Moscou espère que ses citoyens arrêtés en Biélorussie seront libérés
Deux jours après l'arrestation en Biélorussie de Russes accusés de vouloir «déstabiliser» la présidentielle, les autorités russes se disent «préoccupé[es] par le fait qu’aucune information n’a encore été présentée pour justifier» leur détention.
«Nous sommes [...] préoccupés par le fait qu’aucune information n’a encore été présentée pour justifier la détention des citoyens russes. Mais nous espérons, et nous sommes même persuadés que nos collègues biélorusses vont gérer cet incident dans les meilleurs délais et laisseront partir ces citoyens russes», a déclaré le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, ce 31 juillet.
Le haut responsable faisait alors référence à des ressortissants russes arrêtés en Biélorussie deux jours plus tôt, que les autorités biélorusses accusent d'avoir cherché à «déstabiliser» le pays à l'approche de l'élection présidentielle. Les autorités accusent ces hommes d'avoir tenté d'organiser avec deux opposants incarcérés depuis plusieurs semaines, Sergueï Tikhanovsky et Mikola Statkevitch, des «émeutes de masse».
La Biélorussie est notre alliée, il est certain que nous voulons que la campagne se déroule avec le plus franc succès
Le porte-parole du Kremlin a également rappelé que Moscou ne cherchait à pas s'immiscer dans les affaires intérieures de la Biélorussie. «Encore une fois, nous n’avons pas envie d’intervenir d'une quelconque manière dans la campagne électorale en Biélorussie : nous nous attendons à ce qu’elle se déroule avec succès et corresponde à tous les principes et normes de la liberté d'expression. La Biélorussie est notre alliée, il est certain que nous voulons que la campagne se déroule avec le plus franc succès. Nous n’avons pas l’intention d’intervenir, il faut percevoir ceci dans le cadre de la campagne électorale», a-t-il encore indiqué, lors de sa conférence de presse quotidienne.
Alors que l'élection présidentielle approche à grands pas, Alexandre Loukachenko, qui préside la Biélorussie depuis 1994, accuse Moscou depuis plusieurs mois de tentative d'ingérence dans le scrutin, ce que le Kremlin dément.
Moscou : les Russes arrêtés «n’avaient sur eux rien d’illégal et n’ont commis aucune action illégale»
Enfin, Dmitri Peskov a fait savoir que les «contacts nécessaires se nou[aient]» entre les deux parties et que Moscou était «très préoccupé par le fait que, pour l’instant, l’accès consulaire aux Russes détenus n’a pas été autorisé». «En ce qui concerne les informations sur les circonstances du séjour de ces citoyens, nous pouvons dire maintenant avec un haut degré de confiance que ces citoyens russes étaient de passage en Biélorussie : ils auraient dû partir en transit dans un autre pays, leur séjour n’a rien à voir avec la Biélorussie-même ou les affaires biélorusses. Ils ont raté leur vol et attendaient un départ. Ils avaient des billets pour Istanbul, il s’agit des employés d’une entreprise de sécurité privée. Ils n’avaient sur eux rien d’illégal et n’ont commis aucune action illégale. C’est ce que nous sommes certains de savoir», a encore précisé le porte-parole de la présidence russe.
Le 29 juillet, le chef du service de renseignement biélorusse Valery Vakoultchik cité par Tass, avait annoncé l'arrestation de 32 ressortissants russes, membres selon lui «de l'organisation paramilitaire Wagner» près de la capitale. Un 33e homme avait été appréhendé dans le sud du pays. La société russe Wagner, à l'instar de BlackWater, fait partie des sociétés militaires privées dont les actions suscitent régulièrement la controverse.
La télévision publique biélorusse avait diffusé des images prises par des caméras de vidéo-surveillance de l'arrivée groupée des suspects dans un hôtel, puis de leur arrestation. Y étaient montrés des liasses de dollars, des passeports russes ainsi que des manuels d'instruction de matériel militaire, décrit l'AFP.
Le secrétaire d'Etat du Conseil de sécurité de Biélorussie, Andreï Ravkov, avait en outre déclaré le 29 juillet qu'environ 200 autres mercenaires étaient toujours recherchés : «Nous recherchons les autres, autant chercher une aiguille dans une botte de foin.»