Haut-Karabagh : Lavrov prône la coopération humanitaire et le respect de la diplomatie souveraine
Le chef de la diplomatie russe s'est rendu à Erevan et Bakou dans le cadre des pourparlers sur l'avenir du Haut-Karabagh. Il a insisté pour qu'Arménie et Azerbaïdjan puissent choisir leurs partenaires de politique étrangère.
Dans le cadre des pourparlers en cours autour de l'avenir du Haut-Karabagh, une délégation russe s'est rendue le 21 novembre 2020 à Bakou, capitale de l’Azerbaïdjan, après un passage par Erevan en Arménie. L'occasion pour le ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov de faire valoir la position de son pays sur la situation.
Moscou en faveur d'une coopération sur le volet humanitaire…
A l'issue d'une réunion avec le président de l'Azerbaïdjan Ilham Aliyev, le chef de la diplomatie russe a souligné que chaque partie était déterminée à trouver une solution permettant aux habitants de la région de retourner chez eux. «Cela comprend des mesures visant à établir des infrastructures civiles et à rétablir les liens économiques et de transport», a déclaré Sergueï Lavrov, cité par l'agence de presse TASS. Le haut diplomate russe a insisté sur «la nécessité de créer les conditions pour la restauration de l'harmonie et de la réconciliation interethniques et interreligieuses [dans la région]».
Ainsi que le rapporte l'agence TASS, Vladimir Poutine a signé le 13 novembre un décret portant sur la création d'un centre d'intervention humanitaire interdépartemental dans le Haut-Karabagh. Celui-ci doit notamment agir en soutien opérationnel du processus de retour des réfugiés dans leurs lieux de résidence permanente, mais aussi favoriser les interactions entre l'Azerbaïdjan et l'Arménie pour restaurer les infrastructures civiles et créer les conditions d'une vie normale dans la région.
A Bakou, le chef de la diplomatie russe a également exprimé sa volonté de voir le groupe de Minsk unir ses efforts sur le volet humanitaire. «Nous espérons que les coprésidents du groupe de Minsk de l'OSCE, qui promeuvent le processus politique depuis de nombreuses années avec la Russie, uniront leurs efforts pour atteindre ces objectifs sur la base des accords du 9 novembre», a-t-il déclaré en référence au premier accord de paix signé par l'Arménie et l’Azerbaïdjan, ainsi que la Russie – elle-même liée par divers accords historiques aux deux ex-républiques soviétiques. Pour rappel, la création du groupe de Minsk remonte au mois de mars 1992, avec pour objectif d'encourager une résolution pacifique et négociée entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan lors de la première guerre du Haut-Karabagh (1988-1994).
...et met en garde contre toute ambition géopolitique
Evoquant des tentatives de remise en cause de l'accord trilatéral du 9 novembre, Sergueï Lavrov a exprimé son intention de privilégier des solutions «qui répondent aux intérêts fondamentaux des peuples [plutôt] qu'aux ambitions géopolitiques extérieures». En outre, le haut diplomate russe a plaidé pour que l'Arménie et l'Azerbaïdjan, «en tant qu'Etats souverains», puissent choisir eux-mêmes leurs partenaires de politique étrangère, n'écartant donc pas l'implication d'Ankara dans les discussions ultérieures. «La Turquie est notre partenaire dans de nombreux domaines», a-t-il affirmé, rappelant sa définition de «l'art politique» qui consiste à «prendre en compte, lorsqu'il s'agit de promouvoir diverses initiatives, tous les facteurs qui ont un impact sur la situation dans une région».
Fait notable, le rôle de la Turquie dans la résolution du conflit a récemment fait réagir le chef de la diplomatie française qui, de pair avec d'autres puissances occidentales, revendique un rôle dans les pourparlers en cours.