a pas arrêté de le clamer, qu’ils aillent dans les camps de réfugiés et qu’ils emmènent ces gens avec Lufthansa !
Laisser ce flux de migrants illégaux se balader en Europe et générer beaucoup d’insécurité n’est pas la solution. Les dirigeants à Bruxelles parlent de la valeur symbolique du col du Brenner, de la valeur symbolique de Schengen, mais on en a un peu marre des symboles, on veut des actions concrètes, on veut une politique plus stricte, on veut que nos dirigeants montrent qu’ils contrôlent la situation.
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