Selon analyste Marc Simon, les élections départementales ne se sont pas traduites par le triomphe du Front National annoncé par les instituts de sondage.
Les estimations de ces derniers plaçaient fréquemment le FN à 30% des suffrages. Il s’en faut de 5%.
Pour autant il s’agit bel et bien d’une nouvelle victoire pour Marine Le Pen et les siens. Scrutin après scrutin, le FN confirme qu’il n’est plus un parti marginal. Et sa progression ne se dément pas. Confirmant son ancrage en zones rurales comme en zones urbaines et cela dans l’ensemble de la France, il gagne 10% par rapport aux cantonales de 2011, à l’occasion desquelles il avait réalisé un score de 15%. Avec 25,20% des suffrages exprimés, il progresse encore par rapport aux élections européennes de mai 2014. Il fait mieux en termes de pourcentage (24,86% des voix aux européennes) mais aussi en termes d’électeurs, avec 5 100 000 voix contre 4 700 000 au printemps dernier.
Oui, si cette fois il n’y a pas eu de percée fulgurante comme à l’occasion des Européennes, le FN s’impose de plus en plus comme le premier parti de France. Certes Manuel Valls s’est réjoui que le Front National, arrivé derrière les listes communes UMP-UDI, n’ait pas réussi comme aux Européennes à prendre arithmétiquement la tête. Avec un Parti Socialiste à 21%, quatre points derrière le Fn, 11 derrière la coalition libérale-centriste emmenée par Nicolas Sarkozy, le Premier ministre a les joies qu’il peut. Mais il a sans doute tort, y compris sur le plan comptable. Car la formule des « binômes » a peut-être permis au PS de limiter la casse mais elle a aussi gonflé le score de l’UMP. Celle-ci, seule, se situe vraisemblablement à quelques dizaines de milliers de voix seulement du FN, devant celui-ci ou derrière…
Et nul n’a de raisons de pavoiser vis-à-vis du FN au sein des partis «de gouvernement». Le Front National peut emporter jusqu’à cinq départements - Vaucluse, Gard, Aisne, Oise et Pas-de-Calais- dimanche prochain. Le climat anxiogène entretenu autour du parti de Marine Le Pen, le mépris, voire la haine, qu’affichent nombre de responsables politiques, d’Alain Juppé à Jean-Luc Mélenchon, vis-à-vis du FN, n’impressionnent plus personne. «L’esprit du 11 janvier» qui, dans la foulée des attentats islamistes, devaient unir les Français contre tous les extrémismes, mais surtout celui de droite dans l’esprit des socialistes, n’a joué aucun rôle puisqu’il n’a jamais existé que dans la tête de quelques spin-doctors et angélistes. La dénonciation par Manuel Valls d’un «apartheid» qui, soi-disant, séparerait la société française entre communautés et serait à l’origine de la radicalisation de certains individus, n’a culpabilisé personne, n’a dissuadé aucun électeur de voter FN. Au contraire. Un français sur quatre vote désormais Le Pen quel que soit le scrutin. Les électeurs frontistes, par ailleurs, assument de plus en plus publiquement leur choix, choix qui, dans bien des milieux, est pourtant synonyme d’ostracisme. Nous sommes sortis du simple cadre du vote protestataire pour aller vers un vote d’adhésion aux valeurs du FN, qui dispose aujourd’hui d’un vrai socle électoral. Ce qui s’est passé dimanche n’est pas le succès le plus étincelant du FN mais, comparativement au 21 avril 2002, coup de tonnerre sans lendemain, s’apparente à la pose d’une poutre maîtresse dans la construction d’un édifice. Marine Le Pen, le Front National sont là pour longtemps. On peut s’en réjouir ou le déplorer mais c’est un fait.
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