Un groupe d'ambassadeurs de l'UNESCO a fait le déplacement à Palmyre à l'occasion d'un concert donné ce 5 mai dans la cité libérée. Découvrez leurs témoignages suivi de celui de Mikhaïl Piotrovski, directeur du musée l'Ermitage.
Le concert «Priez pour Palmyre» dirigé par le célèbre chef d’orchestre Valeri Guerguiev avait pour but de lever des fonds pour la restauration du site de Palmyre, inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO et de rendre hommage aux victimes de la guerre syrienne. La Chaconne de Johann Sebastian Bach, le Quadrille de Rodion Chtchedrine et la Symphonie classique de Sergueï Prokofiev – tel a été le programme du concert dans l’amphithéâtre de la cité antique, auquel ont assisté des représentants d’ONG internationales, des militaires et des civils.
Eleonora Mitrofanova, ambassadrice, déléguée permanente de la Fédération de Russie auprès de l’UNESCO :
«Palmyre, c’est un symbole très fort du patrimoine culturel – c’est la perle qui couronne tout l’ensemble du patrimoine culturel syrien.
C’est pour cette raison que Palmyre a une signification particulière.
Il est actuellement très compliqué d’évaluer les dégâts qui ont été causés. Cela va se faire un peu plus tard par un groupe de spécialistes. Une première mission technique a été menée du 25 au 26 avril, mais c’était un tout petit groupe qui avait pour unique but d’avoir un aperçu très général du sujet, rien de plus.
Et quand les conditions seront complétement réunies, nous reviendrons plus nombreux.
Car maintenant, le problème ce n’est pas seulement au niveau des conditions de sécurité, mais avant tout les problèmes d’approvisionnement en eau, en nourriture, avec tout ce genre de choses. Je pense donc que nous interviendrons un peu plus tard.
Les présidents vont et viennent, les gouvernements changent, mais les gens restent
A l’unanimité, l’Unesco a approuvé la résolution relative à la protection des sites du patrimoine mondial en Syrie. Cela a été inspiré par la libération de Palmyre. A travers cette résolution nous saluons l’expulsion de Daesh de ces lieux.
Et comme la moitié des membres de notre groupe sont membres du Comité du patrimoine mondial, et les autres font partie du comité de direction, nous avons décidé qu’il serait très important de voir tout cela de nos propres yeux – c’était le premier objectif. L’autre objectif… Je pense qu’une telle mission ici, avec la participation de vous tous, donne de l’espoir à la population locale. Tout compte fait, les présidents vont et viennent, les gouvernements changent, mais les gens restent. Et pour moi il est très important de donner un peu d’espoir à la population».
Jose Manuel Rodriguez Cuadros, délégué permanent de la République du Pérou auprès de l’UNESCO :
«En plus de faire partie de l’histoire, de l’identité et de l’évolution du peuple syrien, Palmyre fait aussi partie du patrimoine de toute l'humanité, qui a une valeur universelle particulière. Quand elle a été nommée site du patrimoine mondial, on a constaté [..] qu’elle avait préservé son intégrité et son authenticité. L'authenticité est là, mais de graves dommages ont été causés à son intégrité par Daesh».
En tant que musée avec une grande expérience, nous [l'Ermitage] sommes prêts à participer à toutes les actions qui sont nécessaires pour que Palmyre renaisse de ses cendres
Mikhaïl Piotrovski, orientaliste et islamologue, directeur du musée de l'Ermitage à Saint-Pétersbourg :
«Nous espérons fortement que cet endroit va redevenir pour toujours un lieu de musique et de poésie, et plus un champ de bataille.
Nous parlons depuis longtemps de la nécessité de préserver le patrimoine de Palmyre et nous étions les premiers à exiger que la force soit employée pour protéger le patrimoine culturel. Cette exigence est liée aux idées [exprimées dans] la Déclaration des Droits de la Culture de Dmitri Likhatchev. C’est une chose très importante, et ce qui avait été exigé a réellement été accompli. Les monuments ont été libérés par la force. C’est d’abord les monuments qui sont le symbole de tout cet événement.
En tant que musée avec une grande expérience, nous sommes prêts à participer à toutes les actions qui sont nécessaires pour que Palmyre renaisse de ses cendres. Nous sommes prêts à coopérer, nous avons déjà demandé à la partie syrienne [de nous fournir] une liste des choses à faire en priorité pour lesquelles nous pouvons être utiles. Ensuite nous allons participer à toutes les actions de l’UNESCO, qui a un grand programme, et ça démarre avec une étude complète du site et de la situation actuelle ici, des dommages qu’ont subis les monuments.
Ensuite il va s’agir – et on en parle déjà – du renforcement des monuments : vous pouvez voir qu’ils ne sont pas tous très solides. Tout cela est en cours d’accomplissement et nous allons y participer».
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