«Décision politique» : des ONG dénoncent Israël après avoir été classées «organisations terroristes»
- Avec AFP
Accusées par Israël d'être liées à l'organisation marxiste palestinienne FPLP, six ONG palestiniennes ont été placées sur sa liste des «organisations terroristes». Des organisations de défense des droits de l'Homme ont fustigé la décision.
Le gouvernement israélien a annoncé ce 22 octobre avoir placé sur sa liste des «organisations terroristes» six ONG palestiniennes liées selon lui au Front populaire de libération de la Palestine (FPLP), une décision aussitôt fustigée par des organisations de défense des droits de l'Homme.
L'Etat hébreu, de même que l'Union européenne, considèrent depuis des années le FPLP, groupe armé palestinien d'obédience marxiste, comme une organisation terroriste. Et de nombreuses personnalités liées à ce mouvement, qui compte aussi une branche politique, ont été écrouées ces dernières années. Par ailleurs, une trentaine d'employés d'ONG internationales, dont huit nouveaux chefs de poste, sont actuellement coincés à l'étranger dans l'attente des autorisations pour entrer en Israël, a appris l'AFP de sources humanitaires.
Le ministère israélien de la Défense a annoncé ce 22 octobre avoir placé six ONG palestiniennes, dont les organisations de défense des droits de l'Homme al-Haq et Addameer, sur sa liste noire, les accusant d'être liées au FPLP. «Ces organisations font partie d'un réseau d'organisations qui, sous couvert d'activités internationales, dépendent du FPLP pour soutenir ses objectifs et promouvoir ses activités», affirme un communiqué du bureau du ministre israélien de la Défense, Benny Gantz.
«Sous couvert d'activités civiles, ces organisations sont liées à la direction du FPLP qui appelle à la destruction d'Israël par des actes terroristes», dénonce le ministre de la Défense. Selon lui, «ces organisations bénéficient d'aides d'Etats européens et d'organisations internationales obtenues de manière frauduleuse».
«Cet argent a permis au FPLP de financer les familles des prisonniers [palestiniens en Israël] et des auteurs d'attentats, de payer des salaires à ses membres, de renforcer ses activités terroristes et de diffuser son idéologie», a-t-il affirmé, appelant la communauté internationale à «couper tous les contacts avec des associations et organisations qui offrent du soutien au terrorisme».
Une décision «épouvantable», «injuste» et «alarmante»
«Il s'agit d'une décision politique, pas sécuritaire, qui s'inscrit dans une longue campagne menée par Israël contre les ONG palestiniennes afin de les faire taire», a commenté auprès de l'AFP Shawan Jarareen, directeur de l'ONG al-Haq. L'ONG israélienne anticolonisation B'Tselem a fustigé la décision des autorités israéliennes, la qualifiant de «digne des régimes totalitaires».
Dans un communiqué conjoint, Amnesty International et Human Rights Watch ont dénoncé une décision «épouvantable», «injuste» et «alarmante» qui «menace» le travail de certaines des plus «importantes» ONG palestiniennes. L'Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas, qui a d'ailleurs rencontré récemment Benny Gantz, a qualifié la décision d'Israël «d'assaut perturbant contre la société civile palestinienne».
Le 18 octobre, Israël avait déjà annoncé avoir révoqué le statut de résident de Jérusalem du franco-palestinien Salah Hamouri, un des principaux avocats de l'ONG Addameer, qui défend les prisonniers palestiniens en Israël. En octobre 2020, Israël avait aussi qualifié le «Pôle démocratique progressiste», bras étudiant du FPLP, d'organisation «illégale et terroriste».