Chute des marchés : «On est dirigé par des ânes»

Chute des marchés : «On est dirigé par des ânes» Source: Reuters
Un tableau à la bourse de Frankfort
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Il ne faut pas s’étonner que les marchés finissent par paniquer quand à chaque fois qu’il y a une décision à prendre, on prend la mauvaise, juge l’économiste Olivier Delamarche, analysant la situation économique mondiale.

RT France : Plusieurs analystes affirment que la chute des marchés boursiers, entamée il y a plusieurs mois déjà est due aux banques centrales. Est-ce que vous êtes d’accord ?

Olivier Delamarche : La faute vient des marchés eux-mêmes qui, pendant un bon moment, ont cru que les Banques centrales les protégeraient contre toute chute. Mais à partir du mois de juillet, ils se sont aperçus que la principale banque centrale, en tout cas celle qui avait le plus de réserves, c’est-à-dire, la Banque de Chine, était incapable de contrôler son marché et de l’empêcher de se casser la figure. C’est à partir de ce moment-là que les gens sur les marchés se sont rendu compte qu’une banque centrale n’était pas toute puissante. Et les marchés ont commencé à reculer à cause de ça.

En plus, il y a eu des erreurs majeures des banquiers centraux et notamment, de cette pauvre Madame Yellen [présidente du Conseil des gouverneurs de la Réserve fédérale des Etats-Unis], qui a remonté ses taux complétement à contre-temps, d’abord en ne le faisant pas et ensuite en le faisant trois mois trop tard, tout en disant qu’aux Etats-Unis, la croissance américaine, était suffisante pour absorber cette hausse, alors qu’on savait pertinemment qu’à ce moment-là, la conjoncture américaine filait droit vers une récession. Donc, c’est à l’envers en permanence, ce sont des décisions qui sont mauvaises en permanence, on est dirigé par des ânes. A partir de ce moment-là, il ne faut pas s’étonner que les marchés finissent par paniquer quand ils voient qu’à chaque fois qu’il y a une décision à prendre, on prend la mauvaise.

En 2008, on était dans une bien meilleure situation

RT France : Est-ce que la comparaison avec la crise de 2008 est pertinente ?

O.D. : Non, parce qu’en 2008, on était dans une bien meilleure situation. En 2008, les Etats n’étaient pas endettés comme ils le sont maintenant. En 2008, la crise des subprimes était grave, mais de loin pas aussi importante que les dérèglements actuels. D’autant plus qu’à ce moment-là, vous aviez l’ensemble des banques centrales qui avaient des taux qui étaient encore largement positifs.

Aujourd’hui, ils n’ont plus une seule cartouche pour essayer de retenir les marchés, pour essayer de relancer l’activité, puisque tout a déjà été essayé. Après le quantitative easing, la dernière mesure en date, c’est de mettre des taux négatifs qui est la pire des bêtises. Il n’y a pas un seul économiste qui y a cru quand ils l’ont annoncé, il n’y a pas un seul économiste qui a dit : «C’est une bonne idée». C’est l’idée la plus mauvaise qu’ils aient pu trouver mais ils le font quand même. C’est ça qui est extraordinaire ! C’est-à-dire qu’on est arrivé à un point où les banquiers centraux sont tellement en panique qu’ils font n’importe quoi. Et donc, ne nous étonnons pas d’avoir une forte baisse sur les marchés.

Maintenant, je vous dis, je préférerais qu’on soit dans la situation de 2008, parce qu’elle était nettement moins dangereuse que la situation actuelle. Là, on a tout fait pour gonfler le bulle, et maintenant, on va avoir un dégonflement qui va être dix fois pire que ce qu’il aurait été si on avait laissé faire.

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RT France : Et au niveau européen, la situation économique du Portugal suscite des inquiétudes. A votre avis, est-ce que la situation risque de s’aggraver ?

O.D. : Ce qui est très drôle, c’est que personne ne m’en parle depuis plusieurs semaines. Or, tout le monde fait l’impasse sur la situation au Portugal, en Grèce, en Espagne, en Italie. On est dans le prolongement de ce qu’on a connu en 2015 et en 2014, c’est-à-dire que les pays n’arrivent pas à s’en tirer. Vous avez pris 350 points de base sur les taux portugais, les taux grecs sont à plus de 11% à dix ans. Et donc, on est dans une situation qui n’a toujours pas été réglée. On le savait. Je veux dire, il n’y a, franchement, que des gens qui vivent sur un île pour ne pas savoir que rien n’est réglé en Europe. Donc, les problèmes continuent et de temps en temps, ils se rappellent à notre souvenir. Mais là, comme d’habitude, tout le monde avait les yeux braqués sur la Chine et les Etats-Unis et tout le monde avait joyeusement oublié qu’il se passait plein de choses du côté européen. Ça va revenir dans le courant du deuxième trimestre, très probablement. Là, aujourd’hui, ce n’est pas la chose la plus importante pour les marchés mais on est en train de s’apercevoir que rien n’a été réglé dans le secteur bancaire européen. Alors, vous avez quelques guignols, du genre Moscovici et autres, qui viennent vous expliquer qu’avec l’Union bancaire tout va bien… Si tout allait bien, je pense que des sociétés, comme Société Générale ou comme Deutsche Bank ne dévisseraient pas de 10% à 12% par jour. 

A en croire nos politiques, tout va bien en France

RT France : En ce qui concerne la France, quels sont les risques pour le secteur financier français ?

O.D. : A en croire nos politiques : absolument rien, tout va bien en France. On a les plus belles banques, bien sûr. Pour le secteur bancaire français, je vous rappelle que la BNP, la Société Générale, le Crédit Agricole sont des banques systémiques, que le bilan de la BNP équivaut au PIB français, que leurs engagements sur les marchés à terme sont juste monstrueux avec des effets de levier monstrueux. Je pense qu’on court un risque et un risque majeur.

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