RT France : Bernie Sanders est persuadé que son résultat lors du caucus de l’Iowa est déjà une victoire. Comment l’interprétez-vous ?
Diana Johnstone : A moins d’être écrasés, les candidats se proclament toujours victorieux. Pour Bernie Sanders, c’est effectivement une victoire morale, vu que cet homme relativement peu connu est parvenu à faire presque jeu égal avec la grande favorite du Parti démocrate, du complexe militaro-industriel, des médias et de l’argent… en bref, de l’establishment. Pourtant, il reste des points sombres dans la proclamation des résultats qui pourraient faire craindre toutes sortes de manipulations à venir pour assurer la victoire finale de «la favorite».
Pour Bernie Sanders, c’est effectivement une victoire morale
RT France : Sur les 1 700 caucus organisés dans l'Iowa, six ont été le théâtre de tirages au sort pour départager les deux candidats arrivés à égalité parfaite. Est-ce démocratique de décider le sort du candidat avec une pièce de monnaie ?
Diana Johnstone : Il s’agit apparemment d’une coutume locale de l’état de l’Iowa, dont les manières d’organiser les primaires sont très particulières. Oui, cela semble bizarre, me fait remarquer que le chemin vers le pouvoir est semé d’embûches et que la machine Clinton est bien placée pour en tirer parti.
RT France : Quelles sont les chances de Bernie Sanders contre Hillary Clinton dans ces primaires démocrates ? Peut-on déjà faire un pronostic ?
Diana Johnstone : En général, j’évite les prévisions car la vie est pleine de surprises. Mais une victoire de Bernie Sanders serait une telle défaite pour les pouvoirs dominants – politique, financier, médiatique – qu’il est difficile d’imaginer qu’une telle constellation de puissances ne puisse pas arriver à l’empêcher.
L’espoir le plus réaliste, c’est que la campagne de Sanders serve à renouveler la vie politique à gauche après une défaite qui laisserait un goût amer à ses très nombreux supporters.
L’appareil du Parti républicain ne veut absolument pas de Trump
RT France : Est-ce que le résultat de Marco Rubio vous étonne ? Quel est votre avis sur les perspectives de Donald Trump face aux autres candidats républicains ?
Diana Johnstone : Chez les républicains, l’étonnement n’est plus possible. Dans son déclin intellectuel dramatique, ce parti est devenu un objet d’études sociologiques plus que politiques. Mais je soupçonne qu’une fois l’effet de surprise (inspiré par son franc parler) passé, la réussite initiale de Trump dans les sondages s’avère éphémère. L’appareil du Parti ne veut absolument pas de lui, les médias l’exècrent, les minorités en ont peur, le monde de la culture et les intellectuels l’ont en horreur et ses adhérents manquent de cohérence. A la fin, tout risque de rentrer dans l’ordre avec un candidat républicain assez médiocre qui favorisera la victoire d’Hillary Clinton.