Afghanistan : l'ONU appelle les Taliban à garantir les départs, pas de «safe zone» à Kaboul
Le Conseil de sécurité a adopté une résolution intégrant les engagements pris par les Taliban en vue du départ des personnes autorisées à quitter l'Afghanistan. La proposition franco-britannique de zone protégée à Kaboul n'y figure pas.
Une résolution gravant dans le marbre les engagements des Taliban en faveur du départ «sûr» et «ordonné» d'Afghanistan de ressortissants étrangers et d'Afghans après le retrait des Etats-Unis, qui doit s'achever le 31 mars, a été adoptée ce 30 août par le Conseil de sécurité des Nations unies. Rédigé par les Etats-Unis, le Royaume-Uni et la France, le texte a été adopté par 13 des 15 membres. La Chine et la Russie se sont abstenues.
Porté par la France et le Royaume-Uni, le projet visant à instaurer une safe zone à Kaboul sous contrôle onusien afin de permettre de continuer les opérations humanitaires ne figure en revanche pas dans cette résolution. «Cela donnerait un cadre des Nations unies pour agir dans l'urgence, et cela permettra surtout de mettre chacun devant ses responsabilités et à la communauté internationale de maintenir une pression sur les Taliban», avait pourtant défendu Emmanuel Macron dans une interview au Journal du Dimanche le 29 août.
L'idée portée par le président français n'avait pas été accueillie favorablement par les Taliban. Dans une interview accordée à Radio France le 29 août, le porte-parole du groupe islamiste armé, Suhail Shaheen, avait clairement balayé d'un revers de la main cette éventualité : «Ce n'est pas nécessaire. L'Afghanistan est un pays indépendant.» «Pourrait-on créer une telle zone en France ou au Royaume-Uni ?», avait-il également fait valoir.
Cités par l'AFP, des diplomates à l'ONU ont expliqué à des journalistes qu'il ne s'agissait pas d'une «zone protégée» mais plutôt de tenir les Taliban comptables de leur engagement à permettre un «passage sûr» pour ceux désirant quitter le pays. «Cette résolution n'est pas opérationnelle, il s'agit surtout de principes, de messages politiques clés et d'avertissements», a estimé l'une de ces diplomates.
Pendant ce temps, les évacuations se poursuivent à Kaboul où environ 114 400 personnes, dont près de 5 500 citoyens américains, ont été évacués d'Afghanistan au moyen d'un gigantesque pont aérien depuis le 14 août, à la veille de la prise de Kaboul par les Taliban. Sur le plan sécuritaire, la situation reste toujours aussi critique. Daesh a revendiqué la paternité des attaques à la roquette survenues dans la matinée du 30 août à proximité de l'aéroport de Kaboul.