Le vice-président du groupe de travail de l’ONU Sétondji Adjovi a confié à RT que le système judiciaire britannique est sous une «immense pression» de la part des Etats-Unis.
RT : Comment le jury qui a pris la décision en faveur de Julian Assange est-il composé ? A quel point le processus a-t-il été indépendant ?
Sétondji Adjovi : C’est un groupe de travail de l’ONU composé d’avocats extrêmement compétents venant du monde entier. En fait, ils sont cinq. Et ce n’est pas comme s’ils venaient de Chine, de Cuba ou d’une nation qui a des griefs contre les Etats-Unis, c’est tout à fait le contraire, le Royaume-Uni a un avocat dans ce jury ainsi que la Corée du Sud, le Bénin pour l’Afrique, et le Mexique. Ce sont donc des juristes réellement indépendants et ce qu’ils disent doit être entendu, si on a un quelconque respect pour les Nations unies de nos jours.
La pression monte en Grande-Bretagne et en Suède et les journalistes commencent à s’en apercevoir
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RT : Compte tenu des réactions de la Grande-Bretagne et de la Suède à l’annonce de la décision favorable de l’ONU à l’égard de Julian Assange, y a-t-il espoir que ces deux pays appliquent tout de même la décision ?
S.A. : Je peux dire par une certaine expérience que les Britanniques suivront ce qui a été décidé et donc la clé ici ce sont les Etats-Unis. Les Etats-Unis traitent aujourd’hui les Britanniques et les Suédois comme des Etats vassaux. Et la pression qu’ils exercent sur les Britanniques, en témoigne ce qu’il s’est passé en Irak, est immense. La question qui se pose réellement est de savoir si le système traditionnel britannique et le gouvernement britannique seront suffisamment embarrassés, déshonorés pour prendre cette situation au sérieux.
La pression monte en Grande-Bretagne et en Suède et les journalistes commencent à s’en apercevoir. Vous savez, cinq ans de détention, les gens du monde entier vont regarder et se dire que l’histoire se répète, comme avant les attaques en Irak, quand le procureur général britannique avait dit «Non, ça sera illégal, vous avez besoin d’une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU» et Tony Blair et les autorités britanniques ont répondu «Non, non, ils veulent que nous le fassions, donc faisons-le». Nous connaissons le résultat de cela ; le chaos au Moyen-Orient. Et dans le cas présent, il y aura aussi le chaos si les Britanniques et les Suédois ne voient pas la possibilité d’aller à l’encontre des souhaits des Etats-Unis, qui souhaitent mettre Assange en prison pour le reste de sa vie, comme vous le savez probablement, l’inculpation a déjà a été préparé en secret par le grand jury. Il a raison de vouloir éviter cela et il a raison d’insister qu’on lui rende son passeport et qu’on le laisse partir suite à la décision de ce groupe de travail.
Il faut qu’on voit ce qui va se passer : la réaction initiale de la Grande-Bretagne et de la Suède ne me surprend pas, tout dépend de l’embarras dans lequel ils sont prêts à se mettre pour être la poubelle des Etats-Unis.
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