«Meta» : Facebook change de nom... pour faire oublier sa mauvaise réputation ?

«Meta» : Facebook change de nom... pour faire oublier sa mauvaise réputation ?© Facebook Source: Reuters
Mark Zuckerberg et le logo de Meta, le 28 octobre 2021.
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Le géant californien des réseaux sociaux s'appellera dorénavant Meta et veut créer l'internet du futur avec le «métavers», une mode virtuel complet en 3D. Une annonce qui survient alors que l'entreprise est de plus en plus critiquée.

Le 28 octobre, lors d'une présentation de 80 minutes, Mark Zuckerberg a annoncé le changement de nom et de logo de Facebook, l’entreprise qu’il a fondée il y a 17 ans. Le groupe – qui est la maison-mère de Facebook, WhatsApp, Instagram, Messenger et Oculus – s'appelle désormais Meta, et a comme logo un signe bleu semblable à celui de l'infini. Une façon de faire oublier les nombreuses polémiques qui ont entaché la réputation de Facebook au fil des années ? 

Ce nouveau nom correspond aux grandes ambitions du groupe californien, qui envisage de créer le «métavers» (metaverse, en anglais), un terme issu de la littérature de science-fiction cyberpunk il y a un peu plus de 30 ans. Ce métavers est un «univers virtuel fictif, dans lequel les individus pourraient évoluer dans des espaces persistants et partagés, en trois dimensions». Mark Zuckerberg l'imagine comme étant la future plateforme majeure de connexion à Internet, censée supplanter nos écrans actuels d'ici à la fin de la décennie.

Le métavers est la prochaine frontière. C'est la promesse ultime, qui permettra de rapprocher les gens, d'avoir une sensation de présence, de pouvoir se téléporter n'importe où.

Une évolution que le PDG de Facebook – désormais Meta – décrit en ces termes : «Internet ne cesse d'évoluer. Nous sommes passés des PC aux smartphones, et du texte aux photos puis aux vidéos, et cela n'est pas fini [...] La prochaine plateforme sera encore plus immersive – une sorte d'Internet palpable, où vous serez dans l'expérience au lieu de la regarder. Nous appelons cela le métavers. C'est la prochaine frontière. C'est la promesse ultime, qui permettra de rapprocher les gens, d'avoir une sensation de présence, de pouvoir se téléporter n'importe où.» 

Ce «nouveau monde» – qui n'est pas sans rappeler l'univers virtuel inquiétant de Matrix – pourra être rejoint par un écran connecté classique, mais surtout via un casque de réalité virtuelle ou des lunettes de réalité augmentée. Meta souhaite créer des lunettes d'apparence classique, mais qui permettront de voir «au-delà du monde physique». Cependant, ce projet baptisé Project Nazare n’a pas encore de date de sortie, comme le précise 20 Minutes.

Au moins 10 milliards de dollars par an pendant plusieurs années

Ce grand projet métavers ne devrait pas aboutir avant la fin de la décennie 2020. Il coûtera 10 milliards de dollars en 2021, et Mark Zuckerberg a prévenu que cet investissement augmenterait au fil des années. 10 000 salariés y travaillent d'ores et déjà dans le département Facebook Reality Labs aux Etats-Unis, et Facebook a annoncé le recrutement dans les cinq prochaines années de 10 000 ingénieurs et développeurs supplémentaires en Europe. 

Et pour cause : il s'agit pour Meta de bâtir un «monde parallèle» aux possibilités variées. Jouer à des jeux, se retrouver entre amis, assister à des évènements virtuels, faire du sport, travailler... «On utilisera sûrement des avatars hyper réalistes pour le monde du travail, mais aussi d'autres plus cartoons voire totalement fantaisistes pour d'autres activités», a expliqué Mark Zuckerberg, en prédisant que «les avatars deviendront aussi communs que les photos de profil aujourd'hui, mais ils produiront des interactions beaucoup plus riches grâce aux expressions faciales et au langage du corps.» Les utilisateurs pourront habiller leurs avatars grâce à des objets virtuels, et créer un «chez-soi virtuel».

C'est ainsi que Meta entend rentabiliser son univers virtuel : alors que, comme le rappelle Le Figaro, 95% des revenus de Facebook provenaient de ses activités publicitaires, la firme californienne entend faire du commerce l’une des priorités de sa diversification. Mark Zuckerberg l’a énoncé sans ambages lors d'échanges avec des analystes financiers : «Si vous allez dans le métavers tous les jours, vous aurez besoin de vêtements virtuels, d’outils virtuels, et de vivre des expériences variées. Notre but est que ce marché atteigne les centaines de milliers de dollars. […] Je m’attends à une hausse massive de l’économie de la création et du commerce des biens digitaux.»  

Autre objectif annoncé par le multimilliardaire de 37 ans : rendre Facebook/Meta indépendant des constructeurs d'appareils connectés. «Etre un acteur stratégique de la prochaine plateforme de connexion à internet devrait aussi réduire notre dépendance envers nos concurrents», a-t-il expliqué.

Panne historique, Facebook files, données personnelles... l'entreprise de Mark Zuckerberg au cœur de nombreuses polémiques

Nul doute qu'avec ce chantier pharaonique, Mark Zuckerberg entend donner un prestige futuriste à son entreprise, à l'heure ou ses camarades milliardaires de la Silicon Valley se lancent dans la conquête spatiale. 

Une annonce et un lifting qui tombent à point nommé pour Facebook, dont l'image ne cesse de se dégrader en raison de nombreuses polémiques. Le 4 octobre, Facebook, Instagram, WhatsApp et Messenger ont été victimes d'une panne massive sans précédent, et non sans conséquence sur le plan économique : le cours en bourse de l'entreprise de Mark Zuckerberg avait alors lourdement chuté. 

Le lendemain, devant une commission sénatoriale aux Etats-Unis, l'ex-salariée américaine de Facebook Frances Haugen – présentée par certains comme une «lanceuse d'alerte» – a accusé le groupe d'être à l'origine de plusieurs dérives, avec plusieurs dizaines de milliers de documents à l'appui. «Je suis ici aujourd'hui parce que je crois que les produits de Facebook font des dégâts sur les enfants, sèment la division et affaiblissent notre démocratie», avait-elle déclaré, et avait par conséquent appelé à une meilleure régulation du réseau social par le Congrès des Etats-Unis.

L'ONG Real facebook oversight board affirme quant à elle ne pas être dupe de la stratégie du membre des GAFAM : «Changer de nom ne change pas la réalité : Facebook détruit notre démocratie et est le premier colporteur de haine et de désinformation. [...] Ce changement de nom ne doit pas nous détourner du besoin d'enquêtes, de régulation et d'un véritable conseil de surveillance indépendant pour responsabiliser Facebook.»

Facebook est également décrié depuis de nombreuses années en raison de son addiction aux données personnelles de ses utilisateurs. Comme l'indique Le Figaro, l'entreprise a vu ses recettes publicitaires légèrement décroître en raison de la nouvelle politique de confidentialité d’Apple déployée sur les iPhone (baptisée App tracking transparency), qui réduit la captation des données personnelles. Une autre problématique que Mark Zuckerberg entend régler grâce au métavers. 

«Un cancer de la démocratie qui se métastase»

Suite à l'annonce du rebaptême de Facebook, son concurrent Twitter a publié un message faisant indirectement référence aux polémiques entourant Facebook. Le réseau à l'oiseau bleu y affirme que le seul Meta qu'elle reconnaît est celui de son équipe d'apprentissage automatique, d'éthique, de transparence et de responsabilité (Machine learning, Ethics, Transparency and Accountability, en anglais).

L'élue démocrate au Congrès Alexandria Ocasio-Cortez s'est quant à elle exprimée comme suit : «Meta comme dans "nous sommes un cancer de la démocratie qui se métastase en une machine de surveillance et de propagande mondiale pour renforcer les régimes autoritaires et détruire la société civile... pour le profit !»

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