Argentine : sous la pression de la rue et de sa vice-présidente, Fernandez remanie le gouvernement
Sous pression maximale, le président argentin Alberto Fernandez a annoncé un remaniement ministériel afin de sortir d'une crise politique provoquée par un revers électoral de sa majorité.
Pressé de toute part pour prendre des mesures de changement, le président argentin Alberto Fernandez a annoncé le 17 septembre un remaniement gouvernemental après plusieurs jours d'incertitude politique à la suite de la dure défaite de sa majorité, Frente de Todos (FdT), aux primaires obligatoires du 12 septembre qui précédaient les élections législatives de novembre.
Pour ne rien arranger pour le président de centre-gauche, des milliers de personnes ont défilé dans les rues de Buenos Aires le 16 septembre, dénonçant la crise économique dont ils souffrent au milieu d'une pandémie qui a durement affecté ce pays latino-américain. Le jour même, Alberto Fernandez était défié à sa gauche par sa vice-présidente Cristina Kirchner (présidente de gauche du pays de 2007 à 2015) qui, publiant une lettre ouverte, fustigeait sa gestion de la crise et lui réclamait un changement de gouvernement, imputant la récente défaite électorale au cap économique assumé par le chef de l'Etat. La veille, cinq ministres proches de l'ancienne présidente avaient déposé leur démission, mais celle-ci n'avait pas été acceptée.
C'est dans ce contexte que le président, sous pression maximale, a annoncé des changements dans six ministères et un secrétariat. Juan Manzur, gouverneur de la province de Tucuman, a été nommé chef du conseil des ministres, en remplacement de Santiago Cafiero, un des membres de l'exécutif les plus contestés par Kirchner. Cafiero a toutefois été nommé chef de la diplomatie, à la place de Felipe Sola, qui se trouve au Mexique. Les nouveaux ministres sont Anibal Fernandez (Sécurité), Julian Dominguez (Elevage, Agriculture et Pêche), Juan Perzyck (Education) et Daniel Filmus (Science et Technologie). Juan Ross est le nouveau secrétaire à la Communication et à la Presse, à la place de Juan Pablo Biondi, que la vice-présidente avait critiqué ouvertement en l'accusant d'organiser des «opérations de off» à son encontre. Il s'agit de discussions avec les journalistes sous le couvert de l'anonymat.
Alberto Fernandez et une partie de son cabinet partageront ce 18 septembre un déjeuner de travail avec des gouverneurs de tout le pays dans la province de La Rioja. Ce sera la première apparition publique du président après les récents épisodes.
Meriem Laribi