Côte d'Ivoire : un centre de dépistage du Covid-19 détruit par des manifestants à Abidjan
Des habitants d'un quartier populaire d'Abidjan ont détruit un centre de dépistage du coronavirus en construction, persuadés qu'il accroîtrait leur risque de contamination. Le préfet d'Abidjan s'est rendu sur place pour dissiper les craintes.
En pleine construction, un chantier de centre de lutte contre le coronavirus a été détruit par des manifestants le 5 avril dans le quartier de Yopougon à Abidjan. De nouveaux affrontements ont éclaté le lendemain, entre opposants à la construction de cet établissement et forces de l'ordre. Les policiers anti-émeutes ont dû intervenir et faire usage de grenades lacrymogènes pour disperser les émeutiers.
Les habitants du quartier disent craindre que la proximité du centre avec les habitations, les expose à des risques de contagion encore plus élevés. « Ici, c'est la population. On ne veut pas de coronavirus ici. [...] On n'en veut pas aujourd'hui, on n'en veut pas demain, on n'en veut pas après-demain. C'est ça, on n'en veut pas», crie une manifestante, dans des images filmées par l'AFP.
Une situation qui a poussé le préfet d’Abidjan Vincent Toh Bi Irié à se rendre sur place le 6 avril pour tenter de rassurer la population : «Ne vous inquiétez pas. Toutes les communes d'Abidjan auront ces centres sur place, pour faciliter et donner des informations. Ce n'est pas seulement pour faire des tests, c'est pour informer», a-t-il argumenté. Le préfet a également expliqué qu'il n'y aurait pas de transferts de malades à Yopougon, comme des rumeurs le laissaient entendre.
Un responsable du ministère de la Santé sous couvert d'anonymat, a en outre indiqué à l'AFP que ce n'était pas un centre de traitement des malades mais «un centre de prélèvement» qui était en construction à Yopougon, «comme il y en a un peu partout qui sont mis en place».
Ces incidents surviennent alors que la Côte d’Ivoire est encore relativement peu touchée par la pandémie, selon le bilan officiel qui faisait état le 5 avril de 261 cas et trois décès. Cependant, les autorités ivoiriennes craignent une propagation de l'épidémie et augmentent les capacités de soins et de dépistage. Le 1er avril, le gouvernement a par ailleurs annoncé un plan de soutien de plus de deux milliards d’euros pour faire face aux conséquences économiques et sociales de la crise sanitaire.