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Sanders à RT : les Américains croient à des choses que le Congrès trouve «terriblement radicales»

Bernie Sanders a expliqué au présentateur de RT, comment il était devenu un candidat sérieux dans la primaire démocrate, pourtant parti avec 40 point de retard, et comment ses idées «terriblement radicales» reflétaient la volonté du peuple.

Les deux personnes se sont rencontrées à Marshalltown, dans l’Iowa, le 31 janvier pour discuter des questions qui ont jusqu’ici marqué la campagne : les frais d’inscription dans les collèges, les accords commerciaux, la politique, ainsi que la correspondance de l’ex-secrétaire d’Etat Hillary Clinton avec laquelle il est au coude à coude et, comprendre si le candidat, parti avec un retard considérable, estimait aujourd’hui pouvoir remporter la victoire.


Ed Schultz :
Quelles sont vos estimations ?

Bernie Sanders : Nous remporterons la victoire si la participation est importante, nous perdrons si elle est faible. Rien à dire, nous travaillons d’arrache-pied pour nous assurer que la participation soit grande.

Ed Schultz : Il y a un aspect économique pour l’électorat jeune : les frais de scolarité. Est-ce que c’est une chose qui, selon vous, vous placera en tête chez les jeunes électeurs ?

Bernie Sanders : Je vous dirai une chose : nous avons commencé cette campagne, comme vous vous en souvenez, à 40 ou 50 points derrière Hillary Clinton. Et les derniers sondages nous placent au même niveau. Je pense qu’il y a beaucoup de raisons à cela. Je pense que nous parlons de la réalité de l’économie américaine, de la classe moyenne qui disparaît, des gens qui travaillent plus pour des salaires moindres. Presque tout l’accroissement des revenus et de la richesse ne profite qu’à 1% de la population.

Ed Schultz : Et pensez-vous que le sujet des frais de scolarité est un point qui poussera les  jeunes à se prononcer sur des questions économiques ?

Bernie Sanders : Je pense que oui. En 2016, un diplôme de l’enseignement supérieur est, sous plusieurs aspects, la même chose que ce qu’était un diplôme d'études secondaires, il y a 40 ou 50 ans. Nos enfants en ont besoin pour obtenir un bon travail. J’ai parlé aux étudiants dans cet Etat : ils ont des dettes importantes. J’ai parlé à un gars, il y a deux jours ; il a une dette de 60 000 dollars après deux années de collège. C’est fou !

Ed Schultz : un autre problème, sénateur, nous sommes à 25 kilomètres de Newton en Iowa, où le Maytag repairman [le personnage d’une publicité américaine] se trouvait. Il est au Mexique maintenant.

Bernie Sanders : Je sais.

Ed Schultz : Les gens qui travaillent dans une installation éolienne, ils gagnent la moitié de ce qu’ils auraient gagné à l’époque ? C’est dans l’Iowa que ça se passe ? N’avons nous pas un problème avec l’emploi ?

Bernie Sanders : J’en parle chaque jour. Et nous savons tous les deux que les médias n’aiment pas parler de commerce [international], n’est-ce pas ?

Ed Schultz : Oui, et ça atteint le cœur du pays. Et les gens le comprennent ?

Bernie Sanders : Oui, ils le comprennent, bien sûr ! J’en parle dans presque chaque discours. Regardez, nous avons perdu 60 000 usines depuis 2001. 60 000 usines, ce sont des millions d’emplois. Tout n’est pas attribuable au commerce, mais beaucoup. Bien sûr, les gens le comprennent et ils réalisent que nous sommes dans une course vers le bas. Ils ont perdu les emplois bien rémunérés. Ils en obtiendront d’autres, mais pour la moitié de ce qu'ils gagnaient.

Ed Schultz : Si vous remportez l’Iowa et le New Hampshire, cela changera-t-il la donne ?

Bernie Sanders : Oui, bien sûr, absolument ! Quand nous avons commencé notre campagne, nous n’étions pas en position favorable et Hillary Clinton semblait la candidate incontournable, n’est-ce pas ? Mais la situation change, et elle change dans l’ensemble du pays. Nous sommes soutenus non seulement ici, dans l’Iowa et le New Hampshire, mais aussi dans plusieurs autres Etats où nous obtenons de bons résultats.

Ed Schultz : Et finalement, sénateur, l’establishment, est-ce que ce mot vous inquiète ?  Parce que la majorité des sondages disent : «Bon, vous savez, Bernie n’est pas le mec de l’establishment». Qu’est-ce que c’est que l’establishment ?

Bernie Sanders : Vous avez raison. C'est là qu'est l’ironie. Chaque sujet dont nous parlons : créer des emplois, augmenter le salaire minimum, l’égalité salariale pour les femmes, s’assurer que les jeunes gens puissent aller à l’université  sans payer de frais, le changement climatique... Tous ces enjeux sont des choses auxquelles les Américains croient. Et pendant ce temps, le Congrès dit : «Oh, ce sont des idées terriblement radicales». Vous savez, les Américains veulent que les riches et les puissants commencent à payer leur juste part des impôts.

Ed Schultz : Les gens qui soutiennent votre campagne croient-ils que vous allez pouvoir résister aux banques ? Est-ce qu’ils croient que vous pourrez faire quelque chose avec Wall Street ?

Bernie Sanders : Oui, ils le croient. L’idée que nous défendons, encore une fois, c’est que je ne peux pas le faire, aucun président ne peut le faire tout seul. C’est pourquoi ce slogan, ou si vous préférez, le sous-titre de toute notre campagne est une révolution politique : personne ne peut faire les choses seul, nous devons tous œuvrer ensemble.

Ed Schultz : Nous avons été dans une épicerie plus tôt dans la journée et j’ai demandé à un homme pour qui il voterait [dans cette primaire] et il a répondu : «Bon, c’est Bernie car il n’a pas changé depuis des années. Il parle des même choses dont il parlait il y a 30 ans».

Bernie Sanders : Pour le meilleur ou pour le pire, c’est vrai !

Ed Schultz : Cela donne plus de confiance aux électeurs ?

Bernie Sanders : Oui, je pense que c’est le cas. Regardez, la sénatrice Clinton a «changé» d’avis sur beaucoup de questions. Et je pense que les gens veulent quelqu’un à qui ils savent qu’ils peuvent faire confiance et qui est constant sur des questions comme le bien-être des familles de travailleurs, et je pense que je suis ce candidat.

Ed Schultz : Je sais que vous ne faites pas attention à ces «maudits e-mails » [la correspondance révélée de Hillary Clinton], mais le FBI le fait.

Bernie Sanders : (rires) Ok.

Ed Schultz : Et enfin, une dernière question : vous vous amusez ?

Bernie Sanders : C’est un très bel Etat et j’ai aimé faire la connaissance de tous ces gens. Nous avons tenu des meetings avec environ 70 000 personnes. C’est pas mal.

Ed Schultz : Pourquoi serait-ce une surprise si vous gagniez ?

Bernie Sanders : Il me semble que quand vous partez avec 40 points de retard, c’est une surprise.