Bruxelles veut suspendre certaines règles d'asile dans les pays frontaliers de la Biélorussie
La Commission européenne propose de permettre à la Pologne, la Lituanie et la Lettonie de suspendre certaines dispositions du droit d'asile pendant six mois, alors qu'une importante crise migratoire a lieu à la frontière avec la Biélorussie.
Selon l'AFP, la Commission européenne a proposé ce 1er décembre de permettre à plusieurs pays frontaliers de la Biélorussie (la Pologne, la Lituanie et la Lettonie) de suspendre certaines dispositions du droit d'asile pendant six mois.
Ces pays, et notamment la Pologne, sont engagés depuis plusieurs semaines dans un bras de fer avec Minsk. En cause : des milliers de réfugiés aux portes de l'Union européenne (UE), bloqués par les garde-frontières, notamment polonais.
D'après la proposition de Bruxelles, ces mesures temporaires permettraient aux trois pays d'étendre la période d'enregistrement des demandes d'asile à quatre semaines, au lieu des 10 jours maximum actuels, et de porter à 16 semaines le délai d'examen d'une demande.
Crise humanitaire... et diplomatique
La crise humanitaire en cours à la frontière biélorusse depuis début novembre a rapidement viré à l'affrontement diplomatique.
La Pologne accuse en effet la Biélorussie – mais aussi la Russie, sans preuve – d'orchestrer une vague migratoire à sa frontière, qu'elle qualifie d'«attaque». Les Etats membres de l'UE affirment que le président biélorusse Alexandre Loukachenko alimente la crise en délivrant des visas à des migrants et en les acheminant à la frontière pour se venger de sanctions européennes.
Minsk a dénoncé des accusations «sans fondements» et considère que Varsovie et ses alliés occidentaux font monter délibérément la tension pour prendre des sanctions à son encontre. «Nous ne pouvons pas lancer une guerre pour ouvrir un couloir vers l'Allemagne», a récemment lancé le dirigeant biélorusse à des migrants lors d'un discours prononcé dans un centre d'accueil. Les autorités biélorusses dénoncent en outre régulièrement le traitement réservé par les forces polonaises aux réfugiés.
Les tensions sont néanmoins légèrement retombées sur le plan diplomatique dans la foulée de deux entretiens téléphoniques entre Alexandre Loukachenko et la chancelière allemande Angela Merkel mi-novembre. Des vols ont transporté récemment des migrants depuis la Biélorussie vers l'Irak, et d'autres sont prévus pour ces 26 et 27 novembre. Ainsi, plusieurs centaines de migrants ont déjà quitté la Biélorussie pour regagner leur pays d'origine.