Le militant panafricaniste Kémi Séba dit avoir été expulsé du Burkina Faso
Kémi Séba aurait de nouveau été expulsé d'un pays africain. L'activiste panafricaniste a déclaré avoir été expulsé du Burkina Faso, alors qu'il devait participer à une «marche de protestation contre la présence militaire française au Sahel».
L'activiste franco-béninois Kémi Séba «a été expulsé [le 30 octobre] du Burkina Faso et vient d'atterrir à Cotonou», a indiqué à l'AFP Hery Djehuty, coordinateur international d'Urgences Panafricanistes (l'ONG de Kémi Séba), sans toutefois préciser les raisons de cette expulsion.
A l'invitation du mouvement Coalition des patriotes du Burkina Faso (COPA - BF), Kémi Séba devait initialement prendre part à Bobo-Dioulasso (situé à 360 kilomètres à l'ouest de Ouagadougou), à une «marche de protestation contre la présence militaire française au Sahel». «Aucun motif ne m'a été notifié», a déclaré à l'AFP le militant, confirmant son interpellation et son expulsion.
Je suis venu pour une mobilisation pacifique contre le néocolonialisme [...] et en tant que citoyen de l'espace de la CEDEAO
«Je suis arrivé le 28 octobre [à Ouagadougou, où] j'ai donné des interviews avant de prendre la route vendredi pour Bobo-Dioulasso. On s'est fait arrêter par des policiers qui m'ont juste dit qu'ils exécutaient des ordres», a-t-il expliqué. «Je suis venu pour une mobilisation pacifique contre le néocolonialisme [...] et en tant que citoyen de l'espace de la CEDEAO [Communauté des Etats de l'Afrique de l'Ouest], j'ai le droit de bouger librement dans les pays de cette zone», a-t-il précisé.
«J'ai été gardé à vue sans manger. On ne m'a pas laissé voir un avocat. On m'a ramené à Ouagadougou. On est venu me chercher [le 30 octobre au matin] pour me conduire à l'aéroport sans me dire où j'étais conduit ni faire de test Covid. On était pressé de m'expulser», a poursuivi le militant.
Les autorités burkinabés ont interdit une manifestation pour «risques de troubles»
Jointe par l'AFP, une source administrative burkinabè, a expliqué que la manifestation en question était interdite par le gouverneur de la région, évoquant des «risques de troubles». Précisons que Kémi Séba avait été condamné en décembre 2019 à deux mois de prison avec sursis au Burkina pour «outrage» au président Roch Marc Christian Kaboré.
Ce n'est pas la première fois que Kémi Séba est expulsé d'un pays africain. Engagé dans une campagne active contre le franc CFA, l'homme âgé de 39 ans est interdit d’entrée dans plusieurs pays africains. Après le Sénégal, où il a été expulsé en septembre 2017 pour avoir brûlé publiquement un billet de 5 000 francs CFA, il avait été refoulé de Guinée le 2 mars 2018, où il devait participer à une conférence. Il est également interdit d’entrée sur le territoire togolais, du fait de son soutien à un collectif d’artistes opposé au président du pays, Faure Gnassingbé.
De son vrai nom Stellio Capochichi, Kémi Séba est l'ex-leader de la Tribu Ka, une organisation qui prônait la séparation entre les Noirs et les Blancs, et qui a été dissoute par le gouvernement français en 2006. Condamné plusieurs fois en France pour incitation à la haine raciale, le militant anime aujourd'hui le mouvement Urgences panafricanistes. Kémi Séba est très suivi sur les réseaux sociaux car il appelle, entre autres, à «l'autodétermination des Afro-descendants».