Covid, immigration, corruption et... Hitler : Biden et Trump s'affrontent lors d'un ultime débat
- Avec AFP
En retard dans les sondages sur son rival démocrate à 12 jours du scrutin, Donald Trump avait besoin d’inverser la tendance. Un peu plus courtois que lors de leur dernier affrontement, les deux candidats se sont rendu coup pour coup.
Le 22 octobre s’est tenu à l’université Belmont de Nashville (Tennessee) le dernier débat entre Donald Trump et Joe Biden avant l’élection du 3 novembre. Afin d’éviter la cacophonie qui avait caractérisé le face-à-face du 29 septembre, la commission des débats présidentiels avait pris la décision de couper le micro des candidats lorsqu’ils n’étaient pas invités à prendre la parole au début de chaque grand thème. C’est donc dans une atmosphère plus sereine que le président sortant et l’ex-vice-président ont exposé leurs points de vue sur la gestion de la pandémie de coronavirus, la politique étrangère, l’environnement, l’immigration, mais aussi sur les soupçons de corruption entourant le fils de Joe Biden, ou encore l'existence présumée d'un compte bancaire de Donald Trump en Chine.
Coronavirus : «Quelqu'un qui est responsable d'autant de morts ne devrait pas pouvoir rester président des Etats-Unis d’Amérique»
En ouverture de ce débat présenté par la journaliste Kristen Welker, Joe Biden a étrillé Donald Trump sur sa gestion de la crise du coronavirus. Elle le disqualifie selon lui pour un second mandat : «Quelqu'un qui est responsable d'autant de morts ne devrait pas pouvoir rester président des Etats-Unis d’Amérique.» Le candidat démocrate a ensuite prédit «un hiver sombre» pour le pays le plus endeuillé par la maladie, avec plus de 222 000 décès dus au coronavirus.
Donald Trump, lui-même diagnostiqué positif au Covid-19 il y a trois semaines, a assuré que son administration combattait «très fermement» la pandémie et a accusé son opposant de vouloir «reconfiner» les Etats-Unis.
Kim Jong-un, un nouvel Hitler ?
La diplomatie a été au cœur des débats entre les deux hommes. L'occasion pour Joe Biden de dénoncer la relation entre Kim Jong Un et son rival. «Qu'a-t-il fait ? Il a légitimé la Corée du Nord», a assuré l'ancien vice-président de Barack Obama avant de surenchérir : «Il en a parlé comme de son bon ami, qui est un voyou [...] C'est comme dire que nous avions de bonnes relations avec Hitler avant qu'il n'envahisse l'Europe».
Donald Trump, qui a rencontré le leader nord-coréen à trois reprises, s'est vanté d'avoir éloigné la menace d'une «guerre nucléaire» et de sa «très bonne relation» avec la Corée du Nord.
Environnement : «Il détruit l'industrie pétrolière. Vous vous souviendrez de ça, au Texas ?»
Le candidat démocrate a pris un risque en assurant que, s'il était élu, il se «détournerait progressivement de l'industrie pétrolière» dont dépend largement l'économie de plusieurs «swing states». «J'arrêterai parce que l'industrie pétrolière pollue considérablement», a-t-il insisté, soulignant que cette dernière devait être «remplacée au fil du temps par les énergies renouvelables».
«C’est une sacrée déclaration», s'est alors moqué le président sortant, en lançant en direction des électeurs de ces Etats-pivot où Joe Biden paraît être en mesure de disputer la victoire au candidat républicain : «Il détruit l’industrie pétrolière. Vous vous souviendrez de ça, au Texas ? En Ohio ? En Pennsylvanie ?»
Qualifiant de «désastre économique» le plan environnemental de son adversaire, Donald Trump a assuré que les Etats-Unis n'avaient pas bénéficié d'un air et d'une eau aussi propres depuis des années. Il a balayé d'un revers de manche l'utilisation d'énergies renouvelables, assurant que l’énergie éolienne est «extrêmement couteuse», «très intermittente» et «tue tous les oiseaux». Le président républicain a également dénoncé l'hostilité de l’ex-vice-président aux gaz de schiste, une industrie dont dépendent de nombreux emplois en Pennsylvanie, un Etat-pivot où est né Joe Biden.
Ce dernier a également affirmé que le changement climatique était «une menace existentielle pour l’humanité», ajoutant : «Nous avons l'obligation morale de nous en occuper.» Le candidat du Parti démocrate s'était déjà engagé, en cas de victoire le 3 novembre, à ce que les Etats-Unis rejoignent au plus vite l'accord de Paris sur le climat. Donald Trump en avait retiré les Etats-Unis, qu'il estimait être traités injustement par rapport à d'autres pays pollueurs.
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— RT France (@RTenfrancais) October 23, 2020
Immigration : des «cages» à enfants construites... sous Obama
Le démocrate de 78 ans a aussi attaqué Donald Trump sur l'immigration, l'accusant d'avoir mené une politique «criminelle» vis-à-vis d’enfants migrants qui «sont isolés» et n’ont «nulle part où aller».
Mais Donald Trump n’a pas tardé à répliquer : «On disait que je construisais […] ces horribles cages [pour détenir des enfants migrants]. Ils disaient : "Regardez ces cages, le président Trump les a construites" [mais] ensuite on a découvert qu'elles ont été construites en 2014 – c'était lui» en désignant Joe Biden, forçant ainsi son adversaire à reconnaître que la détention d'enfants à la frontière par l'ancien président Barack Obama était une «erreur». «Il avait huit ans pour faire ce qu'il a dit qu'il ferait», a encore taclé l'actuel président américain.
Affaire Hunter Biden : «N'essayez pas de vous présenter innocent comme un nouveau-né !»
Comme il l'avait annoncé, le président républicain a demandé à Joe Biden de s'expliquer sur des allégations de corruption concernant les activités de son fils Hunter en Chine et en Ukraine lorsque le candidat démocrate était vice-président de Barack Obama (2009-2017). Quelques heures plus tôt, Tony Bobulinski, qui se présente comme un ancien associé d'Hunter Biden, avait affirmé devant la presse que Joe Biden avait été associé à certains projets de son fils en Chine. «Ces horribles emails... vous devez une explication aux Américains», a lancé Donald Trump. Et de poursuivre : «Quelqu'un vient de faire une conférence de presse, il était supposé travailler avec vous et votre famille, ce qu'il raconte est accablant.»
Sans attendre que le président en dise plus, Joe Biden a vigoureusement démenti toute malversation. «Mon fils n'a pas gagné d'argent avec ce truc... en Chine», a-t-il assuré, en renvoyant la balle vers l'ancien magnat de l'immobiliser : «Le seul type qui ait gagné de l'argent en Chine c'est ce gars !» Le candidat démocrate faisait référence à des informations du New York Times, selon lesquelles Donald Trump disposerait d'un compte bancaire en Chine, géré par une de ses sociétés.
«Je n'ai jamais pris un centime d'aucune source étrangère de toute ma vie», a affirmé Joe Biden avant, là encore, de contre-attaquer : «Vous n'avez pas publié une seule de vos déclarations fiscales. Que cachez-vous ?»
«N'essayez pas de vous présenter innocent comme un nouveau-né, Joe !», a répliqué Donald Trump, en l'accusant d'être «corrompu».
Lors de cette séquence, Joe Biden a également déclaré que Rudolf Giuliani, ancien maire de New York et juriste auprès de Donald Trump, était un «pion russe», auquel on fournit «des informations qui sont russes, qui ne sont pas vraies».
Le candidat démocrate a enfin promis, s'il était élu, de faire payer à Moscou, Pékin et Téhéran leurs présumées ingérences dans l'élection américaine, alors que le directeur du renseignement américain avait accusé le 21 octobre la Russie et l'Iran d'avoir mis la main sur les données de certains électeurs américains. Les principaux intéressés avaient démenti ces nouvelles accusations émanant de la première puissance mondiale.