Affaire Navalny : le Parlement européen réclame un renforcement des sanctions contre la Russie
Dans une résolution adoptée ce 17 septembre, le Parlement européen demande aux Etats membres une intensification des sanctions existantes et de nouvelles restrictions contre Moscou qu'ils mettent en cause dans l'empoisonnement supposé de Navalny.
Les eurodéputés ont voté ce 17 septembre une résolution réclamant aux Etats membres de l'Union européenne (UE) la mise en place de sanctions plus fermes envers la Russie, sur fond d'accusations dans l'affaire de l'empoisonnement supposé de l'opposant russe Alexeï Navalny.
«Le texte souligne que le poison utilisé, qui appartient au groupe "Novitchok", ne peut avoir été développé que dans des laboratoires appartenant à l’Etat et n’a pas pu être acquis par des particuliers, ce qui implique fortement que les autorités russes sont derrière l’attaque. Si une autre personne était responsable, il s’agirait malgré tout d’une violation des engagements juridiques internationaux de la Russie», est-il ainsi écrit dans un communiqué de presse du Parlement.
Réclamant l'ouverture d'une enquête internationale, la résolution appelle les Etats membres à «prendre réellement position sur le sujet», notamment «en mettant rapidement en place des mesures européennes restrictives ambitieuses à l’encontre de la Russie et en renforçant celles qui existent déjà». La résolution demande précisément «le déploiement de mécanismes de sanctions qui permettraient la collecte et le gel d’avoirs européens détenus par des individus corrompus, conformément aux découvertes de la Fondation anticorruption d’Alexeï Navalny».
L'Union européenne prend donc position de façon très claire, alors que deux versions s'opposent actuellement dans cette affaire. D'une part, celle des médecins russes qui ont initialement pris en charge l'opposant et selon laquelle «aucun poison ou trace de poison dans le sang ou dans l'urine n'[avait] été trouvé». D'autre part, celle de Berlin, qui soutient le contraire, affirmant que des tests toxicologiques réalisés par un laboratoire de l'armée allemande ont apporté des «preuves sans équivoque» de «la présence d’un agent chimique neurotoxique de type "Novitchok"» dans le corps d'Alexeï Navalny. La Russie, en outre, ne cesse de réclamer des preuves biologiques afin de pouvoir accréditer la thèse de l'empoisonnement.
Si Alexeï Navalny est régulièrement présenté dans les grands médias occidentaux comme la «bête noire du Kremlin» – une expression employée par l'AFP –, sa popularité en Russie est nettement plus relative. Selon un sondage réalisé fin 2019 par l'institut russe indépendant Levada, seulement 2% des citoyens russes ayant participé à l'enquête voteraient pour lui si l'élection présidentielle avait lieu la semaine suivante. Ces résultats le situaient loin derrière Vladimir Poutine (38%), mais également derrière d'autres figures de l'opposition russe comme Vladimir Jirinovsky (ultra-nationaliste, 4%), ou Pavel Groudinine (Parti communiste, 3%).
La Russie espère que «le bon sens» finira par prévaloir dans l'UE
Dans l'après-midi de ce même 17 janvier, Maria Zakharova, porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, a déclaré que «le caractère des déclarations qui sont faites à Bruxelles [au sujet de l'affaire Navalny] amène à penser que [les Occidentaux] ne sont pas du tout intéressés à découvrir la vérité».
«L’objectif réel de la campagne médiatique qui se déclenche dans l’UE à l’instigation de certaines forces politiques n’est de toute évidence que de garantir l’irréversibilité de la ligne destructive de l’UE à l’égard de notre pays», a ajouté la porte-parole de la diplomatie russe. Pour autant, elle dit espérer que «le bon sens prévaudra dans l’UE» et que les partenaires européens de la Russie renonceront à «la pratique de désigner les coupables de manière arbitraire».