«Les Etats-Unis n'ont pas de leçons à donner» en matière de droits de l'Homme, souligne Cuba
- Avec AFP
«Les Etats-Unis ont une trajectoire néfaste en matière de respect des droits de l'homme, une trajectoire néfaste en matière de droits démocratiques pour leur population», a affirmé le vice-ministre cubain des Affaires étrangères.
Critiqué par Washington pour des atteintes aux droits de l'homme, le gouvernement cubain réplique en affirmant que «les Etats-Unis n'ont pas de leçons à donner» et dénonce la «cruauté» de l'embargo, en vigueur depuis 60 ans et «plus fort que jamais».
«Les Etats-Unis ont une trajectoire néfaste en matière de respect des droits de l'homme, une trajectoire néfaste en matière de droits démocratiques pour leur population, et les Etats-Unis n'ont de leçons à donner à personne», dénonce dans un entretien à l'AFP publié le 31 janvier le vice-ministre cubain des Affaires étrangères Carlos Fernandez de Cossio.
«Les Etats-Unis n'ont pas le droit de le faire, surtout pas de manipuler un sujet aussi sensible que les droits de l'homme pour attaquer des pays avec qui ils ne sont pas d'accord», ajoute-t-il, reconnaissant toutefois que «tous les pays, tous, Cuba y compris, ont beaucoup à faire pour s'améliorer en matière de droits de l'Homme».
Tenter de justifier une politique rejetée par la communauté internationale
Ces déclarations surviennent à l'occasion du soixantième anniversaire de l'embargo américain contre Cuba, décrété le 3 février 1962, et alors que Washington multiplie les critiques contre la vague de procès et les peines lourdes prononcées contre les participants aux manifestations historiques du 11 juillet 2021. «La liberté d'expression et le droit à un procès juste sont des droits de l'homme qui doivent être protégés et défendus», a tweeté Brian Nichols, secrétaire d'Etat américain adjoint chargé des Amériques.
Pour Carlos Fernandez de Cossio, chargé du département Etats-Unis au sein du ministère cubain des Affaires étrangères, ce sont des «prétextes fallacieux» utilisés pour «tenter de justifier une politique rejetée par la communauté internationale et une grande partie du peuple américain». Ces derniers jours, la justice cubaine a reconnu pour la première fois que plus de 700 manifestants étaient poursuivis et 172 autres déjà condamnés, assurant : «le droit à la défense a été garanti et les avocats ont apporté des preuves».
Le parquet a souligné que les manifestations de juillet 2021, quand des milliers de Cubains ont défilé aux cris de «Liberté» et «Nous avons faim», sont survenues dans un contexte de «renforcement du blocus économique, commercial et financier du gouvernement américain».
Les promesses non tenues de Biden
Depuis le mandat de Donald Trump, les sanctions contre Cuba se sont en effet multipliées : interdiction aux navires de croisière américains de faire escale sur l'île, menaces de poursuites contre les entreprises étrangères opérant à Cuba ou encore inscription du pays sur la liste de ceux soutenant le terrorisme.
«Le degré de siège économique et la capacité des Etats-Unis à l'exercer sont plus forts que jamais», affirme le vice-ministre. Et «si une chose illustre la nature cruelle et immorale du blocus, c'est qu'en 2020 et 2021, la période la plus dure de la pandémie de Covid-19, quand tout le monde appelait à la solidarité et à l'aide, le gouvernement américain a décidé de renforcer les mesures du blocus», a-t-il souligné, ajoutant : c'est «quelque chose qui sera difficile à oublier pour des générations de Cubains».
Les espoirs d'amélioration avec l'arrivée de Joe Biden, qui avait souligné pendant sa campagne la nécessité d'une «nouvelle politique envers Cuba» et évoqué l'idée de lever les restrictions sur les voyages de touristes américains et les transferts de fonds entre particuliers, ont vite été douchés. Aucune sanction n'a été levée ni allégée. «Le gouvernement cubain avait des raisons de penser qu'il s'agissait d'une démarche honnête, c'est-à-dire que le président [Biden] tiendrait ses promesses», explique Carlos Fernandez de Cossio.
«La vie a montré que ça n'a pas été le cas : le gouvernement américain aujourd'hui n'a ni la volonté ni la capacité politique ou le courage juridique de changer une politique que ses fonctionnaires et une bonne partie de la classe politique américaine savent qu'elle est un échec et qu'il est immoral de punir toute la population d'un pays», a-t-il déploré.