Règlement du conflit ukrainien : Moscou rend publiques des correspondances avec Paris et Berlin
Alors que la France et la Russie se renvoient la responsabilité de la non tenue d'une réunion au format Normandie, la diplomatie russe a décidé de dévoiler des échanges écrits avec ses homologues. Ceux-ci mettent en lumière leurs divergences.
«Récemment, la position de la Russie ainsi que son rôle dans le règlement interne [de la crise ukrainienne] et l'approche concernant l'organisation d'une éventuelle réunion ministérielle au format Normandie ont été déformés», déplore le ministère russe des Affaires étrangères dans un communiqué publié ce 17 novembre. Une référence, notamment, à la non tenue d'une réunion au format Normandie (Russie, France, Allemagne, Ukraine) un temps prévue pour le 11 novembre, pour laquelle Paris et Moscou se renvoient la responsabilité.
Or, afin d'empêcher «de futures spéculations», la diplomatie russe a pris une décision peu orthodoxe : rendre publique une correspondance du ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov avec ses homologues allemand et français.
Au total, le ministère russe des Affaires étrangères a publié sur son site trois lettres signées Sergueï Lavrov : du 29 octobre (accompagnée d'un projet de déclaration commune en vue d'une éventuelle réunion au format Normandie), du 6 et du 16 novembre. Les autres documents dévoilés sont des messages des parties allemande et française, et en particulier une réponse à la lettre russe du 29 octobre par les ministres Heiko Maas et Jean-Yves Le Drian, datée du 4 novembre.
Des divergences mises en lumière
Dans leur message du 4 novembre, les chefs des diplomaties française et allemande expriment leur désaccord avec certaines «estimations» de la Russie, comme le fait de parler de «conflit interne ukrainien» ou de présenter Moscou comme un «médiateur à côté de l'OSCE [l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe] dans le Groupe de contact trilatéral [Ukraine, Russie, OSCE]».
Heiko Maas et Jean-Yves Le Drian déclarent également que certaines propositions russes «n'obtiendront sûrement pas l'approbation des Etats du format Normandie», comme la mise en place d'un «dialogue direct» entre Kiev et les républiques autoproclamées du Donetsk et de Lougansk. Partant, les ministre allemand et français proposent un projet alternatif d’accord final en vue d'une éventuelle réunion au format Normandie, «mieux adapté pour parvenir à un consensus» entre les parties. Parmi les propositions des deux nations occidentales figurent «un accord sur une nouvelle libération et un nouvel échange de détenus liés au conflit» ainsi qu'un accès sécurisé pour la Mission spéciale d'observation de l'OSCE en Ukraine à l'intégralité du pays, y compris les territoires non contrôlés par le gouvernement ukrainien.
Dans son message du 6 novembre, note l'agence Interfax, Sergueï Lavrov juge la réponse de Paris et Berlin «décevante» et estime que les différents points de leur proposition soit ne nécessitent pas la convocation d'une réunion des ministres des Affaires étrangères au format Normandie, soit contredisent les accords de Minsk.
Enfin, dans sa lettre du 16 novembre, le chef de la diplomatie russe dénonce des déformations de la position de Moscou sur le dossier ukrainien, qui transparaîtraient selon lui dans une déclaration conjointe de ses homologues français et allemand du 15 novembre. «[Dans cette déclaration] vous nous avez menacé de "conséquences" pour de prétendues tentatives de porter atteinte à l'intégrité territoriale de l'Ukraine, vous nous avez accusés d'un "nouveau refus" de participer à la réunion ministérielle au "format Normandie". Vous savez pertinemment que ni le premier point ni le second ne correspondent à la réalité. Dans le même temps, vous continuez d'ignorer le sabotage des accords de Minsk par Kiev, oubliant que leur mise en œuvre a pour vocation de réintégrer le Donbass à l'Ukraine et de restaurer ainsi son intégrité territoriale», s'indigne ainsi Sergueï Lavrov.
Reste donc à savoir quand les quatre parties du format Normandie parviendront, de nouveau, à surmonter leurs divergences pour se remettre à la table des négociations.