Covid-19 : accusé d'«instrumentaliser» son aide, Pékin recadre un membre du gouvernement français
Accusée par la secrétaire d'Etat Amélie de Montchalin d'instrumentaliser son aide internationale, la Chine riposte en reprochant à la responsable française son cynisme et son incurie dans la lutte contre le virus.
Le ton monte entre la Chine et la secrétaire d'Etat aux Affaires européennes Amélie de Montchalin. Ce dimanche 29 mars, la membre du gouvernement avait en effet accusé Pékin de faire «de la propagande, des belles images et parfois d'instrumentaliser» son aide internationale lors de l'émission Questions politiques de France Inter, du quotidien Le Monde et de France Télévisions.
Que souhaitent-ils ? Que la Chine reste les bras croisés face à cette grave épidémie ?
La Chine, qui affirme avoir réussi à juguler l'épidémie sur son territoire, exporte désormais massivement du matériel médical aux pays en difficultés, dont la France. Néanmoins, la République populaire est accusée par certains critiques de vouloir mettre à profit l'aide qu'elle apporte, notamment à des pays européens, afin de vanter son modèle politique. Face à de telles accusations, la porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Hua Chunying, a déclaré lors d'une conférence de presse : «J'ai entendu plusieurs fois des Occidentaux mentionner le mot de propagande par rapport à la Chine. J'aimerais leur demander : à quoi font-ils exactement référence ?».
Mentionnant les employés dans les usines chinoises qui travaillent d'arrache-pied pour fournir aux pays en difficulté des fournitures de protection face au Covid-19, Hua Chunying estime que «leurs efforts doivent être respectés, et non dénigrés».
J'ai envie de demander aux personnes qui tiennent des propos cyniques : que font-elles, elles, contre l'épidémie ?
Hua Chunying va même plus loin, en dénonçant le manque d'implication de la secrétaire d'Etat dans la coopération internationale. «J'ai envie de demander aux personnes qui tiennent des propos cyniques: que font-elles, elles, contre l'épidémie ?», s'interroge-t-elle, ajoutant : «Nous espérons que la personne concernée, par ses paroles et ses actes, fera davantage pour la coopération internationale».
Une hostilité envers la Chine de plus en plus affichée
Les relations diplomatiques se tendent entre l'empire du Milieu et différents représentants européens. Le 24 mars dernier, c'était le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, qui s'était agacé de la «bataille mondiale des narratifs» et «des luttes d'influence» en cours via la «distorsion» des faits et la «politique de générosité». Il rappelait que s'il y a aujourd'hui «des tentatives pour discréditer» l'Europe, en janvier, la crise n'était que chinoise, localisée dans le Hubei, «aggravée par la dissimulation d'informations cruciales par les responsables du parti chinois».