MH17 : ce que l’on sait avant la publication du rapport du Bureau néerlandais pour la sécurité
Le Bureau néerlandais pour la sécurité publiera le 13 octobre son rapport technique sur le crash MH17 de Malaysia Airlines. Avant la publication du rapport, RT examine des éléments clés, des théories et des fausses pistes qui entourent cette enquête.
Le crash du MH17 s’est produit le 17 juillet en 2014 dans l’est de l’Ukraine. Les 298 passagers et membres d’équipage de l’appareil, dont 80 des enfants, ont tous péri dans cette catastrophe.
Il aura fallu 15 mois pour que l’enquête internationale initiée tout de suite après le crash puisse aboutir.
Les premiers éléments révélés dans le cadre de cette enquête ont indiqué que l’avion s’était brisé en vol après avoir été touché par des objets à haute énergie.
Le jeu des reproches
Le 23 juillet 2014, il a été confirmé que les boîtes noires du MH17 avaient été livrées par des responsables néerlandais à un laboratoire britannique pour être analysées et ses conclusions devaient être annoncées dans les 24 heures. C’était donc, il y a environ 15 mois et aujourd’hui, le grand public n’a toujours pas été informé des résultats de cet examen.
Kiev fut la première à accuser Moscou d’avoir provoqué l’accident. Les médias traditionnels ont suivi son exemple et tout de suite pointé la Russie du doigt en affirmant que Moscou était responsable de cette catastrophe aérienne. Certains même accusaient le président Vladimir Poutine en personne de la mort de tous les passagers et membres d’équipage qui se trouvaient à bord du Boeing 777.
DAILY MIRROR FRONT PAGE: Tragedy of flight MH17. Putin's victims: Innocent faces of jet terror. #skypaperspic.twitter.com/NHHZgixYc9
— Sky News (@SkyNews) 18 Juillet 2014
«Le Boeing 777 malaisien abattu par un missile sol-air des rebelles russes dans l’est ukrainien», affichait en une International Business Times. «Crash du vol MH17: le missile a été fourni par la Russie, selon les Etats-Unis», reprend l’Express. «Le missile de Poutine», titrait même The Sun sans ambages. The Daily Mail allait encore plus loin en titrant : «Le sang sur les mains de Poutine».
Le lendemain du crash, l’Ukraine a fait savoir qu’elle disposait de «conversations téléphoniques interceptées» qui prouveraient que des rebelles avaient abattu le MH17 par erreur. Kiev a supposé que ces derniers avaient obtenu un système de missile antiaérien Bouc auprès de la Russie. Moscou n’a jamais reconnu ces enregistrements dont l’authenticité ne pouvait pas être vérifiée de manière indépendante.
En savoir plus : Crash du MH-17 : comment les médias ont diabolisé la Russie
Enquête
Pour l’instant, deux enquêtes internationales sont menées séparément. Le Bureau néerlandais pour la sécurité mène une enquête technique dont les conclusions doivent être publiées le 13 octobre. L’enquête criminelle est, elle, constituée d’une équipe commune dirigée par les Pays-Bas et n’est pas encore terminée.
Le Bureau néerlandais pour la sécurité a pour tâche d’examiner ce qui a provoqué cette catastrophe, alors que l’enquête criminelle doit, de son côté, parvenir à déterminer quel(s) est (sont) le(s) responsable(s) du crash sur le plan pénal.
La Russie a appelé le chef de l’Organisation de l'aviation civile internationale (OACI) qui fait partie des institutions de l'ONU à intervenir dans l’enquête sur la tragédie du MH17 pour empêcher le Bureau néerlandais pour la sécurité de passer sous silence les découvertes de son homologue russe. Une lettre du chef adjoint de l’Agence Fédérale du Transport Aérien russe adressée à l’OACI affirme que le Bureau néerlandais pour la sécurité a ignoré les «informations détaillées» concernant la catastrophe du Boeing 777 de Malaysia Airlines fournies par la Russie et qu’il a détourné «le chapitre des conclusions».
Deux théories principales circulent sur les causes de cette catastrophe. Toutes deux impliquent l’utilisation d’armes, soit un missile sol-air, soit un missile air-air.
Théorie №1 : «Missile sol-air»
Le Bureau néerlandais pour la sécurité a publié un rapport préliminaire il y a près d’un an concluant que le Boeing 777 de Malaysia Airlines s’était brisé en vol touché par un grand nombre d’objets à haute énergie, qui avaient pénétrés de l’extérieur et déchiré le fuselage de l’appareil. Le rapport ne faisait pas mention de la provenance de ces objets à haute énergie.
La première théorie affirme que le vol MH17 a été abattu par un missile sol-air BOUK. Nombreux sont ceux qui considèrent cette théorie comme la plus probable. Elle a été largement diffusée dans les médias. Une seule question : qui a tiré le missile ?
Les rebelles auraient-ils abattu le MH17 ?
L’Occident et l’Ukraine affirment que ce sont les rebelles ukrainiens. Dans le cadre de cette théorie, une vidéo a été publiée sur YouTube qui montre un système des missiles BOUK déplacé quelques heures seulement après le crash et dont l’un des missiles était manquant. Dans la vidéo, il est dit que ce système de missiles quittait discrètement le territoire ukrainien à destination de la Russie.
Cependant, plusieurs bloggeurs locaux ont déterminé l’endroit où ces images ont été tournées. Il s’agirait, d’après eux, de la ville ukrainienne de Krasnoarmeysk, contrôlée à l’époque par les forces de Kiev.
L’Ukraine aurait-elle abattu le MH17 ?
En parallèle, le ministère russe de la Défense a publié des images satellite de la région prises quelques jours avant le crash. Elles montrent les positions de l’armée ukrainienne trois jours avant le crash et l’on peut y constater la présence d’un lance-missile BOUK. Mais le jour du crash, ce dernier avait été déplacé ailleurs. Deux questions : où a-t-il été déplacé et pourquoi ?
En juin 2015, le producteur d’armements russes Almaz-Antei, qui produit les systèmes de missiles BOUK a présenté les résultats de sa propre enquête sur les causes du crash du MH17. Concernant l’option d’un missile sol-air qui aurait abattu le Boeing 777, ses experts ont souligné que le crash ne pouvait avoir été provoqué que par un missile de fabrication ancienne le BOUK-M1, un type d’armes dont l’armée ukrainienne est équipée.
#MH17 : #Almaz-#Antei est #prête à #démontrer que ce ne sont pas les #rebelles qui ont tiré
http://t.co/MpB5MEbS06pic.twitter.com/Yv50aErjAL
— RT France (@RTenfrancais) 17 Juillet 2015
Théorie №2 : «Missile air-air»
Selon une autre théorie, le vol MH17 aurait pu être abattu depuis les airs.
Le comité d’enquête russe mène sa propre enquête sur ce crash. Le 3 juin, il a identifié le témoin principal du crash MH17 comme Evgeny Agapov, un mécanicien sur avion des forces aériennes ukrainiennes. Ce dernier rapporte que le 17 juillet 2014, un avion Sukhoi SU-25 piloté par le capitaine Volochine est «parti pour une mission militaire» et qu’il est revenu sans munitions. Evgeny Agapov a en outre indiqué qu’il lui manquait un missile air-air. Il affirme enfin avoir entendu le pilote dire à ses collègues qu’un avion se trouvait «au mauvais endroit au mauvais moment».
#MH17 un an après : les rebelles soutiennent la version du second avion >> http://t.co/DIxUuWDVFWpic.twitter.com/NKpq0KcWv6
— RT France (@RTenfrancais) 17 Juillet 2015
De plus, une vidéo tournée par des combattants ukrainiens antigouvernementaux au moment où ils sont arrivés sur les lieux du crash a été diffusé par la chaîne de télévision australienne News Corp Australia une année après la tragédie mais une partie très importante de la bande a simplement été supprimée. Cette vidéo de 17 minutes a été réduite à un clip de cinq minutes. Reste que la chaîne a publié en ligne la transcription complète de la version originale sur laquelle on peut entendre un commandant rebelle dire :«l’avion Sukhoi a abattu l’avion civil et les nôtres ont abattu le chasseur». Puis, le même homme dit : «Ils ont décidé d’agir ainsi pour qu’on croie que c’est nous qui avons abattu l’avion».
Le rapport qui sera publié le 13 octobre revêtira un caractère exclusivement technique. Son but est de préciser comment l’avion a été abattu et pas d’accuser quelqu’un. C’est la responsabilité de l’enquête criminelle qui est se poursuit encore à l’heure actuelle.