Sénatrice PS de Paris, elle ne mâche pas ses mots contre le président de la République, qu'elle accuse de gouverner seul et de faire fi des valeurs socialistes. En mars, elle publiera «Merci pour ce changement», pour appeler la gauche à se fédérer.
Hollande bashing : «Le président n'incarne pas les valeurs de la gauche»
«On peut être autoritaire, en ayant l'air indécis», ironise la sénatrice socialiste de Paris, au sujet du président de la République. Frondeuse, Marie-Noëlle Lienemann ne prend pas de gants pour dénoncer la politique et l'attitude de François Hollande, devenu sa tête de turc. «Il gouverne seul», dénonce -t-elle, prenant pour exemple la déchéance de nationalité et la guerre au Mali.
Interrogée sur le soutien massif des Français pour l'inscription de la déchéance de nationalité dans la Constitution, la sénatrice soutient que ces derniers auraient préféré l'indignité nationale. Elle-même a fait peu de mystère du fait qu'elle aurait souhaité, que soit retenu «le modèle du général de Gaulle plutôt celui de Pétain».
Le fait que le président soit parvenu à imposer la déchéance de nationalité, qu'elle considère comme une mesure n'étant «ni de gauche ni républicaine», est symptomatique du quinquennat, estime-t-elle. «Aujourd'hui, ce n'est pas la politique du PS que fait François Hollande, il fait tout pour le contourner ! Pour la déchéance de nationalité : le parti socialiste, dans son immense majorité était contre», ajoute -t-elle, pour souligner davantage le cavalier seul du président.
Pas convaincue par le remaniement, la sénatrice estime par ailleurs que le président est «très éloigné des français». Loin de favoriser les convergences politiques, François Hollande se contente selon elle de faire des combines. Or, pour la sénatrice, ces calculs opportunistes empêchent de tracer un nouveau chemin et de rassembler les forces de gauche.
Fédérer la gauche, pour avoir une chance d'être au deuxième tour
L'objectif pour la sénatrice, avec son livre qui paraîtra en mars : fédérer la gauche et la recentrer sur ses valeurs. «Cela permettrait de régénérer le débat à gauche, car sinon on aura les pires difficultés à présenter un front commun pour 2017 et donc à ce que la gauche soit au deuxième tour...», avertit-elle.
Interrogée sur la popularité de ceux qui sont considérés comme les plus libéraux des ministres de gauche – un sondage montre qu'Emmanuel Macron serait le troisème ministre préféré des Français, après Jean-Yves Le Drian et Bernard Cazeneuve –, Marie-Noëlle Lienemann relativise. «Valls et Macron, je leur souhaite bien du plaisir pour défendre leur bilan auprès des Français, surtout avec leurs résultats ! Tous les gens de droite les trouvent très bien, mais ils ne voteront jamais pour eux !» Par conséquent, pour l'élue PS, ils ne pourront pas dégager de majorité dans le peuple.
Si on dirige avec les sondages, on n'a plus qu'à supprimer les responsables politiques. Quand Mitterand a fait voter l'abandon de la peine de mort, la majorité des français y étaient hostiles
«J'ai voté pour la prolongation de l'état d'urgence»
Marie-Noëlle Lienemann réfute l'idée que l'on ne peut pas être de gauche et avoir une politique sécuritaire. Tranchant avec le point de vue de ceux qui, à gauche, s'étaient opposés à la prolongation de l'état d'urgence, elle considère que cette mesure ne menace pas les libertés et qu'elle est, au contraire, adaptée au contexte sécuritaire.
Balayant les clichés sur la sécurité, qu'elle estime être à tort une niche de la droite, elle s'en prend au bilan de Nicolas Sarkozy, rappelant les «dégâts de sa politique sécuritaire», et notamment la suppression de la police de proximité.
Fair-play et lucide sur les faiblesses de sa propre famille politique, elle n'épargne pas non plus Christiane Taubira et Manuel Valls, dont elle estime que la rivalité «absurde» a davantage creusé le fossé entre justice et police.
Le problème : faute d'être attractive et d'apporter des solutions, la gauche laisse un boulevard au Front national, notamment au sein des classes populaires.
L'émergence du Front national est due à la négligeance et au mépris de la gauche envers la classe ouvrière, qui votait traditionnellement à gauche. On va d'abandon en abandon
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