Sous égide américaine, premières manœuvres navales conjointes entre Israël, les Emirats et Bahreïn
- Avec AFP
Un an après la normalisation de leurs relations, il s'agit de la première collaboration militaire en mer entre ces pays arabes et l'Etat hébreu. La marine des Etats-Unis mène cet exercice de cinq jours visant à faire face à la «menace» iranienne.
Le 11 novembre, plusieurs sources militaires ont fait savoir que les Emirats arabes unis et Bahreïn étaient en train de mener leurs premières manœuvres navales conjointes avec Israël, un an après la normalisation des relations de ces pays du Golfe avec l'Etat hébreu et dans un contexte de tensions avec l'Iran.
Les manœuvres ont commencé le 10 novembre et dureront cinq jours. Elles se déroulent dans la mer Rouge, adjacente au stratégique canal de Suez et dont les rives sont notamment partagées par l'Egypte, l'Arabie saoudite et le Yémen en guerre, selon un communiqué de la marine américaine. C'est cette dernière qui mène l'exercice.
«C'est passionnant de voir les forces américaines s'entraîner avec des partenaires régionaux pour améliorer nos capacités collectives de sécurité maritime», a déclaré le vice-amiral Brad Cooper, chef du Commandement central des forces navales américaines (Navcent) cité par le communiqué. «La collaboration maritime aide à préserver la liberté de navigation et les flux libres commerciaux, qui sont essentiels pour la stabilité et la sécurité régionales», a-t-il ajouté.
Il s'agit de la première collaboration militaire en mer entre les Emirats, Bahreïn et Israël depuis l'établissement de liens diplomatiques entre ces pays arabes et l'Etat hébreu en septembre 2020.
En 2020, Israël et les Emirats avaient participé à un exercice aérien en Grèce. Et en octobre 2021, le chef de l'aviation émiratie – le général Ibrahim Nasser Mohammed al-Alawi – s'était rendu dans le sud d'Israël pour assister à «Blue Flag», le plus important exercice aérien organisé par Israël.
L'Iran en ligne de mire
Outre le renforcement de la coopération avec de nouveaux partenaires régionaux, l'exercice en mer Rouge vise à préserver les mers de l'influence de l'Iran, ennemi numéro un de l'Etat hébreu, selon un responsable de l'armée israélienne qui s'exprimait auprès de l'AFP sous couvert d'anonymat.
«[Cet exercice] va accroître notre coopération et la sécurité en mer, et pas simplement en mer Rouge, car nous sommes aux prises avec le terrorisme de l'Iran qui s'est manifesté il y a quelques mois avec le Mercer Street», a déclaré ce responsable, évoquant la «menace» iranienne.
Le 29 juillet, le MT Mercer Street, un pétrolier géré par une société appartenant à un milliardaire israélien, a été la cible d'une attaque de drone au large d'Oman, fatale à un agent de sécurité britannique et à un membre d'équipage roumain. Les Etats-Unis, le Royaume-Uni et Israël ont très rapidement pointé du doigt l'Iran, qui a démenti toute implication, sur fond d'attaques et de sabotages en série dans les eaux de la région.
«L'enchâssement de l'Iran [dans la région] ne se fait pas qu'avec des guérillas qui œuvrent par procuration [...] mais se joue aussi en mer», a ajouté ce responsable israélien, en citant les manoeuvres iraniennes qui ont eu lieu en début de semaine dans le détroit d'Ormuz. Reliant le golfe à la mer d'Oman, ce lieu est stratégique pour le transport d'hydrocarbures. Les Emirats, Bahreïn et Israël ont comme préoccupation commune l'Iran, accusé d'avoir orchestré des attaques contre des navires dans ce détroit et en mer Rouge.
«Les Israéliens peuvent déclencher [une attaque contre l'Iran] mais c'est nous qui déciderons de son issue», a de son côté déclaré le général iranien Amirali Hajizadeh, chef de la branche aérospatiale des Gardiens de la Révolution, force armée qui dépend directement du Guide de la Révolution, le chef de l'Etat iranien.