Pays-Bas : le nationaliste Geert Wilders condamné pour «insulte collective» contre les Marocains
- Avec AFP
Le leader néerlandais du Parti de la liberté (droite radicale) Geert Wilders a été condamné en appel pour avoir insulté collectivement le peuple marocain, un jugement qu'il a qualifié de «procès politique» dans une «république bananière».
Le 4 septembre, Geert Wilders a été condamné en appel à La Haye pour avoir insulté collectivement le peuple marocain. La cour n'a toutefois pas prononcé de peine contre le chef de file du mouvement nationaliste, Parti de la liberté (VVD). Les faits remontent à 2014 lors d'un meeting à La Haye. Le dirigeant avait demandé à ses partisans s'ils voulaient «moins ou plus de Marocains». Ceux-ci avaient alors scandé : «Moins ! Moins !»
«La cour considère qu'il est prouvé que Geert Wilders est coupable d'insulte collective le 19 mars 2014. La cour ne prononcera aucune peine contre lui pour ceci», a déclaré le juge Jan Maarten Rienking.«Il est acquitté des autres charges», a ajouté le magistrat.
Selon la cour, l'absence de peine s'explique par le fait qu'il a déjà dû être placé sous protection policière permanente à cause de ses multiples déclarations contre les musulmans et l'Islam qui lui ont valu des menaces de mort. Geert Wilders avait pour sa part mis en avant la liberté d'expression dans sa défense mais le tribunal a retoqué ses arguments. «Le droit à la liberté d'expression, spécialement pour un responsable politique, n'empêche pas une condamnation dans ce cas», selon la cour. Son parti, PVV, est le deuxième au Parlement, derrière la formation libérale VVD du Premier ministre Mark Rutte. Des élections législatives sont prévues en 2021.
Après l'énoncé du verdict, le dirigeant a fait part de son intention de continuer la procédure devant la cour suprême, en affirmant que ses opposants, dont le Premier ministre, «ne devraient pas se réjouir trop tôt».
Devant le tribunal, Geert Wilders s'en prend de nouveau aux Marocains
«Les Pays-Bas sont devenus un pays corrompu», a-t-il répété à des journalistes devant le tribunal, en s'en prenant une nouvelle fois aux «Marocains qui mettent nos villes et banlieues à feu». En première instance, Geert Wilders avait été condamné en 2016 à la fois pour insulte collective et incitation à la haine. Il avait alors déjà dénoncé «un procès politique» et fait appel.
Avant le jugement en appel, il avait estimé sur Twitter que le verdict déciderait si les Pays-Bas étaient «devenus une république bananière corrompue où le leader de l'opposition est condamné dans un procès politique».
Today we’ll find out if there’s still a separation of powers and an independent judiciary in The Netherlands, or we have become a corrupt banana-republic where the leader of the opposition is sentenced in a political trial.#Wilderstrial#Wildersproceshttps://t.co/S1JkkTWoN5
— Geert Wilders (@geertwilderspvv) September 4, 2020
Même s'il reste un acteur central de la vie politique néerlandaise, sa position est en repli depuis l'émergence aux dernières élections européennes de la formation eurosceptique Forum pour la démocratie de Thierry Baudet.