Pegasus : un téléphone d'Emmanuel Macron aurait été dans le viseur du Maroc, selon plusieurs médias
Selon France Info et Le Monde, un numéro de portable du président français aurait été sélectionné par le Maroc pour une éventuelle mise sous surveillance par le logiciel espion Pegasus. Rabat a néanmoins déjà démenti tout espionnage via ce logiciel.
«Si les faits sont avérés, ils sont évidemment très graves. Toute la lumière sera faite sur ces révélations de presse» : c'est ainsi que l'Elysée a commenté ce 20 juillet, auprès de l'AFP, les informations rapportées par plusieurs médias selon lesquelles un téléphone du président de la République aurait été sélectionné dans l'optique d'une potentielle mise sous surveillance par un ou des Etats étrangers, via le logiciel espion Pegasus.
«L’un des numéros du président de la République, qu’il utilise [...] régulièrement depuis au moins 2017 et jusqu’à ces derniers jours, figure dans la liste des numéros sélectionnés par un service de sécurité de l’Etat marocain, utilisateur du logiciel espion Pegasus, pour un potentiel piratage», écrit Le Monde ce 20 juillet. D'après la même source, des numéros de téléphone appartenant à Edouard Philippe, lorsqu'il était Premier ministre, ainsi qu’à 14 autres membres du gouvernement ont aussi été visés.
De même, France Info rapporte qu'en mars 2019 une agence de renseignement du Maroc, cliente de la société israélienne NSO ayant conçu l'outil d’espionnage Pegasus, avait «entré l’un des numéros du chef de l’Etat français dans son logiciel espion». «Un numéro qui, même s'il avait "fuité" entre les deux tours de la présidentielle de 2017 avec les "Macronleaks", continuait à être utilisé par Emmanuel Macron une fois à l'Elysée», précise le média public français.
Enfin Laurent Richard, directeur du réseau Forbidden Stories, a affirmé que les numéros en question figuraient sur une liste de cibles potentielles du logiciel Pegasus utilisé par certains Etats pour espionner des personnalités, sans évoquer le Maroc en particulier. «On a trouvé ces numéros de téléphone, mais on n'a pas pu faire d'enquête technique évidemment sur le téléphone d'Emmanuel Macron [et donc] cela ne nous dit pas si le président a été réellement espionné», a-t-il expliqué sur la chaîne d'info LCI, ajoutant que cela montrait néanmoins qu'il y avait, a minima, un intérêt de ces pays à le faire.
Rabat dément tout espionnage via Pegasus
Selon une enquête publiée le 18 juillet par un consortium de 17 médias internationaux, le logiciel espion Pegasus aurait permis d'espionner les numéros d'au moins 180 journalistes, 600 hommes et femmes politiques, 85 militants des droits de l'homme ou encore 65 chefs d'entreprise de différents pays. S'il s'introduit dans un smartphone, ce logiciel permet d'en récupérer les messages, photos, contacts et même d'écouter les appels de son propriétaire, comme le rappelle l'AFP.
Le matin de ce 20 juillet, la justice française a ouvert une enquête afin d'examiner la plainte de journalistes dont les téléphones auraient été infiltrés pour le compte du Maroc, selon le consortium de médias. Rabat avait déjà démenti ces premières allégations.
NSO, quant à elle, avait assuré après les révélations de la presse que son logiciel Pegasus servait uniquement à obtenir des renseignements contre des réseaux criminels ou terroristes. L'entreprise israélienne avait nié fermement «les fausses accusations portées» dans l'enquête journalistique, selon elle «bourrée de suppositions erronées et de théories non corroborées».
Le roi du Maroc et son entourage... également ciblés via Pegasus ?
Autre révélation de ce 20 juillet : selon la cellule investigation de Radio France (partenaire du consortium de médias), parmi les numéros des cibles potentielles du logiciel Pegasus se trouverait... celui du roi du Maroc lui-même !
«Nous avons en effet pu établir qu’un des numéros de téléphone qui figurent dans le listing des services de renseignement marocains est bien celui de Mohammed VI. Et tout son entourage a subi le même sort», rapporte cette source, citée par l'AFP.
Les autorités marocaines n'ont pas encore réagi publiquement aux révélations visant leur pays et son utilisation présumée de Pegasus.