Donald Trump annonce que les agents fédéraux resteront déployés à Portland jusqu'à son «nettoyage»
- Avec AFP
Face aux manifestations à Portland aux Etats-Unis, Donald Trump a annoncé sur Twitter que les agents fédéraux ne quitteraient pas la ville «tant que la police locale n'aura pas achevé le nettoyage [de la ville] des anarchistes et des agitateurs».
Le président américain Donald Trump a annoncé le 31 juillet au soir sur Twitter que les agents fédéraux envoyés à Portland, dans l'Oregon, par Washington resteront dans cette ville du nord-ouest des Etats-Unis jusqu'à que la police locale la débarrasse «des anarchistes et des agitateurs». «La Sécurité intérieure [les forces fédérales] ne quittera pas Portland tant que la police locale n'aura pas achevé le nettoyage [de la ville] des anarchistes et des agitateurs !», a ainsi tweeté le locataire de la Maison Blanche.
Homeland Security is not leaving Portland until local police complete cleanup of Anarchists and Agitators!
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) August 1, 2020
Les agents fédéraux avaient été envoyés à Portland en réaction aux émeutes concomitantes aux nombreuses manifestations notamment «antiracistes» organisées dans cette ville, une présence qui a provoqué une vive hostilité de la part des manifestants.
Les autorités de l'Oregon et le gouvernement de Donald Trump s'étaient entendus le 29 juillet sur un retrait progressif de ces policiers fédéraux à partir du 30 juillet, à condition que la police locale stabilise la situation autour du tribunal fédéral de la ville et d'autres bâtiments officiels visés par les manifestations. L'accord prévoyait que la police locale assurerait le maintien de l'ordre à l'extérieur du tribunal fédéral, à charge pour quelques agents fédéraux dont c'est la mission habituelle de sécuriser les bâtiments eux-mêmes.
La police de Portland avait commencé le 30 juillet à faire évacuer des secteurs du centre-ville bordant le tribunal, pour préparer le retrait des agents fédéraux. Des centaines de manifestants, certains avec des boucliers de fortune, se trouvaient toujours dans les rues du centre-ville dans la nuit du 31 juillet au 1er août, dans le calme et sans qu'aucun agent fédéral soit visible, d'après un journaliste de l'AFP.
Plus tôt, la police de Portland avait évacué les parcs et les grands axes du centre, anticipant le retrait progressif des forces fédérales. Le maire démocrate de Portland, Ted Wheeler, avait affirmé que cette évacuation s'inscrivait dans le cadre de l'accord entre les autorités locales et le gouvernement. Sur Twitter, Ted Wheeler a remercié le 31 juillet au soir les manifestants pacifiques pour avoir «repris possession d'un espace qui a été le théâtre de violences afin de partager leur puissant message de réformes et de justice».
Last night, Portlanders committed to peaceful demonstrations amplified their energy, asserted their collective voice and reclaimed the space that has been a staging ground for violence, to share their powerful message of reformative justice. Thank you!
— Mayor Ted Wheeler (@tedwheeler) August 1, 2020
Une mobilisation renforcée par le déploiement d'agents fédéraux ?
La mort de George Floyd, quadragénaire noir asphyxié le 25 mai à Minneapolis par un policier blanc, a déclenché dans tous les Etats-Unis d'importantes manifestations contre le racisme et les violences policières. La mobilisation s'est considérablement affaiblie mais des poches de contestation ont persisté, notamment à Portland, nettement ancrée à gauche.
Début juillet, l'administration Trump y avait envoyé des équipes d'intervention fédérales, parfois issues des douanes ou de la police aux frontières et arborant toute une panoplie militaire, après des semaines de manifestations contre le racisme et les violences policières.
Selon certains analystes, leur déploiement a eu pour effet de durcir le mouvement dans cette ville à la longue histoire contestataire, en particulier après la diffusion de vidéos montrant des manifestants interpellés dans la rue par des agents fédéraux et jetés dans des véhicules banalisés. Des heurts ont également eu lieu chaque nuit aux abords du tribunal fédéral. Celui-ci et d'autres bâtiments gouvernementaux ont été dégradés (graffitis, fenêtres brisées).
Pour les démocrates, ces interventions ont un fort relent d'«Etat policier» et sont une stratégie politique sécuritaire pour donner au président américain, à la peine dans les sondages à l'approche de la présidentielle de novembre, l'image d'un président attaché au maintien de l'ordre. Le ministre de la Justice Bill Barr a lui défendu l'initiative fédérale contre «des émeutiers violents et des anarchistes [qui] ont supplanté les manifestations légitimes» et nié toute motivation politique.
Cette semaine, le ministre à la Sécurité intérieure Chad Wolf avait prévenu qu'un retrait total des fédéraux ne serait possible qu'en cas d'amélioration «considérable» de la situation sécuritaire. Le 30 juillet, Donald Trump s'en était pris aux autorités. «La gouverneure [démocrate de l'Oregon Kate Brown] et le maire, nous avons eu affaire à eux, et nous pensons qu'ils ne savent pas ce qu'ils font car cela n'aurait pas dû durer 60 jours», avait-il déclaré à la presse.