Police russe des stupéfiants : plus de la moitié de l’héroïne européenne transite par l’EI
Selon le FSKN [police des stupéfiants russe], l’argent de la drogue constitue une part non négligeable des profits de l’EI, générant jusqu’à 900 millions d’euros chaque année grâce au trafic sur place et surtout vers l'Europe.
«Les plantations de pavot s’étendent dans la région. Cette année, je pense, on entendra la nouvelle d’une récolte record de pavot et, par conséquent, d’une grande production d’opium et d’héroïne. Ce phénomène ne devrait pas être suivi seulement à Moscou, mais au sein des Nations Unies en général parce que c’est une menace non seulement pour notre pays mais aussi pour la sécurité européenne. Au cours des cinq dernières années, la route balkanique a pris deux directions – maintenant le trafic d’héroïne passe aussi à travers le territoire irakien», a signalé Viktor Ivanov, directeur du FSKN cité par Tass.
Les profits générés sont d'autant plus importants que, malgré l’absence du groupe en Afghanistan, de grandes quantités de drogue sont transportées à travers les parties de l’Irak contrôlées par l’Etat islamique. Selon Ivanov, cela rend possible d'importantes économies d'échelle.
«Selon nos estimations, l’EI gagne jusqu’à 900 millions d’euros chaque année par le trafic d’héroïne afghane acheminée à travers son territoire», a-t-il ajouté. Le FSKN, en novembre, a dit que le transit de l'héroïne afghane vers Europe pourraient a pu rapporter jusqu’à 45 milliards d’euros aux terroristes.
Selon Ivanov, plus de la moitié d’héroïne consommée en Europe transite par des territoires contrôlés par l'EI.
En effet, l’argent de drogue tient le haut du pavé dans la liste des sources de revenus de l’EI, rivalisant avec le pétrole et le pillage.
Un rapport récent du cabinet “Financial Action Task Force” montre comment l’Etat islamique s’accroche à toute sorte d’activité pouvant lui procurer des revenus. En fin de compte, la dépendance envers le pétrole en fait un groupe terroriste unique au modèle économique inédit.
Pour l’instant, il est difficile de savoir si l’EI peut tenir ses positions sur le marché de la drogue, et encore moins s’il peut faire fonctionner un business contrebandier. Un ex-militaire britannique qui a rejoint les combattants kurdes en novembre 2014 pour lutter contre l’EI décrit la majorité de ses combattants comme des bandes désorganisées d'«employés de bureau et de villageois» très portées sur la consommation de stupéfiants.
«Ils n’ont ni orientation, ni information, ni leadership visible. Beaucoup d’entre eux sont profondément abrutis par la drogue et complètement terrifiés», a témoigné Jamie Read.
Le groupement djihadiste, cependant, continuerait à diversifier ses sources de revenus et à développer de nouvelles idées de financement.