Grèce : l'Eglise orthodoxe «en deuil» après la conversion de Sainte-Sophie en mosquée
- Avec AFP
La conversion de l'ancienne basilique Sainte-Sophie d'Istanbul en mosquée a provoqué de nombreuses indignations. En guise de protestation mais surtout de deuil, les églises orthodoxes en Grèce ont mis leur drapeau en berne.
Les églises orthodoxes à travers la Grèce étaient «en deuil» le 24 juillet au moment où des milliers de musulmans participaient à la première prière dans l'ex-basilique Sainte-Sophie, haut-lieu de l'orthodoxie reconverti en mosquée après avoir été un musée pendant plusieurs décennies. A travers toute la Grèce, les cloches des églises devaient sonner en début d'après-midi, leurs drapeaux en berne, pour protester contre ce que l'archevêque Iéronymos, chef de l'Eglise de Grèce, a qualifié d'«acte impie souillant» l'ancienne basilique de l'empire byzantin.
Aujourd'hui «est un jour de deuil pour toute la chrétienté», a déclaré le patriarche, qui dira une messe spéciale dans la soirée à la cathédrale d'Athènes et chantera l'hymne, «acathiste», en l'honneur de la Vierge Marie. Celle-ci fut chantée la première fois pour célébrer la protection que la Vierge offrit à la ville de Constantinople, lors de son siège en 626. La bataille fut remportée par les forces byzantines contre les armées sassanides, pendant que le patriarche Serge implorait la protection de la Vierge et que le peuple défilait en procession.
Selon la tradition grecque, le même office a été célébré à Sainte-Sophie à la veille de la chute de l'empire byzantin aux Ottomans en 1453. Sainte-Sophie est «un symbole de notre foi et un monument universel de la culture», a ajouté l'archevêque Iéronymos.
Ce n'est pas une manifestation de puissance mais de faiblesse
«Pour nous, Grecs orthodoxes, Sainte-Sophie est aujourd'hui plus que jamais dans nos esprits. Là-bas bat notre cœur», a aussi déclaré le 24 juillet devant la presse le Premier ministre Kyriakos Mitsotakis. «Ce qui se passe à Constantinople aujourd'hui n'est pas une manifestation de puissance mais au contraire un signe de faiblesse», a-t-il ajouté, accusant la Turquie d'«insulter le patrimoine du XXIe siècle». Après avoir reçu le patriarche d'Alexandrie Theodore II, le Premier ministre a appelé à «transformer notre tristesse en force, sang-froid et en unité. Parce que Sainte-Sophie existe justement pour nous unir tous, nous invitant à regarder plus haut».
Des organisations religieuses et nationalistes ont appelé à manifester à partir de 16h00 GMT à Athènes et Thessalonique. Convertie en mosquée après la prise de Constantinople, Sainte-Sophie a été transformée en musée en 1934 par le premier président de la République turque, Mustafa Kemal Atatürk, soucieux de «l'offrir à l'humanité». La maison natale d'Atatürk à Thessalonique, la deuxième ville de Grèce, a été fermée le 24 juillet par le consulat turc, officiellement pour entretien jusqu'au 27 juillet.
Le 10 juillet, Receip Tayyip Erdogan a décidé de rendre l'édifice au culte musulman après une décision de justice révoquant son statut de musée. Œuvre architecturale majeure construite au VIe siècle par les Byzantins qui y couronnaient leurs empereurs, Sainte-Sophie est classée au patrimoine mondial par l'Unesco. Pour la Grèce, l'ex-basilique est identifiée à Constantinople, comme les Grecs continuent toujours d'appeler Istanbul.