Pour Lula, Bolsonaro a simulé avoir contracté le Covid-19 afin de promouvoir l'hydroxychloroquine
- Avec AFP
L'ex-président brésilien Lula a estimé devant la presse que Jair Bolsonaro avait simulé être atteint du virus dans le but de faire de la propagande pour l'hydroxychloroquine, au motif notamment qu'il aurait des intérêts dans la vente de ce médicament
L'ex-président brésilien Lula a déclaré le 30 juillet qu'il soupçonnait l'actuel chef de l'Etat Jair Bolsonaro d'avoir prétendu à tort avoir été contaminé par le coronavirus pour «faire de la propagande» pour l'hydroxychloroquine.
«Je crois que Bolsonaro a inventé qu'il avait été contaminé pour faire la propagande de ce médicament», a déclaré Luiz Inacio Lula da Silva lors d'une visioconférence avec des journalistes de médias étrangers, dont l'AFP. «Je ne sais pas s'il a des participations [dans une société pharmaceutique], mais il se comporte comme s'il était le patron de l'usine qui fabrique le médicament», a-t-il ajouté.
Une position qui a de quoi surprendre. Pour rappel, Jair Bolsonaro a longtemps minimisé l'épidémie, qualifiant le coronavirus de «grippette» et allant jusqu'à participer à une manifestation anti-confinement fin avril alors qu'une bonne partie de la planète était strictement confinée. Le fait d'avoir dû annoncer être lui-même atteint de la maladie le 7 juillet est donc apparu pour ses détracteurs comme un châtiment du ciel pour sa négligence.
Concernant le potentiel remède, Jair Bolsonaro a en effet déclaré qu'après s'être senti mal, il avait commencé à prendre chaque jour un comprimé d'hydroxychloroquine. «Je le dis bien clairement», avait déclaré Jair Bolsonaro le 7 juillet. «J'ai pris [de l'hydroxychloroquine] et ça a marché, et je vais très bien, grâce à Dieu. Et que ceux qui la critiquent proposent au moins une alternative». Il a toutefois nié faire «de la propagande pour l'hydroxychloroquine», un médicament réputé peu onéreux et largement disponible à travers le monde.
Lula espère que Donald Trump ne sera pas réélu
Lula, 74 ans, a qualifié d'«irresponsable» la façon dont le président Bolsonaro gère la pandémie, que le dirigeant n'a de cesse de minimiser. «C'est pour ça que nous sommes dans cette situation, à laquelle je ne vois pas d'issue à court terme», a ajouté l'ex-président de gauche (2003-2010), au lendemain du franchissement du cap symbolique de 90 000 morts causées par le coronavirus au Brésil.
Bolsonaro et son ministre des Affaires Etrangères se comportent comme des lèche-bottes, je n'ai jamais vu une telle relation de servilité avec les Etats-Unis
Confiné depuis mars dans son appartement de Sao Bernardo do Campo, près de Sao Paulo (sud-est), Lula a également critiqué la relation de Jair Bolsonaro avec son homologue américain Donald Trump, lui aussi fervent défenseur de l'hydroxychloroquine. «Bolsonaro et son ministre des Affaires Etrangères [Ernesto Araujo] se comportent comme des lèche-bottes, je n'ai jamais vu une telle relation de servilité avec les Etats-Unis», a-t-il dénoncé. «J'espère que le peuple américain aura la lucidité de ne pas voter pour Trump» à nouveau lors de la présidentielle fin 2020, a conclu l'ancien syndicaliste.
Le 30 juillet, la présidence brésilienne a annoncé que la Première dame Michelle Bolsonaro, 38 ans, avait à son tour été testée positive. Depuis le 7 juillet, Jair Bolsonaro a observé une quarantaine dans sa résidence officielle de Brasilia, faisant successivement trois tests positifs.
Quelques jours plus tôt, pour la première fois en trois semaines, Jair Bolsonaro a pu faire un voyage hors de la capitale, se rendant dans l'Etat nordestin du Piauí. Il a été entouré de nombreux sympathisants et a retiré à plusieurs reprises son masque.
Le Brésil est le deuxième pays au monde derrière les Etats-Unis où le coronavirus tue le plus. On y compte désormais plus de 2,5 millions de cas d'infection.