Crimes de guerre et transferts d'armes, le rapport d'Amnesty qui accuse la coalition arabe au Yémen
Des crimes de guerre ont été commis par la coalition menée par l’Arabie saoudite, armée par les Etats-Unis. Une enquête indépendante doit être ouverte selon Amnesty international qui dénonce une guerre qui a fait plus de 2 000 morts dont 400 enfants.
«Des preuves accablantes de crimes de guerre imputables à la coalition dirigée par l’Arabie saoudite, armée entre autres par les Etats-Unis, mettent en lumière la nécessité d’ouvrir une enquête indépendante sur les violations des droits humains et de suspendre les transferts de certains armements», annonce en exergue le rapport de l'organisation.
«Un mépris effroyable à l'égard des vies civiles»
Le rapport de l'organisation internationale de défense des droits de l'homme est accablant pour la coalition sous commandement saoudien au Yémen. Il pointe notamment le fait que la coalition a pu qualifier de cibles militaires «des villes entières comme Saada et Marran».
Rappelant que la coalition antirebelles houthis est armée, notamment par les Etats-Unis, Amnesty indique disposer «de nouvelles preuves de frappes aériennes illégales, menées par la coalition dirigée par l'Arabie saoudite, dont certaines constituent des crimes de guerre».
Amnesty International accuses Saudi-led coalition of war crimes in Yemen http://t.co/9V4fbmOnbDpic.twitter.com/7ihzN6TRme
— AJE News (@AJENews) 7 Octobre 2015
Le sort des civils dans le nord du Yémen, contrôlé par les rebelles Houthis, est particulièrement mis en lumière. Le rapport a ainsi analysé 13 raids aériens de la coalition arabe à Saada, fief des rebelles. Entre mai et juillet 2015, au cours de ces raids, quelque 100 civils ont été tués, dont 59 enfants. Des bombes à sous-munitions, interdites au plan international, ont également été utilisées.
A l'instar d'Amnesty, d'autres ONG ont accusé la coalition d'avoir commis de nombreuses «bavures» lors de frappes aériennes menées «sans discernement» au cours des six derniers mois.
Suspendre les livraisons d'armes
Amnesty International ne se contente pas de simples constations mais appelle à des actions vigoureuses pour faire cesser une situation où «des bombes tombent jour et nuit».
L'ONG préconise ainsi la suspension des transferts d'armes et de munitions aux membres de la coalition dirigée par l'Arabie saoudite, qui participent à la campagne militaire contre les Houthis. Sont visés : la série MK (MARK) 80, les bombes, avions et hélicoptères de combat qui ont servi, selon les termes du rapport, à «commettre des violations du droit humanitaire international et des crimes de guerre au Yémen».
Amnesty rappelle dès lors que «les Etats-Unis et d'autres pays exportant des armes à l'une des parties en conflit au Yémen ont une responsabilité [qui consiste] à s'assurer que les transferts d'armes qu'ils autorisent ne facilitent pas des violations sérieuses du droit international humanitaire».
En mars dernier, l'Arabie saoudite avait pris la tête d'une coalition d'une dizaine de pays arabes sunnites. Leur but ? Expulser les rebelles Houthis des territoires dont ils se sont emparés dans le reste du pays, dont la capitale Sanaa, depuis l'été 2014.