Olivier Dartigolles, porte parole du PCF : «Ce quinquennat est un gâchis, une trahison !»

Olivier Dartigolles, porte parole du PCF : «Ce quinquennat est un gâchis, une trahison !»© AFP Source: AFP
Olivier Dartigolles, porte parole du PCF
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Malgré son évacuation, le collectif Nuit Debout continue à se rassembler place de la République à Paris. Tous les soirs des centaines de personnes investissent la place. Olivier Dartigolles porte-parole du parti communiste nous livre ses impressions.

RT : Cela fait bientôt 12 nuits que le collectif Nuit Debout se rend place de la République, faut-il continuer ce rassemblement ? Pourquoi ?

Olivier Dartigolles (O.D.) : Bien sûr qu’il faut continuer, cela prouve que la jeunesse et le monde du travail peuvent converger. Je suis allé moi-même plusieurs fois place de la République et cela redonne ses lettres de noblesses à la citoyenneté. De nombreux sujets sont traités, on y propose du rêve et de l’imaginaire, ce qui manque beaucoup aujourd’hui. On a déjà remporté une victoire en faisant échouer le gouvernement sur la révision constitutionnelle et la déchéance de nationalité, mais maintenant il va falloir se demander comment toute cette effervescence – le collectif Nuit Debout, les manifestants contre la loi Travail – peut converger pour investir les prochaines élections de 2017 : présidentielles et législatives.

RT : Pensez-vous que le gouvernement peut céder face aux diverses manifestations ?

O.D. : Le gouvernement doit aujourd’hui constater combien le projet de loi El Khomri est contesté de toute part : on le voit dans les enquêtes d’opinion, dans les mouvements sociaux, dans les organisations de la jeunesse... Le gouvernement doit retirer ce texte de l’ordre du jour de l’Assemblée nationale et inscrire en urgence une grande loi sur l’évasion fiscale ! Le gouvernement s’est mis dans le pétrin, c’est le fiasco et il faut changer de politique.

La jeunesse est la grande oubliée de ce quinquennat alors qu’elle devait en être la grande priorité

Cette loi El Khomri puise ses lignes de force, ses lignes structurantes dans les propositions de la droite. Notamment dans le discours qui consiste à dire que plus de précarité, de flexibilité produit de l’emploi. Or, cela fait 20 ans que démonstration est faite que cela détruit l’emploi et provoque dans la société des ruptures de droit considérable.

Les propositions de Manuel Valls vont dans le bon sens, mais ce qui est terrible c’est de devoir entrer dans ce rapport de force pour arracher les premiers millions d’euros indispensables à une politique en direction de la jeunesse. La jeunesse est la grande oubliée de ce quinquennat alors qu’elle devait en être la grande priorité. Ce qui est insupportable, c’est que cela vienne maintenant : tant de temps perdu ! Ce quinquennat est un quinquennat de gâchis, de renoncement, de trahison ! Il faut une grande proposition de loi pour l’avenir de la jeunesse.

RT : Pensez-vous que le collectif Nuit Debout peut devenir un mouvement politique comme Podemos en Espagne ?

O.D. : C’est aux personnes qui participent de décider de leur mode d’organisation et ce n’est pas aux représentants de partis politiques de dire comment cela doit se faire. Chacun doit prendre des initiatives pour converger et créer un rapport de force citoyen et populaire pour faire reculer le gouvernement sur ses textes les plus durs d’ici la fin du quinquennat.

Personne ne peut aujourd’hui s’auto-proclamer représentant de tout ce bouillonnement et inviter les gens à se rallier à lui.

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Il faut par l’intervention des citoyens, donner à voir les grandes solutions d’avenir pour réparer le pays et le faire cheminer dans la bonne direction. Le Front de gauche avait préparé un programme pour la France et l’Europe intitulé L’humain d’abord, et bien je pense qu’on va y retourner car c’est bien de ça qu’il s’agit : est-ce qu’on met l’humain d’abord ou bien la finance ?

RT : A près d’un an des présidentielles, le mouvement peut-il aller plus loin selon vous ?

O.D. : Il faut converger, c’est-à-dire que toutes celles et ceux qui se reconnaissent dans les valeurs de gauche : de solidarité, de fraternité. Car le gouvernement n’a pas mené une politique de gauche ! Il faut construire un socle politique avant les élections présidentielles. Personne ne peut aujourd’hui s’auto-proclamer représentant de tout ce bouillonnement et inviter les gens à se rallier à lui. Après, ce rassemblement devra discuter des candidatures aux élections présidentielles et législatives, c’est aux citoyens d’intervenir et de s’approprier toutes ces questions.

Il faut faire preuve de discernement et condamner toutes les violences, mais permettre à Nuit Debout de s’organiser et de se développer.

Il faut faire différemment, c’est-à-dire une construction par le bas, sur des grandes propositions avec des candidatures pour les porter.

RT : le week-end dernier le rassemblement a été émaillé de violents incidents, la mairie a demandé l’évacuation de la place de la République, Anne hidalgo a prévenu que s’il était légitime de rêver d’un autre monde, il ne l’était pas de dégrader celui-ci. Il faut également rappeler que nous sommes sous le coup de l’état d’urgence. Dans ces conditions est-il normal qu’un tel rassemblement soit possible ?

O.D. : Pour avoir participé à ces rassemblements, ils se passent d’une manière paisible et sympa. S’il y a des casseurs qui s’infiltrent dans ces rassemblements, ils ne sont en rien représentatifs de cette jeunesse qui fait ces agoras. Il faut faire preuve de discernement et condamner toutes les violences, mais permettre à Nuit Debout de s’organiser et de se développer. Il faut faire la distinction entre ceux qui sont les véritables acteurs de Nuit Debout et des personnes qui viennent casser.

Faire planer un climat de peur ne sert à rien.

Les forces de l’ordre, la préfecture et les organisateurs sont toujours en contact et peuvent trouver des solutions. L’état d’urgence ne répond en rien à la lutte contre le terrorisme. Il faut de grands moyens pour couper les financements à Daesh. Comme le dit le juge Trevidic [ex-juge antiterroriste pendant 10 ans], nous avons besoin de moyens plus importants pour la justice et pour renforcer les pôles antiterroristes. Faire planer un climat de peur ne sert à rien. Qu’importe l’état d’urgence, si malheureusement un commando veut récidiver, il pourra le faire. Il faut attaquer Daesh sur ses fondements.

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