Quatre faits que vous devez connaître sur la volonté indépendantiste catalane
La Catalogne a pris part aux élections régionales que les partisans de l’indépendance qualifient de «référendum sur l’indépendance». RT revient sur les raisons pour lesquelles cette question est si importante pour les Catalans et les Espagnols.
La Catalogne, est-elle vraiment espagnole ?
L’aspiration des Catalans à l’indépendance peut être expliquée dans son contexte historique. Les Catalans, ressortissants de l’Occitane, possèdent leur propre langue, le catalan, qui non seulement ne ressemble que peu à l’espagnol, mais qui est aussi la deuxième langue officielle de la Catalogne.
En 1932, le gouvernement républicain a reconnu l’autonomie catalane. Pendant la guerre civile, Barcelone était un allié dévoué de l’Espagne, laquelle se servait de la ville comme base industrielle espagnole.
C’est le général, Francisco Franco, qui a aboli le statut d’autonomie de la Catalogne et qui a interdit l’utilisation publique du catalan. Environ un demi-million de Catalans ont alors fui la dictature fasciste vers la France. En 1979, la Catalogne a reçu de nouveau le statut d’autonomie.
Aujourd’hui, la Catalogne est l’une des régions les plus prospères d’Espagne, et produit un cinquième du PIB du pays. L’économie de la région est supérieure à celle du Portugal ou de l’Irlande. Mais chaque année, les autorités catalanes doivent verser à Madrid 16 milliards d’euros en plus des dépenses annuelles de la région, ce qui en partie explique l’indignation de la population locale, qui refuse de payer des impôts pour soutenir les régions plus pauvres d’Espagne.
Des milliers d’indépendantistes se rassemblent à #Barcelone avant les #élections catalanes http://t.co/mPkeQ0ALTUpic.twitter.com/EFUCeOqmT0
— RT France (@RTenfrancais) 26 Septembre 2015
La réaction en Espagne
Madrid est fermement opposée à la sécession de la Catalogne. Le gouvernement insiste sur le fait que le référendum sur l’indépendance de la Catalogne viole la Constitution espagnole et est illégal. Le 25 février 2015, le Tribunal constitutionnel espagnol a déclaré que les référendums d’autodétermination ne pouvaient être organisés au niveau régional. En juillet dernier, le Premier ministre espagnol Mariani Rajoy, a déclaré qu’il «n'y aurait pas d'indépendance de la Catalogne». En retour, le président catalan Artur Mas a signé un décret permettant de convoquer des élections régionales anticipées le 27 septembre, vues par plusieurs comme un référendum sur l’indépendance.
Les banques espagnoles s’opposent également à la sécession de la Catalogne. La Banque d’Espagne a déclaré que Barcelone ferait face à des restrictions financières, telles que le gel de ses dépôts bancaires, et que la région en tant qu’Etat indépendant ne ferait pas partie de la zone euro. Deux banques catalanes principales ont signalé qu’elles déménageront en cas de sécession.
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— RT France (@RTenfrancais) 22 Septembre 2015
La réaction à l’étranger
Les dirigeants occidentaux se sont eux aussi exprimés sur l’indépendance éventuelle de la Catalogne. «En matière de politique extérieure, nous sommes profondément engagés à maintenir une relation avec une Espagne forte et unifiée», a déclaré le président américain Barack Obama le 16 septembre. La chancelière allemande Angela Merkel et le Premier ministre britannique David Cameron se prononcent également contre le référendum sur l’indépendance et disent que la Catalogne sera séparée automatiquement de l’UE en cas de sécession.
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Et si la Catalogne se sépare ?
Le président catalan Artur Mas a promis que l’indépendance serait déclarée d’ici une période s’étendant de «18 mois à deux ans», si le mouvement «Junts pel Sí» remporte les élections. Son parti a déjà rédigé un programme de 125 pages pour se séparer de l’Espagne. D’après les dires d’Artur Mas, il négociera avec les institutions européennes pour parvenir à des accords sur les frontières, le réseau électrique et le bassin de l’Ebre. En cas de refus, le président catalan renoncera à payer la dette publique qui représente un tiers de toute la dette espagnole.
Le nouveau gouvernement créera aussi des structures publiques telles qu’un service diplomatique, une banque centrale, une administration fiscale et même des forces armées. Le nouvel Etat deviendra une république et aura sa propre constitution. «Nous avons quelques structures publiques pour l’instant» dans les domaines de l’éducation, de la sécurité et de la santé publique, a déclaré Artur Mas lors de la campagne électorale.
Quant à la monnaie, l’UE menace d’exclure la Catalogne de la zone euro. Dans ce cas, la Catalogne devra introduire sa propre monnaie.
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