Le gouvernement syrien n’a plus accès à des armes chimiques puisqu'il a détruit son arsenal, alors que de nombreux groupes radicaux, y compris Daesh, disposent toujours de ce type d'armes, explique l’ex agent du FBI Coleen Rowley.
Les Unités de protection du peuple kurde (YPG) ont dit avoir subi une attaque à l’arme chimique mardi, qui a été supposément lancée par plusieurs groupes islamistes d’opposition dans la ville d’Alep.
L’YPG a publié des images non vérifiées montrant ce qui apparait être un nuage de phosphore jaune. Les forces kurdes n’ont mentionné ni Daesh ni al-Nosra parmi ces groupes armés radicaux.
RT : Supposons que la déclaration d’YPG soit vraie. Qui, à votre avis, pourrait se cacher derrière cette attaque à l’arme chimique ?
Coleen Rowley : Je ne sais pas. Ça peut être n’importe qui, notre propre directeur du renseignement national James Clapper a déclaré devant un comité du Congrès il y a près de trois semaine que Daesh a accès à des armes chimiques. Il a mentionné le chlore, le gaz moutarde. Il a également mentionné qu’ils ont accès à des produits chimiques de base afin de fabriquer leurs propres armes chimiques. Et j’imagine que, puisque Daesh y a accès, un certain nombre d’autres groupes peuvent aussi y avoir accès.
C’est quelque chose qui devrait être l'objet d'une enquêté à l’échelle internationale
RT : En été 2014, les dernières armes chimiques sont supposées avoir été expédiées hors de Syrie pour y être détruites. Comment est-ce possible que des groupes extrémistes parviennent à en acquérir ?
C.R. : C’est le gouvernement syrien qui a détruit ses propres armes. En 2013, le gouvernement américain blâmait Assad pour avoir utilisé du sarin contre son propre peuple. Même si James Clapper et John Brennan, le directeur de la CIA de l’époque, reconnaissent à présent, trois ans plus tard, que Daesh a accès aux armes chimiques, ils n’ont jamais réellement dit qu’il se peut qu’en 2013 ce soient les groupes terroristes qui aient mis en scène l’attaque au gaz sarin afin de permettre aux Etats-Unis de se jeter dans la mêlée en Syrie. C’est quelque chose qui devrait être l'objet d'une enquête à l’échelle internationale, les groupes de droits de l’homme et l’ONU devraient enquêter en ce moment-même. C’est bien qu’il y ait un cessez-le-feu et il est terrible que certains éléments souhaitent interrompre le cessez-le-feu et aggraver la situation.
Les groupes qui ne sont pas couverts par le cessez-le-feu semblent vouloir le briser
RT : Daesh n’a pas été expressément mentionné mais Daesh a été accusé d’avoir utilisé des armes chimiques par le passé. Est-ce que cela signifie qu’elles deviennent de plus en plus répandues parmi les groupes extrémistes ?
C.R. : C’est ce qu’on dirait. Une information circule comme quoi des composants chimiques peuvent être obtenus via la Turquie. Cela remonte à quelques années et provient de sources différentes. Il semble que oui, de nombreux groupes ont accès à des armes chimiques. Par contre, apparemment, le gouvernement syrien n'y a pas accès puisqu'ils ont bien détruit leurs stocks. Mais ces groupes qui ne sont pas couverts par le cessez-le-feu semblent vouloir le briser.
RT : Quel impact cela pourrait avoir sur le processus de paix ?
C.R. : Espérons que les gens plus sages comme les Etats-Unis, la Russie, l’Iran et certains autres pays qui ont intérêt à être présents en Syrie ne permettront pas à ces attaques d’anéantir les efforts investis dans les négociations de paix. C’est ça leur but. Ils essaient d’éviter toute sorte de processus de paix. Mais ces autres groupes qui ne sont pas concernés par le cessez-le-feu tentent probablement de l’interrompre.Nous devons espérer que les diplomates le comprendront et diront «Nous allons aller de l’avant malgré tout» et qu’il puisse y avoir une enquête pour savoir qui exactement est responsable.
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