«Film d’horreur» : au Brésil, des cimetières creusent des fosses communes pour les morts du Covid
Hôpitaux saturés, cadavres entassés dans des camions frigorifiques, fosses communes dans les cimetières : la capitale de l'Etat d'Amazonas, au nord du Brésil, est plongée dans le chaos à cause de l'épidémie de coronavirus.
Au Brésil, l’épidémie de coronavirus prend de l'ampleur et dans certains secteurs, surtout les plus éloignés des villes, la situation sanitaire est devenue chaotique. A Manaus, dans la région amazonienne, elle est en train de devenir catastrophique. Là bas, les autorités sont submergées par le nombre de morts : les hôpitaux sont dépassés, les cadavres entassés dans des camions arrivent par dizaines dans des cimetières débordés où l'on creuse désormais des fosses communes comme en attestent ces images qui ont choqué les Brésiliens.
Mass burials are taking place in Manaus, Brazil where deaths have tripled since the #coronavirus outbreak. pic.twitter.com/4IAAnNmTTs
— DW News (@dwnews) April 24, 2020
«Nous sommes à la limite de la barbarie», s’est effondré en larmes le maire de Manaus Arthur Virgilio Neto qui évoque des scènes de «film d’horreur». «On ne peut plus parler d'état d'urgence, c'est un état de calamité absolue», insiste-t-il auprès de l'AFP. Dans l’urgence, il a décidé que les enterrements se tiendraient désormais avec un maximum de cinq personnes. La capitale amazonienne concentre la plupart des cas de contamination de la région et le personnel soignant manque cruellement de matériel de protection. La ville ne compte qu’une cinquantaine de lits de soins intensifs, un chiffre dérisoire pour une population de 1,7 million d'habitants. Les hôpitaux manquent aussi cruellement d'équipements de protection, de médicaments et d'appareils de radiographie. «Beaucoup de gens meurent chez eux, certains n'ont pas pu bénéficier d'une assistance médicale», déplore le maire.
La ville de Manaus a annoncé qu'en raison de la forte augmentation du nbre d'inhumations effectuées dans le cimetière public Nossa Senhora Aparecida, zone ouest, le Secrétariat municipal du nettoyage urbain 'a adopté le système de tranchées pic.twitter.com/W73n1CbzKB
— Rachid Lamor (@lamor_rachid) April 23, 2020
Au niveau du personnel du cimetière aussi, c'est l'hécatombe. «Plusieurs fossoyeurs sont tombés malades et certains sont même morts du coronavirus», révèle l'édile, qui a réclamé des fonds supplémentaires au gouvernement fédéral. Les besoins sont tels qu'il envisage même de lancer un appel pour obtenir de l'aide d'autres pays.
En temps normal, entre 20 et 30 personnes meurent chaque jour à Manaus, une ville étendue dont plusieurs centaines de milliers d'habitants vivent dans des habitations précaires sur pilotis au bord de l'Amazone. Mais le nombre de décès a explosé à cause de la pandémie, à raison de plus de 100 par jour, selon la mairie. Le taux de mortalité est le plus haut des 27 capitales d'Etats du Brésil. La région amazonienne, au nord du Brésil, est extrêmement vaste (près de trois fois la taille de la France métropolitaine) et rurale. Les transports se faisant souvent par les fleuves, cela complique l'organisation des soins. Quand un patient venant d'une autre localité parvient, après plusieurs heures de bateau, à rejoindre Manaus en vie, «il se trouve souvent dans un état déplorable, sans aucune garantie de pouvoir être soigné. C'est une situation dramatique», alarme le maire.
Manaus a entamé la construction d’un hôpital de campagne et lancé un appel de détresse aux médecins de tout le Brésil. Un autre hôpital destiné aux populations indigènes doit être construit prochainement avec des fonds fédéraux.
Selon les chiffres officiels, le Brésil a dépassé le 23 avril les 3 300 morts et les 50 000 cas de contamination. Mais beaucoup ne croient pas à la réalité de ces chiffres. Débordées, les autorités ne testent ni les malades ni les morts, et certains décès dus au Covid-19 seraient enregistrés avec 20 jours de retard. Selon des estimations divulguées par la presse brésilienne, le nombre de morts pourrait avoir déjà dépassé le nombre de 15 000 alors que le pic n’est prévu que pour mai ou juin.