Plus de 670 institutions financières européennes impliquées dans les colonies israéliennes
- Avec AFP
Selon un rapport d'ONG, des groupes financiers européens seraient impliqués dans des transactions avec des entreprises liées aux colonies israéliennes. Le montant total s'élèverait à plusieurs dizaines de milliards d'euros.
Selon un rapport publié ce 29 septembre par une vingtaine d'organisations, plus de 670 institutions financières européennes auraient été impliquées, lors des trois dernières années, dans des transactions avec des entreprises liées aux colonies israéliennes dans les Territoires palestiniens, qui sont illégales au regard du droit international.
Au total, 255 milliards de dollars (soit environ 219 milliards d'euros) ont été engagés dans des transactions entre ces institutions financières (banques, assureurs, fonds de pension) et ces entreprises liées aux colonies israéliennes, d'après un rapport préfacé par Michael Lynk, rapporteur spécial de l'ONU sur la situation des droits de l'Homme dans les Territoires palestiniens.
Le rapport élaboré par une vingtaine d'organisations palestiniennes et européennes – dont la Fédération internationale des droits de l'Homme (FIDH) – précise qu'entre 2018 et mai 2021, 114 milliards de dollars ont été fournis à des sociétés impliquées dans les colonies sous forme de prêts et de souscriptions par des institutions bancaires européennes. En tête de celles-ci se trouvent BNP Paribas (17,30 milliards de dollars), Deutsche Bank (12,03 milliards) et HSBC (8,72 milliards).
Des fonds fournis à des entreprises israéliennes, américaines et européennes
Des entreprises comme Airbnb, Alstom, Caterpillar ou Siemens, ou encore les grandes banques israéliennes Hapoalim et Leumi et le géant de l'alimentation Rami Levi font partie des entreprises impliquées dans les colonies et à qui ces créanciers ont fourni des fonds de manière directe ou indirecte, est-il précisé dans le rapport.
D'autres institutions telles que le Norvégien Government Pension Fund Global ou le groupe français BPCE ont investi dans des entreprises au titre de participations et d'obligations, à hauteur de 141 milliards de dollars, soutient le rapport qui appelle à cesser ces opérations.
Malgré la précision de la loi sur l'illégalité des colonies et les informations solides sur leur impact négatif sur les droits humains, les colonies israéliennes continuent d'attirer des sociétés internationales
«Malgré la précision de la loi sur l'illégalité des colonies et les informations solides sur leur impact négatif sur les droits humains, les colonies israéliennes continuent d'attirer des sociétés internationales», a regretté Michael Lynk. Selon lui, ces institutions financières fournissent aux colonies «l'oxygène économique indispensable à leur croissance» et participent à une forme de «légitimation politique» des implantations.
En 2020, l'ONU avait publié une liste de 112 sociétés ayant des activités dans les colonies, dont Airbnb et Tripadvisor. En juillet dernier, le fabricant américain de glaces Ben&Jerry's a annoncé l'arrêt de la commercialisation de ses produits dans les colonies, suscitant de vives critiques de dirigeants israéliens.
Le gouvernement israélien combat quant à lui farouchement le mouvement BDS (boycott, désinvestissement et sanctions), qui appelle au boycott économique, culturel et universitaire d'Israël, dans le but d'obtenir la fin de l'occupation et de la colonisation des Territoires palestiniens.
Plus de 600 000 Israéliens vivent actuellement en Cisjordanie et à Jérusalem-Est dans des colonies considérées comme illégales par le droit international, tandis qu'un peu plus de trois millions de Palestiniens habitent dans ces territoires occupés par Israël depuis 1967.