Athènes va bien acheter des frégates françaises, malgré l'offre américaine
- Avec AFP
Alors que Washington vient de proposer à la Grèce l'achat de frégates, une offre entrant directement en concurrence avec celle de Paris, Athènes va finalement acheter trois frégates à la France.
Fin de la petite frayeur susceptible de raviver de récentes tensions entre Paris et Washington. La Grèce va bien acheter trois frégates à la France, a confirmé Athènes ce 11 décembre, coupant court à un possible nouvel imbroglio diplomatico-militaire entre la France et les Etats-Unis après la crise déclenchée à l'automne par un contrat portant sur des sous-marins pour l'Australie.
«L'accord gréco-français est en vigueur et sera poursuivi. Cela a été fait au plus haut niveau possible. Le Premier ministre grec l'a annoncé lui-même», a assuré une source au sein du ministère grec de la Défense à l'AFP, après des déclarations similaires du ministère français des Armées. «La décision du gouvernement est prise [...] Les contrats seront très prochainement remis aux entités compétentes du Parlement en vue d'un vote», a ajouté le ministère grec de la Défense dans un communiqué.
Ils nous ont écrit, nous ont dit "au titre de nos bonnes relations, suite au problème AUKUS, on vous prévient"
Le président français Emmanuel Macron et le Premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis ont conclu en grande pompe, le 28 septembre à l'Elysée, ce contrat de quelque trois milliards d'euros censé illustrer le renforcement de la défense et de la souveraineté européenne, thème cher à la France.
Mais les Etats-Unis ont jeté le trouble le 10 décembre en annonçant avoir donné leur feu vert à une possible vente à la Grèce de quatre frégates, en concurrence avec celle de Paris. Cette annonce a brièvement fait ressurgir le spectre d'une nouvelle crise entre Paris et Washington, après celle des sous-marins.
Les Etats-Unis ont conclu en septembre un partenariat de sécurité (AUKUS) avec l'Australie et le Royaume-Uni qui a torpillé la vente de 12 sous-marins français – qualifiée de «contrat du siècle» – pour plus de 30 milliards d'euros à la Marine australienne. Paris a rapidement déminé le terrain le 11 décembre en expliquant que la vente de frégates à la Grèce était gravée dans le marbre, l'offre américaine caduque et que Washington n'avait rien entrepris dans son dos. «Depuis qu'on est en discussion avec les Grecs, l'offre américaine n'est plus sur la table. Par ailleurs on a signé le contrat avec les Grecs. Il a été paraphé il y a quelques jours», a déclaré le ministère français des Armées à l'AFP.
«Pas de velléité»
Selon l'accord franco-grec, trois frégates de défense et d'intervention (baptisées Belharra à l'export) doivent être construites en France par Naval Group, à Lorient (ouest), pour être livrées à la Marine grecque en 2025 et 2026. L'accord préalable porte également sur une quatrième frégate en option.
Le gouvernement français a aussi souligné avoir été informé cette fois en amont de l'annonce américaine, là où il avait été quasiment mis au pied du mur par l'alliance AUKUS. «Ils nous ont écrit, nous ont dit "au titre de nos bonnes relations, suite au problème AUKUS, on vous prévient"», a-t-on raconté au ministère des Armées. «Il n'y a pas de velléité [de leur part] d'aller plus loin», a assuré Paris expliquant que «ce qu'il s'est passé là, c'est juste la suite d'un processus administratif [d'offre] qu'il était apparemment compliqué pour eux d'arrêter d'un point de vue administratif».