«La Russie envahit l'Ukraine» : Bloomberg retire un titre pré-écrit et publié «accidentellement»
L'agence de presse américaine Bloomberg a rédigé un erratum après la mise en ligne sur son site, pendant près d'une demi-heure, d'un titre faisant état de l'invasion de l'Ukraine par la Russie.
«Le titre "La Russie envahit l'Ukraine" a été publié par inadvertance [...] sur notre site. Nous regrettons profondément cette erreur. Le titre a été supprimé et nous en recherchons la cause», a écrit le 4 février l'agence de presse américaine Bloomberg dans un erratum où elle explique préparer à l'avance des titres pour de nombreux scénarios.
L'information erronée serait ainsi restée affichée près d'une demi-heure sur le site de Bloomberg, a rapporté sur les réseaux sociaux Olga Lautman, une chercheuse sur la Russie travaillant pour le Centre d'analyse des politiques européennes (CEPA), un think tank atlantiste disposant de locaux à Washington et à Varsovie. Et la chercheuse de s'interroger sur la cause de cette publication, suggérant qu'il puisse s'agir d'une erreur accidentelle, mais aussi d'un acte de piratage.
This “Russia invades Ukraine” headline was finally taken down after sitting on Bloomberg’s site for over 30 min. How did this happen? pic.twitter.com/2mEtmKGSDl
— Olga Lautman (@OlgaNYC1211) February 4, 2022
Contacté par le New York Post, l'agence Bloomberg ne s'est pour l'heure pas aventurée au-delà des propos tenus dans son erratum, expliquant avoir «accidentellement publié un titre pré-écrit».
L'épisode survient dans un contexte de crise diplomatique majeure entre d'une part la Russie et, de l'autre, des chancelleries occidentales – les Etats-Unis en premier lieu – qui, depuis plusieurs semaines, imputent à Moscou, plus ou moins directement, un projet d'invasion de l'Ukraine. Abondamment relayée dans le paysage politico-médiatique occidental, l'hypothèse a été, à plusieurs reprises, catégoriquement démentie par la diplomatie russe.
Un dossier ukrainien qui reste explosif
Comme le rapporte l'agence de presse Tass ce 5 février, la récente publication de Bloomberg a fait réagir le Kremlin. Estimant qu'il s'agissait d'une erreur qu'il n'était «pas nécessaire d'exagérer», le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov a toutefois considéré qu'une telle bévue sur le site d'une agence de presse de renommée témoignait de la dangerosité des tensions autour du dossier ukrainien.
Il a d'ailleurs imputé la responsabilité de ces tensions aux chancelleries occidentales qui ont récemment multiplié les hostilités ouvertes contre la Russie. «Ces tensions […] ont été déclenchées par les déclarations agressives quotidiennes que nous ne cessons d'entendre de Washington, des capitales européennes et de Londres. Ce sont ces déclarations, le déploiement de troupes près de nos frontières […]. Toute étincelle est dangereuse au milieu des tensions», a souligné le responsable russe.
L'administration américaine a récemment dû botter en touche sur la question, face à un journaliste de l'agence de presse AP qui réclamait au porte-parole du Département d'Etat américain des preuves étayant l'allégation de Washington selon laquelle la Russie s'attèlerait à fabriquer un prétexte pour envahir l'Ukraine.