Aux yeux du monde entier, avec cette jeunesse sans idéal, sans respect et sans ambition, la France apparaît comme un pays complètement couché et incapable de se ressaisir, estime le directeur de la publication Valeurs Actuelles Yves de Kerdrel.
A Paris, sous le regard de la Marianne en bronze qui trône sur la place de la République, le mouvement Nuit Debout vient d’entrer dans sa troisième semaine d’occupation. C’est-à-dire que tous les jours, surtout à la nuit tombée, des centaines ou des milliers de jeunes de différentes mouvances anti-capitalistes, anti-mondialistes, néo-révolutionnaires ou simplement nihilistes, se retrouvent par petits groupes et refont le monde. Au départ il s’agissait de lutter contre le texte de loi réformant le code du travail. Maintenant que ce texte est pratiquement vidé de sa substance les jeunes qui se retrouvent là parlent agriculture bio, accueil des migrants, constitution d’une sixième république. Ils sont là pour parler plus qu’écouter et supportent mal que les télévisions ou des personnalités viennent les observer. C’est ainsi qu’ils ont sérieusement bousculé le week-end dernier le philosophe Alain Finkielkraut.
Voilà que depuis trois semaines cet état d’urgence est bafoué, sans que cela n’émeuve les forces de l’ordre et le Premier ministre toujours si prompt à faire respecter l’ordre
Qu’à chaque printemps les étudiants et lycéens aient envie de refaire leur propre mai 68, ce n’est pas la première fois que l’on voit cela en plein Paris. Qu’ils manifestent contre un gouvernement de gauche qu’ils ont soutenu depuis quatre ans est plutôt facétieux. Mais que l’Etat, le ministère de l’Intérieur et la mairie de Paris laissent installer des baraquements en dur sur la Place de la République au point que ce lieu symbolique est désormais squatté par des campements, une infirmerie, une cantine, ou des lieux d’accueil de migrants, constitue un véritable pied de nez fait à l’autorité républicaine. Actuellement la France toute entière est placée sous le régime de l’état d’urgence qui interdit de facto les rassemblements pour un simple motif de prudence. Et voilà que depuis trois semaines cet état d’urgence est bafoué, sans que cela n’émeuve les forces de l’ordre et le Premier Ministre toujours si prompt à faire respecter l’ordre. Il l’a montré lors des «manif pour tous» contre la loi sur le mariage homosexuel, multipliant les garde à vue et les interpellations, y compris de femmes ayant des enfants dans les bras.
Le mouvement Nuit Debout constitue en soi un défi à l’autorité, à la République, sous l’égide de laquelle il s’est placé, et au pouvoir
Cette fois-ci, il n’est pas question que la police intervienne. Bien sûr certains soirs il y a eu quelques débordements dans des rues adjacentes, provoqués par des casseurs isolés. Ils ont été maitrisés. Mais le mouvement Nuit Debout, même s’il ne conduit à rien, même s’il n’empêche pas la loi El Khomri de passer, même s’il agace, nuit après nuit, tous les riverains de cette place qui finissent pas s’habituer à ces campements malodorants, constitue en soi un défi à l’autorité, à la République, sous l’égide de laquelle il s’est placé, et au pouvoir. Au point que, lors de la dernière émission télévisée de François Hollande, ce dernier n’avait évidemment plus aucune crédibilité lorsqu’il prononçait les mots de fermeté, de responsabilité ou d’autorité.
Nuit Debout n’aura pas d’autre conséquence que de renforcer la droitisation de la société française
Voilà pourquoi ce mouvement Nuit Debout n’aura pas d’autre conséquence que de renforcer la droitisation de la société française qui ne supporte plus que le pays tout entier se couche contre les agissements hors-la loi de 3 000 à 5 000 jeunes oisifs, dont la principale préoccupation est de toucher des allocations plutôt que de chercher un travail. Quand l’ancien maire de Paris avait exigé de la Manif pour tous un dédommagement de 500 000 euros pour avoir piétiné la pelouse du champ de Mars, son successeur, Anne Hidalgo, ne veut surtout pas troubler la tranquillité de ces jeunes, dont les dégâts se chiffrent déjà à 2,5 millions d’euros. Et le pire, c’est que ce n’est pas fini. Et qu’aux yeux du monde entier, avec cette jeunesse sans idéal, sans respect et sans ambition, la France apparaît comme un pays complètement couché et incapable de se ressaisir.
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