Au Mali, des combats entre djihadistes et chasseurs font une quarantaine de morts en une semaine
Des chasseurs traditionnels ont combattu contre des djihadistes dans le centre du Mali depuis le 12 avril, provoquant «une vingtaine» de morts de part et d'autre, selon les autorités locales. Environ un millier de villageois ont dû fuir la zone.
Des affrontements au Mali entre des présumés djihadistes et des chasseurs traditionnels (des «dozos») ont provoqué la mort d'environ quarante personnes – «une vingtaine» dans chaque camp – et le déplacement d'un millier d'autres depuis le 12 avril, a rapporté ce 19 avril le gouvernorat de la capitale régionale Mopti dans un communiqué.
Des renforts de l'armée ont été déployés dans cette zone au centre du pays, ainsi que des secours humanitaires pour les déplacés. Les affrontements ont eu lieu dans des communes rurales, Soye et Femaye, situées entre les principales villes de la zone, Mopti et Djenné.
Les services du gouverneur expliquent que «tout est parti d'un antagonisme entre deux frères, dont l'un est chasseur et l'autre évoluant avec les présumés groupes djihadistes». Auprès de l'AFP, une source sécuritaire a précisé que les affrontements ont commencé après que les chasseurs traditionnels ont décidé de «reprendre» une partie du riz prélevé au titre de l'impôt islamique par les djihadistes, pour la rendre aux populations locales.
«Les terroristes ont incendié deux villages [...] Nous avons perdu beaucoup de chasseurs. Les rescapés se sont déplacés vers des villages voisins», a déclaré à l'agence française Sidiki Diarra, porte-parole des chasseurs traditionnels de Mégou, dans la région de Djenné.
Le centre du pays cible récurrente d'Al-Qaïda au Maghreb islamique
Le Mali est en proie depuis 2012 à une poussée djihadiste dans la partie du nord du pays, qui l'a plongé dans une crise sécuritaire qui s'est étendue au centre du pays. Ces violences ont fait des milliers de morts et des centaines de milliers de déplacés, malgré l'intervention des forces de l'ONU, française et africaines, et se sont propagées au Burkina Faso et au Niger.
Au Mali, le centre du pays a dû notamment faire face en 2015 à l'apparition d'un groupe djihadiste mené par le prédicateur peul Amadou Koufa, affilié à Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi). Des milices autoproclamées d'autodéfense se sont formées en réaction, menées par des membres des ethnies bambara et dogon, notamment en s'appuyant sur les chasseurs traditionnels «dozos».
Malgré ces violences, la France entend poursuivre sa stratégie au Sahel. Un rapport des députés de la commission de la défense nationale et des forces armées de l'Assemblée nationale, dévoilé le 14 avril, a par ailleurs validé la vision promue par l'Elysée, dressant un bilan «incontestablement positif» au sujet de l'opération Barkhane. Les co-rapporteurs Sereine Mauborgne (LREM) et Nathalie Serre (LR) ont également considéré la force européenne Takuba comme un «succès pour la diplomatie française».
Dans son rapport, Nathalie Serre a par ailleurs estimé que des négociations seraient à terme «inévitables» avec les groupes terroristes, car souhaitées par les populations et gouvernements locaux. Alors qu'Emmanuel Macron avait catégoriquement rejeté cette possibilité en novembre 2020, la position de l'Elysée a évolué sur le sujet, puisque la présidence française a estimé que des négociations seraient possibles avec certains éléments des groupes djihadistes, tout en restant néanmoins exclues avec les dirigeants d’Al-Qaïda et ceux du groupe Etat islamique (EI).