Le Kirghizstan et le Tadjikistan signent un cessez-le-feu après des affrontements frontaliers
- Avec AFP
Les deux pays d'Asie centrale ont décidé de mettre un terme aux hostilités, après une flambée de violences qui a entraîné la mort de civils et de militaires. Les deux voisins se rejettent la responsabilité du déclenchement des incidents.
Le Kirghizstan et le Tadjikistan sont parvenus à un cessez-le-feu le 28 janvier, après des affrontements survenus dans la soirée du 27 janvier à la frontière entre ces deux pays d'Asie centrale, au cours desquels des civils et des militaires ont été tués ou blessés.
«Dans le cadre du conflit frontalier, 10 personnes ont été blessées du côté tadjik, six militaires et quatre civils» et «deux citoyens de la République du Tadjikistan» ont été tués, selon le Comité de sécurité nationale de ce pays. Les deux morts sont un homme «tué par un obus de mortier tiré par des soldats kirghizes dans sa cour» et un ambulancier. L'agence de presse privée tadjike Asia-Plus a pour sa part fait état de 17 Tadjiks blessés. De son côté, le ministère de la Santé du Kirghizstan a annoncé qu'au moins 11 Kirghizes avaient été blessés.
Le Comité de sécurité nationale du Kirghizistan a précisé qu'un accord avait été trouvé pour «un cessez-le-feu complet» avec le Tadjikistan, lors d'une réunion entre gouverneurs provinciaux et services frontaliers. Les deux pays voisins ont convenu de retirer leurs troupes, de coordonner les patrouilles à la frontière et d'assurer la circulation sur une route stratégique. Le président kirghiz Sadyr Japarov avait assuré sur Facebook que le conflit serait résolu «pacifiquement, via des négociations», en appelant à «ne pas croire les fausses informations» qui poussent à «l'escalade de la situation». Le Tajikistan a confirmé la négociation d'un accord : «La situation à la frontière est stable, les causes et les facteurs du conflit frontalier sont examinés par une commission conjointe réunissant les structures compétentes des deux parties», a expliqué le Comité de sécurité nationale du Tadjikistan dans un communiqué.
Accusations mutuelles
Chaque partie a communiqué sa propre version des événements du 27 janvier : le Kirghizstan a accusé les troupes tadjikes d'avoir utilisé des mortiers et lance-grenades lors d'un échange de tirs qui aurait commencé juste après 19h30 heure locale (13h30 GMT). Les combats auraient démarré juste après l'acceptation par les deux parties de rouvrir une route bloquée par des citoyens tadjiks. Les autorités tadjikes affirment, elles, que les tensions ont commencé après qu'un groupe de Kirghizes a «arrêté de force» un véhicule tadjik transportant du sable entre deux villages tadjiks. «Les garde-frontières kirghizes [...] ont ouvert le feu sur des civils de la République du Tadjikistan», a ajouté Douchanbé, se plaignant aussi «de vols de drones, violant l'espace aérien» tadjik.
Le Kirghizistan a rétorqué que le Tadjikistan «déform[ait] les informations sur l'utilisation de drones» et qu'au contraire, les garde-frontières tadjiks en avaient récemment utilisé «à des fins de reconnaissance». «Il est préoccupant de voir qu'au lieu de renforcer la section tadjiko-afghane de sa frontière, où se trouvent environ 8 000 combattants d'organisations terroristes, le Tadjikistan soit déterminé à intensifier les conflits à la frontière kirghizo-tadjike», a accusé Bichkek. Le ministère kirghiz des Situations d'urgence a également annoncé l'évacuation de près de 1 500 habitants des villages voisins de la zone du conflit, dans le sud-ouest du du pays.
Au printemps 2021, des combats meurtriers avaient opposé les forces des deux pays non loin de cette zone, autour de l'enclave tadjike de Voroukh, au Kirghizstan. Les tensions sont liées notamment à des questions d'accès à l'eau. Les violences de l'an passé avaient fait près de 60 morts : il s'agissait des combats les plus meurtriers depuis des années. Les deux pays s'opposent régulièrement quant à la délimitation de leurs frontières.