«Vous n'avez pas honte Castex ?» : la visite de la vice-présidente colombienne indigne la gauche

«Vous n'avez pas honte Castex ?» : la visite de la vice-présidente colombienne indigne la gauche© Adriano Machado Source: Reuters
La vice-présidente et ministre colombienne des Affaires étrangères Marta Lucia Ramirez s'exprime lors d'une conférence de presse à Brasilia (Brésil), le 12 août 2021.
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Le Premier ministre a reçu la vice-présidente colombienne à Matignon. Plusieurs personnalités de gauche se sont indignées qu'un tel accueil soit réservé à la représentante d'un gouvernement qu'ils jugent répressif et aux mains des paramilitaires.

«Marta Lucia Ramirez, vice-présidente de Colombie reçue par [Jean] Castex. Un des régimes les plus cruels du monde : 75 morts, 129 disparus des manifs en mai, 133 leaders sociaux assassinés depuis janvier. Etat voyou, aux mains des paramilitaires d'extrême-droite. Vous n'avez pas honte Castex ?». C'est par ces mots que le chef de file de La France insoumise (LFI) Jean-Luc Mélenchon a tancé le Premier ministre qui recevait le 5 octobre Marta Lucia Ramirez, vice-présidente et ministre des Affaires étrangères de Colombie. 

«Rencontre précieuse avec le Premier ministre français Jean Castex !» s'est pour sa part réjouie l'intéressée. «Nous avons abordé des questions d'importance stratégique pour nos pays, telles que l'investissement, la migration, la sécurité et les droits de l'homme. Nous sommes d'accord sur l'intérêt d'approfondir notre relation et de renforcer les liens d'amitié», a-t-elle ajouté.

Jean Castex n'a pas fait de commentaire à l'issue de cette rencontre. Rien non plus dans la communication de la ministre des armées Florence Parly qui a également reçu la femme politique colombienne pour discuter, selon Marta Lucia Ramirez, de «l'importance de renforcer notre relation stratégique sur les questions de défense et de sécurité, ainsi que la coopération dans la lutte contre le trafic de drogue».

«Accusée de corruption, en bonne place dans les révélations des "Pandora Papers", amie des paramilitaires d'extrême droite, responsable de la répression des mouvements sociaux et démocratiques en Colombie, Marta Lucia Ramirez est aujourd'hui reçue en grande pompe par Castex. Honteux.» a dénoncé la députée Clémentine Autain.

Dans la même veine, le maire écologiste de Grenoble Eric Piolle a interpellé le Premier ministre : «Bonjour Jean Castex, allez-vous demander des explications à Marta Lucia Ramirez pour toutes ces personnes tuées ou disparues lors des manifestations en Colombie ? Et concernant sa mention dans les Pandora Papers ? Ainsi que sa proximité avec les paramilitaires d'extrême droite ?»

«Vous n'êtes pas la bienvenue en France, La France est le pays de la liberté !»

Après sa rencontre avec le Premier ministre et la ministre des Armées, Marta Lucia Ramirez a été reçue à la Maison de l'Amérique latine, boulevard Saint-Germain à Paris où des Colombiens résidents en France l'ont accueillie aux cris de «assassin !», «Pandora Papers !», «vous n'êtes pas la bienvenue en France, La France est le pays de la liberté !».

Après que son nom est apparu dans le scandale déclenché par les Pandora Papers où des politiciens du monde entier sont soupçonnés d'évasion fiscale, Marta Lucia Ramirez a démenti avoir commis une quelconque irrégularité en assurant avoir agi «conformément à la loi» pour créer une entreprise à l'étranger et investir en bourse.

Concernant la répression dont la vice-présidente et son gouvernement sont accusés, elle fait référence aux manifestations qui avaient eu lieu en mai dernier en Colombie.

Face à l'ampleur des manifestations, qui ont réuni des centaines de milliers de personnes, en grande majorité pacifiques, le gouvernement du président de droite libérale Ivan Duque, a lancé une répression sanglante qui s'est soldée par la mort de plusieurs dizaines de personnes, de centaines de blessés et des dizaines de disparus. Le mentor d'Ivan Duque, l'ancien président Alvaro Uribe, accusé d'être un proche des narcotrafiquants colombiens et notamment de Pablo Escobar, a encouragé dès le 30 avril les forces de l'ordre à utiliser leurs armes contre les manifestants. Uribe, dont Marta Lucia Ramirez avait été la ministre de la Défense de 2002 à 2003.

Meriem Laribi

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