Crise des migrants : Minsk ne veut pas «lancer une guerre pour ouvrir un couloir vers l'Allemagne»
Le chef d'Etat biélorusse, Alexandre Loukachenko, s'est adressé ce 26 novembre à des migrants dans un centre d'accueil non loin de la frontière avec la Pologne, où les tensions se sont accumulées ces dernières semaines.
Alors que la crise diplomatique autour de la frontière polono-biélorusse a perdu en intensité ces derniers jours, le président biélorusse Alexandre Loukachenko s'est adressé à des migrants dans un centre d'accueil situé non loin du point de passage de Bruzgi, ce 26 novembre.
«Si certains d'entre vous veulent aller en Occident, c'est votre droit. Nous n'essaierons pas de vous arrêter, de vous frapper, de vous retenir derrière des fils de fer barbelé», a lancé le chef d'Etat, lors de ce déplacement impromptu. D'après l'agence biélorusse Belta, le dirigeant a appelé l'Allemagne à accueillir ces migrants, faisant valoir que, pour le pays le plus peuplé de l'Union européenne, «2 000 personnes, ce n'est pas un gros problème». En tout état de cause, nombre de ces migrants bloqués à la frontière polonaise, côté biélorusse, comptent pénétrer le territoire de l'Union européenne afin de se rendre en Allemagne.
Dans le même temps, Alexandre Loukachenko a tenu à souligner qu'il ne souhaitait pas encourager une telle migration au prix d'une escalade des tensions internationales : «Comprenez, nous ne pouvons pas lancer une guerre pour ouvrir un couloir vers l'Allemagne», a déclaré le président biélorusse à l'adresse des migrants.
Le centre d'accueil où s'est déroulée la scène a été ouvert la semaine dernière, selon l'AFP, après le démantèlement d'un camp de fortune à la frontière accueillant quelque 2 000 personnes.
Baisse relative des tensions
Depuis le début du mois de novembre, plusieurs milliers de migrants, principalement originaires du Moyen-Orient, sont massés à la frontière entre la Biélorussie et la Pologne, côté biélorusse.
La Pologne accuse la Biélorussie – mais aussi la Russie, sans preuve – d'orchestrer une vague migratoire à sa frontière, qu'elle qualifie d'«attaque». Les Etats membres de l'Union européenne affirment que le président biélorusse Alexandre Loukachenko alimente la crise en délivrant des visas à des migrants et en les acheminant à la frontière pour se venger de sanctions européennes. Minsk a dénoncé des accusations «sans fondements» et considère que Varsovie et ses alliés occidentaux font monter délibérément la tension pour prendre des sanctions à son encontre. Les garde-frontières biélorusses ont en outre affirmé que les autorités polonaises s'étaient rendues responsables de divers abus à l'encontre des migrants, comme l'usage de gaz lacrymogène et l'emploi de haut-parleurs et de projecteurs la nuit.
Les tensions sont néanmoins légèrement retombées sur le plan diplomatique, dans la foulée de deux entretiens téléphoniques entre Alexandre Loukachenko et la chancelière allemande Angela Merkel mi-novembre. Des vols ont en outre transporté, récemment, des migrants depuis la Biélorussie vers l'Irak, et d'autres sont prévus pour ces 26 et 27 novembre. Ainsi, plusieurs centaines de migrants ont déjà quitté la Biélorussie pour regagner leur pays d'origine.
La situation à la frontière est toutefois loin d'être apaisée : le 25 novembre, Varsovie a accusé les forces biélorusses d'avoir aveuglé leurs homologues polonaises avec «des lampes stroboscopiques et des lasers à lumière verte et rouge intense», tandis que plus de 230 migrants tentaient de forcer la frontière. La Biélorussie, de son côté, a démenti à plusieurs reprises toute implication dans les tentatives d'intrusion de demandeurs d'asile dans le pays voisin.