La réquisition de masques par la France provoque des tensions diplomatiques avec la Suède
La France avait réquisitionné début mars une cargaison de 4 millions de masques de protection commercialisée par une société suédoise et destinée principalement à l'Italie et l'Espagne. Elle a levé cette mesure en réaction à la pression suédoise.
En ces temps de pandémie, la guerre des masques fait rage, même entre pays de l'Union européenne. Sous la pression de Stockholm, la France a levé les restrictions à l'exportation de produits de ce type, commercialisés par une société suédoise et qu'elle avait saisis à Lyon. Cette cargaison était destinée principalement à l'Italie et l'Espagne.
«Suite aux efforts du gouvernement [suédois], la France a décidé de lever les restrictions à l’export des masques de protection de Mölnlycke. Cela signifie que des équipements essentiels à la lutte contre le coronavirus peuvent être distribués au reste de l’Europe», a indiqué le 4 avril la ministre suédoise des Affaires étrangères, Ann Linde, sur Twitter.
D'après une information de L'Express publiée le 1er avril, la France avait saisi le 5 mars dernier sur son territoire, près de Lyon, pas moins de 4 millions de masques de fabrication chinoise appartenant à la société suédoise Mölnlycke. Sur ce stock, un quart des masques seulement était destiné à la France, le reste devant être exporté vers d’autres pays européens, dont l’Espagne et l’Italie, les deux pays les plus lourdement touchés par l'épidémie.
Indignation suédoise
Interrogée le 3 avril par l'agence de presse suédoise TT, la ministre suédoise du Commerce extérieur, Anna Hallberg, estimait qu'il «[était] temps de prendre contact avec la France», tout en n'écartant pas la possibilité de porter plus haut, au niveau de l'UE, cette infraction aux règles du marché intérieur européen.
La réquisition française dérogeait en effet non seulement aux principes de coopération de base de l'Union européenne, mais aussi au partenariat stratégique signé entre Paris et Stockholm, en 2017. Le même jour, le ministère suédois des Affaires étrangères déclarait à l'AFP que «la Suède a[vait] alerté la Commission européenne de la situation», jugeant que «toutes les restrictions à l'exportation au sein de l'UE devraient être levées». L'affaire était en effet montée au niveau supérieur dans les minutes suivantes. Le Monde rapporte qu'en visioconférence depuis Bruxelles, la commissaire européenne suédoise, Ylva Johansson, avait estimé que les restrictions imposées par la France sur les exportations de matériel médical étaient «inacceptables».
Des négociations s'étaient engagées au niveau ministériel, et le Secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale (SGDSN) français avait accepté de laisser partir la moitié des masques, rapporte Le Monde. La situation était bloquée depuis.
Sur une radio suédoise, Richard Twomey, PDG de la société Mölnlycke, jugeait le 3 avril que la situation était «extrêmement dérangeante». «Nous ne pouvons rien exporter de ce que nous entreposons en France [où se trouve la principale plateforme logistique de l'entreprise en Europe]», déclarait-il à Sveriges Radio. La multinationale qu'il dirige a donc choisi de contourner l'Hexagone, jugé peu fiable sur le plan de la sécurité juridique. Désormais, rapporte L'Express, sa marchandise fabriquée et importée depuis la Chine n'est plus débarquée à Marseille et entreposée à Lyon, mais livrée à Rotterdam et stockée dans des entrepôts à Landskrona (Suède) et en Belgique.